René Char disait « l’essentiel est sans cesse menacé par l’insignifiant ». Depuis le début du 2ème confinement dans les médias deux mots reviennent souvent : utile et essentiel. Mais qu’est-ce qui est utile et essentiel ? Qui décide de ce qui est utile et essentiel ? Si nous étions dans une société autogestionnaire dégagée du carcan néolibéral, l’essentiel résulterait de l’échange des points de vue. Mais le gouvernement a décidé pour nous à partir de critères très contestables car les choix qui s’imposent pour mener une politique de santé publique n’ont pas été pris, et la dominante néolibérale nous mène une guerre sans merci. En mars avril des dizaines de textes et d’appels ont fleuri çà et là pour appeler à penser le monde d’après, mais sans suite réelle. Le déjà-là du monde d’après est à nos portes. Alors construisons ici et maintenant la société que nous voulons : produire du commun, permettre à nos imaginaires de donner du sens à notre vie, à notre travail, à nos amours, à nos relations sociales.
La pandémie nous oblige à nous interroger sur ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas. Nous pourrions affirmer que ce qui est essentiel c’est la bonne santé physique et mentale, l’éducation, la culture, les relations sociales, le travail, la mobilité. Le confinement a eu le mérite de déconfiner les imaginaires et de s’interroger sur nos vrais besoins. Comment produire du commun dans un univers voué à la surconsommation (black Friday) pour satisfaire les actionnaires des grandes multinationales ? Comment produire du commun quand on demande aux libraires de fermer boutique et inciter les gens à commander sur Amazon malgré une mobilisation de leur part ? On peut affirmer sans ambages que la culture est essentielle alors que l’actionnaire n’a aucune utilité sociale. C’est un prédateur sans vergogne. La culture dans son acception la plus large est essentielle pour relier les Hommes entre eux. C’est à la base de toute société humaine depuis la grotte Chauvet jusqu’à nos jours.
Constat aussi que dans l’activité de travail certaines sont utiles et d’autres pas du tout.
Des millions de gens veulent un autre monde mais le pensent impossible. Alors nous devons agir et construire ensemble le jour d’après.
Comme disait Gramsci « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. »
Daniel ROME
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