Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Un communisme à usage immédiat[1]

Incendies, guerres, pénuries, inflation… le monde capitaliste n’en finit plus de provoquer désastres écologiques et désastres anthropologiques. Dans le pessimisme ambiant, n’est-il pas illusoire de parler de l’hypothèse communiste ?

Plus qu’une utopie lointaine, et devant l’urgence de dépasser le système capitaliste, le communisme (re)devient une référence donnant du sens aux engagements de jeunes comme Adèle, Antoine, Clément, Lysandre, Martin, Margaux qui ont contribué au numéro de Cerises de juin dernier.

Mais concrètement, comment fait-on pour ne pas être toujours le nez dans le guidon[2] (des luttes) ? Comment fait-on du communisme à usage immédiat ?

Nous avons poursuivi le débat.

(la photo en tête de cet article a été prise lors des “soulèvements de la terre, rassemblement contre les méga-bassines”)


[1]    Nous empruntons ce titre à Pierre Zarka dont l’ouvrage Un communisme à usage immédiat est paru en 2000 aux Editions Plon

[2]    … nous vous conseillons la lecture du dossier de Cerises sur le Tour de France…

Bifurquer, oui mais comment ?

Dans un contexte particulièrement pesant, voir stressant, il est essentiel de mettre en lumière celles et ceux qui cherchent des solutions en s’inscrivant dans le mouvement réel de transformation de la société.

Se passe-t-il quelque chose d’important au niveau de la jeunesse qui affirme de différentes manières un anticapitalisme radical dans les luttes mais aussi dans le rapport à la politique institutionnelle ? Les urgences écologiques et sociales conduisent nombre de jeunes à repenser leur mode d’existence. Des jeunes diplômé·es déclarent tourner le dos à des pratiques anciennes et souhaitent s’engager résolument dans d’autres pratiques professionnelles et d’autres pratiques citoyennes. 

Il y a certes un débat sur le sens de l’abstention, il nous semble cependant qu’une partie de cette abstention très forte chez les moins de 30 ans, a un sens politique, qu’elle n’est pas seulement une désertion, mais une contestation de cette forme de démocratie que nous connaissons.

Dans ces tentatives de construction d’un post-capitalisme, le rapport au communisme est loin d’être absent.

Dans le numéro de juin,  nous avons observé qu’aucun·e des contributeurs et contributrices  n’entretenait de rapports négatifs au communisme, ou ne liait le rapport au communisme à une question partidaire, mais développait plutôt un communisme à usage immédiat : la mise en pratique au quotidien (Adèle), la philosophie de vie (Antoine), la confrontation au réel (Clément), une visée d’actualité (Lysandre), nous avons proposé d’approfondir comment cette référence au communisme permet de puiser de la force dans notre militantisme (Martin), comment elle permet de trouver des solutions ensemble (Margaux).

A l’occasion d’une visioconférence début juillet, Armell et Jak du Réseau rennais de ravitaillement des luttes, Clément et Antoine ont bien voulu se prêter à l’exercice et échanger avec des membres du comité de rédaction  Bénédicte Goussault, Patrick Le Tréhondat, Pierre Zarka.

Alain Lacombe, Sylvie Larue, Alexandra Pichardie se sont chargés de retracer l’essentiel du riche échange qui s’est déroulé.

L’équipe de rédaction


Un engagement tourné vers le concret

            Plusieurs motivations différentes, dans les témoignages des jeunes militants, qui sont intervenus avec une réserve sur la notion d’exemplarité. Armell nous l’explique : « On n’a pas pris le temps d’un échange collectif pour préparer notre contribution à Cerises. On parle depuis nos positions individuelles plus que d’une position collective, même si on va parler de ce que l’on fait collectivement. Je suis un peu gêné quand on parle de la jeunesse, c’est une catégorie assez large dans laquelle j’ai du mal à me placer. J’ai du mal à me placer dans cet endroit-là depuis que je ne suis plus vraiment étudiant. Si on représentait fidèlement le rapport à la politique de notre génération, ce serait vraiment super, on serait content, mais je ne crois pas que ce soit le cas. »

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Une oasis dans un océan de capitalisme…

Un pansement dans le monde capitaliste.

Antoine et Armell ont un regard lucide sur leurs pratiques militantes.

Antoine

(…) on est un peu dans un système, là [ les distributions alimentaires gratuites ] c’est dans de l’alternative, un peu un pansement au système capitaliste, et pour moi  le but premier, ce qui est sous-jacent à tout ce qu’on fait, c’est qu’on ne devrait plus exister. Toutes ces associations, comme cela, moi quand je fais de la distribution alimentaire, ou de la réduction des risques, on a bien conscience, on a bien expliqué par exemple, en tout cas j’explique bien aux autres adhérents de l’association que le but c’est de ne plus devoir au final exister

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Luttes et communisme

Les jeunes militants, bien en phase avec les luttes contemporaines très concrètes évoquent en même temps «  un nouvel imaginaire et un renouveau communiste. »

Armell et ses compagnons zadistes de Notre Dame des Landes  «  se sont formé·es un  imaginaire  avec cette idée, à la fois que le communisme est une projection de la société qu’on désire, mais c’est aussi une manière de s’organiser dès à présent dans nos pratiques quotidiennes, dans nos manières de nous organiser à  la fois dans les luttes mais aussi dans nos modes d’organisation dans le monde capitaliste, je pourrais développer sur comment la ZAD a transformé notre imaginaire. On s’est retrouvé avec un territoire où pendant plusieurs années l’État n’entre pas, ou sa présence est beaucoup moins forte, il n’y a plus de service public. Même si quand on est blessé on va toujours à l’hôpital pour la sécu, une bonne partie des gens ont un RSA, mais, pour autant, il y a un certain nombre de choses où on cherche à répondre à nos besoins dès à présent ; sur la production de nourriture, sur la résolution des conflits, sur la décision politique. »…

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