Face à l’implantation d’une usine « d’éoliennes en baie de Saint-Brieuc », une lutte contre une multinationale pour défendre un territoire et un « bien commun » privatisé : la mer
Ensemble 22 ! favorable aux énergies renouvelables a découvert le scandale de cette usine d’éoliennes avec l’enquête menée par Laurent Mauduit, cofondateur de Médiapart, (dossier accessible sur Médiapart). Il y démontre la privatisation de l’espace public, les grosses anomalies de l’attribution du marché à Iberdrola et les pratiques maffieuses de cette multinationale en Espagne et dans tous les pays où elle a sévi. De fait Iberdrola pourra vendre à EDF trois fois le prix du marché (contrat) de l’électricité produite de cette usine qui ne fonctionnera au mieux qu’un tiers de l’année. Ainsi se justifie la construction d’une centrale à gaz à Landivisiau.
Ce projet démarré sous Sarkozy, poursuivi sous Hollande, continue avec Macron sous protection d’un bateau de la Marine nationale et les menaces de la gendarmerie maritime en direction des pêcheurs (amendes et retraits de licences de pêche). A ce scandale financier, s’ajoute la découverte d’un projet écocide : zones protégées, autorisations officielles de destruction d’espèces protégées, coraux menacés, menaces sur la pêche …
À la découverte de ces travaux, en septembre 2021, Ensemble 22 ! a organisé deux conférences débats avec Laurent Mauduit, Catherine Poujols (association gardez les caps), et Samia (Sea Sheperds) qui ont posé toute la complexité du projet et informé les plus de 300 personnes présentes.
A l’issue de ces deux conférences, un collectif citoyen contre cette usine d’éoliennes en baie de Saint-Brieuc est créé, réunissant plus de 120 personnes d’origines très diverses (des marins-pêcheurs, des militants politiques et syndicaux, des personnes intéressées par l’environnement, d’autres, par ce projet, pour préparer des actions collectives.
Un débat compliqué : tout le monde s’accorde pour dénoncer les pratiques mafieuses, le danger pour le milieu marin et pour la pêche, mais il est difficile d’aborder la question plus générale de l’énergie (besoins, production). EELV soutient ce projet et taxe facilement les opposants de pro-nucléaires. Ce projet capitaliste « vert » est soutenu par le Conseil départemental, le Conseil régional aux directions PS et ses satellites-PCF-EELV. LR est contre.
Une mobilisation relative : La mobilisation est importante sur les réunions d’information, plus faible, mais régulière sur les actions collectives. Pendant ce temps, le projet avance, très lentement avec des plaintes déposées et non traitées (!), des ” arrosages financiers” d’ ” Ailes Marines” (filiale d’Iberdrola ) aux collectivités locales, départementales et régionales… et des « cadeaux » aux associations locales …
Relative la mobilisation, mais existante. Pourquoi ?
Pourra-t-on les arrêter maintenant ? La population a du mal à croire qu’elle peut faire plier Iberdrola. La mobilisation des pêcheurs artisans de la Baie (Coquille Saint-Jacques) pourrait se renforcer puisqu’ils viennent de découvrir qu’Ailes Marines veut acquérir une très grande surface du port de Saint-Quay-Portrieux pour implanter leurs pontons/quais de maintenance des éoliennes.
La lutte la plus importante consiste en un travail juridique extrêmement rigoureux et précis pour attaquer en justice toutes les décisions, travail difficile à vulgariser et à suivre.
Le lien entre le rendement du capital même s’il est pour une grande majorité d’entre nous antinomique avec tout ce qui fait le vivant, n’apparaît pas spontanément à tout le monde. Et il y a ce besoin d’énergie, et ce désir de mettre fin au nucléaire.
Peur du politique par certain·es, qui refusent toute politisation d’un débat qui pourtant l’est fondamentalement.
Pour le collectif citoyen, le lien entre capital (scandales financiers) et collusion entre politique et finances apparaît clairement. Ce système doit disparaître, les citoyen·nes doivent décider. Un autre récit se construit reflétant des aspirations à une autre société.
Odile Cholet, Corinne Le Fustec, Étienne Miossec
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