Sur l‘Adamant est un film chaleureux comme N.Philibert sait les faire, Le pays des sourds en 1993, La moindre des choses en 1996, et Être et Avoir en 2002 étaient de la même veine. Il a participé durant sept mois à la vie de la péniche Adamant (cœur du diamant), très beau lieu de vitres et de bois sur la Seine, au centre de Paris, qui abrite un centre de jour pour adultes souffrant de troubles psychiques, et pratique une psychiatrie ouverte et institutionnelle.
Dans ce lieu apaisant et rythmé par l’eau, des adultes handicapés abîmés par la vie passent plusieurs heures par jour à déambuler dans la bibliothèque, discuter ou participer à des ateliers de sculpture, couture, peinture, cuisine, musique… les œuvres de peinture sont extraordinaires, la musique magnifique, la cuisine objet de grande concentration – et apparemment de grande réussite.
Nicolas Philibert branche sa camera avec naturel sur Muriel, qui participe à l’animation du lieu et de réunions, Frédéric, avec son look de Jean Eustache et sa culture de radicalité très seventies, François, musicien, Justin qui montre son aimant contre les mauvaises ondes, Sandra qui explique qu’on lui a enlevé son fils à 5 ans, il y a 12 ans, pour le mettre dans une famille d’accueil et dit son plaisir à le rencontrer régulièrement depuis peu, Catherine qui « fait sa pin up » et d’autres….
Les différences entre soignants et soignés, entre normalité et folie, sont quasi invisibles : belle prouesse.
Ce qui m’a particulièrement frappée, c’est l’extrême lucidité et l’intelligence des discours des « acteurs » sur leur situation, leur maladie, leur traitement, et sur la vie en général…
Une très belle réussite humaine.
Bénédicte Goussault
Sur l’Adamant, de Nicolas Philibert, Documentaire 1h49, en salle actuellement
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