Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Le capitalisme et la révolution numérique

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Josiane Zarka

Pour perdurer, le capitalisme en crise, ne doit pas seulement contrôler les marchés, mais prévoir et modifier le comportement humain en vue d’étendre sa domination sur le monde. Un rapport de la National Science Foundation de 2002 décrit la manière dont la convergence des nanotechnologies, des biotechnologies, des sciences de l’information et de la cognition permet à « la technologie d’être une vraie alternative à la politique ».

De ce projet, il convient de retenir 3 idées clefs :

  1.  Il convient d’opérer le « grand remplacement » des hommes par la machine partout où c’est possible. Contrairement à la machine, l’humain est imprévisible, désobéit, génère des coûts, possède un esprit critique, autant d’obstacles à une exploitation accrue. L’enjeu est que l’humain se « machinise » et que ses attributs spécifiques soient « dévalorisés ».
  • Dans notre monde chaotique, le progrès technique permet de réduire l’incertitude et l’erreur. Selon les tenants du capitalisme, la machine (IA), serait plus fiable et plus « intelligente » que les humains, serait donc capable de dire la vérité. A partir de là, elle acquière un pouvoir d’injonction sur les hommes. Insensiblement, se met en place une « gouvernance algorithmique » (E Sadin). Les machines « décident » de l’attribution des allocations à la CAF ou peuvent licencier un employé chez Amazon. Le logiciel « cognitif » Watson établit des diagnostics de santé et des prescriptions. L’enjeu c’est que nous nous dessaisissions de nous-même, de nos facultés de comprendre, de juger et d’exercer notre responsabilité.
  • Enfin le techno-pouvoir joue la liberté individuelle contre la collectivité.  Derrière l’objectif de se débarrasser des « rigidités » et au nom de la désétatisation, c’est la notion de règles collectives applicables à tous et le principe d’égalité qui sont mis en cause. Le couplage des cryptomonnaies et du blockchain, outils numériques décentralisés en réseaux, permet d’effectuer des transactions financières sans passer par une banque centrale, dans des relations de gré à gré entre individu ou avec des plateformes numériques. Du rêve libertaire d’un internet décentralisé permettant des échanges gratuits, on passerait au cauchemar libertarien d’une « société du contrat » où la démocratie devient du chacun pour soi.

Ce projet Orwellien n’a pas encore partie gagnée. Mais son échec dépend de la capacité des peuples à prendre la mesure des enjeux.

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