Œuvre posthume de Jacques Grinblat éditée grâce à Gilbert Dalgalian qui travaille avec un attachement raisonné et passionné à l’autogestion.
Les travaux de Grinblat enrichissent la pensée marxiste de deux points de vue.
Après le XXème siècle insister sur le cousinage rarement perçu entre l’État totalitaire et ce que l’on appelle la démocratie représentative est un axe majeur de ce livre. Loin de faire des assimilations caricaturales, ce que souligne l’auteur c’est combien dans sa genèse l’État situe sa « force au-dessus de la société… une force qui n’émane pas du peuple et le domine ». Ce qui rend possible une continuité entre l’État et des dérives autoritaires. « Chaque agent de l’État détient une parcelle, même infime du pouvoir et… va jusqu’au bout de ce pouvoir ». On pourrait citer le thermidorien Cabanis : « le peuple est sacré, tout se fait en son nom et sans lui ».
Tout faire au nom d’un « intérêt général » imprécis facilite délégation de pouvoir et tendances régressives.
C’est un enrichissement de Marx : Grinblat y joint le rôle des affects, du sensible, de l’inconscient et appelle à ne pas traiter une démarche scientifique comme une croyance. Aujourd’hui la lutte des classes : « ce n’est pas seulement la diminution de la charge de travail… l’abondance matérielle qui motivent le progrès, mais avant tout le besoin d’autonomie, la liberté de s’autogouverner ».
En se lançant dans ce travail, Gilbert nous dit combien dans l’Histoire tout n’a pas été essayé : « où nous sommes-nous trompés ? » commence ce livre.
Pierre Zarka
L’état sans la révolution et sans le peuple, Jacques Grinblat, Éditions L’harmattan, Février 2022, 142 pages, 15,5 euros
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