La coopérative de débats.

L’espace où vous avez la parole.

Le social fout le camp

Comme de coutume, j’ai pris le temps de lire et d’apprécier le bulletin départemental du Groupe Naturellement l’Essonne.
La lecture ne m’a hélas guère surpris, juste un tantinet agacé car décidément, je m’interroge sur la manière de réfléchir de nos décideurs.
Le sujet de la prévention Spécialisée me touche en effet de près. Cette branche de l’éducation dite “spécialisée” est devenue au fil des ans, le parent pauvre d’un secteur déjà abîmé, au point où je me demande même si on ne voudrait pas le transformer en parent décédé.
Pourtant, ces services devraient être primordiaux dans le maillage éducatif. En effet, les professionnels de ces services oeuvrent au plus près des populations, sont véritablement immergés dans des quartiers dont ils finissent par avoir une connaissance pointue tant au niveau de sa composition que de sa sociologie.
Alors, quand on alloue de moins en moins de moyens à la prévention spécialisée, on se prive d’un véritable outil de compréhension et d’action.
Quand on veut se débarrasser de son chien, on dit qu’il a la rage. J’ai la désagréable impression que c’est ce qu’il se passe ici. En effet, moins de moyens, c’est moins de recrutement et la fermeture de services entiers, c’est la poperisation des professionnels qui occasionne, entre autre, des départs, c’est l’amputation pure et simple d’un rouage essentiel du secteur qu’on condamne en étendant son territoire d’action par exemple.
Il faut dire que le boulot n’est pas très “bling-bling”. Les élu.e.s qui décident de ce qui est bon pour nous préfèrent sans doute regarder ailleurs et mettre l’argent là où “ça se voit”. Depuis des années, l’erreur est persistante. Les décideurs politiques,trop souvent hors sujet ou pire faisant croire en une pseudo expertise, font fonctionner la calculette au lieu du cerveau.
Après une carrière, qui s’achèvera hélas deux ans plus tard que prévu ( à moins que les mobilisations paient) dans l’éducation spécialisée, en foyers, lieu d’accueil de jour, et surtout en AEMO, dans les Yvelines, le Val de Marne ou en Essonne, je n’ai cessé de constater l’état de délabrement général de notre secteur, parfois associatif, mais toujours inféodés aux financeurs. J’en arrive à penser que tout cela est voulu et que finalement il est plus “porteur” ( en terme électoraliste) de parler de répression, de prison et de coercition que de prévention.
Pourtant, je pourrais témoigner, à travers de nombreux exemples, de l’importance de la prévention spécialisée comme lien éducatif et facilitateur de contacts.
Même si les rôles sont bien différenciés entre nousy la complémentarité est évidente et quand cette complémentarité fonctionne c’est le jackpot pour tout le monde. Pour les professionnels qui voient leurs actions aboutir et pour les familles (les usagers comme on dit hélas trop souvent), qui reçoivent aide et conseil adaptés.
Bon, bien-sûr, il est inutile de trop idéaliser nos interventions. Juste, tenter de rester lucide. Et le constat est clair: crise de la vocation(alléluia), salaires misérables, conditions de travail trop souvent délabrées, trop de mesures par éducateur, manque de temps avec les familles, augmentation des écrits et des procédures de contrôle du travail et surtout disparition progressive de pans entiers de services.
Laisser disparaître à petit feu la prévention spécialisée, c’est accepter l’immobilisme et pire, ne considérer la sanction que comme unique réponse aux problèmes sociaùx, psychiques et autres que rencontrent nos concitoyens.
Les médiateurs dans les collèges sont sans doute une bonne idée mais on voit bien que la politique qui consiste à déshabiller Paul pour habiller Pierre (ou le contraire) ne peut en aucun cas répondre aux enjeux sociétaux importants qui ne seront que majorés par les politiques actuellement menées.la véritable solution reste un maillage professionnel adapté de tous les secteurs.
Décidément, il ne fait pas bon être un professionnel de la première ligne comme nos politiques aiment à nous appeler. En même temps,en tant de guerre,les soldats en première ligne sont toujours les premières victimes.
Dernier petit message à nos pseudo spécialistes départementaux (si, si, j’en connais…), La compétence sur un sujet ne se mesure pas au nombre de tweets, sourires affichés ou aux emojis ridicules (👍, 🙏…) Qui ponctuent des interventions trop souvent creuses, mais plutôt à la capacité de réflexion et d’échange avec un secteur qui ne demande qu’à vivre et retrouver son lustre d’antan, pour le bien commun.

Partager sur :         

1 réflexion sur “Le social fout le camp”

  1. Il en est de la prophylaxie sociale comme de la prophylaxie médicale: disparition programmée . Celle-ci est passée par la liquidation progressive de la PJJ. Celle-la est passée par la suppression de la visite médicale annuelle ( dont le contrôle radio de la tuberculose pulmonaire), puis de la visite médicale d’embauche après liquidation des contrôles santé en milieu scolaire à partir du CP. préludant à l’alourdissement des remboursements par la SS: ce n’est plus le Budget de l’Etat qui paie, ce sont les salariés, seuls.

Laisser un commentaire

Retour en haut