Exil en montagne

Cerises : Pourquoi as-tu choisi de ” t’exiler ” des Hauts-de-Seine pour vivre aux pieds du Mont Blanc et, après 15 années, quel bilan tires-tu de ce déracinement volontaire… ?

Gérard : L’appel de la montagne. !? Il y a de ça. !! Le choix vient d’abord d’être retraité, veuf avec une famille à présent installée ici et là. Donc plus d’impératif… Mon choix de vivre en montagne est celui de vivre ” des jours heureux “. C’est à dire de ma classe de neige à Cervières (sans remonte pente !) à, avant-hier ; conduire une cordée pour la traversée glacière (de l’aiguille du Midi à la Pointe Helbronner) vivre dans la grande nature là où je me sens ” reconnu ” où je me sens comme ” chez moi “, souvent ” devant, ouvrant le chemin “, sollicité pour accompagner ou pour gravir tel sommet ou telle montagne, ici dans le Mont blanc, les Aravis ou les Fiz comme hier dans les Écrins… Pour moi, 60 ans après sa découverte, la montagne est toujours magique, les éléments de la nature s’expriment en grand, les 4 saisons dévoilent des atours très attractifs. Lieux de lumière, de contrastes, de contemplation, de dépassements de fraternité en cordées ou simplement en chemins. Rencontrer un bouquetin qui prend la pose, déboucher sur un vaste champ de rodhos, devoir sauter pour passer un torrent, une crevasse, en baver pour escalader l’obstacle rocheux… Ou rester ” baba ” devant le lever ou le coucher de soleil …

Que d’émotions, d’émerveillements, d’anecdotes de figures rappelant ces Moments, y compris ceux et celles disparu(e)s. En fait, mon véritable 1er livre d’adolescent ” 1er de Cordée ” (R.F. Roche), a marqué profondément le jeune Audonien résident à la porte des Puces, particulièrement avec cette classe de neige. Éblouissement !! Et pour la première fois, le chétif garçon né peu après la libération des camps est premier de la classe… En ski !! ça marque une vie !!

Gérard Loeuilliette