Prise de la smalah d’Abd-el-Kader, 16 mai 1843 par Horace Vernet.
On ne peut évidemment accuser le post colonialisme d’avoir provoqué le cyclone qui a ravagé Mayotte. On ne peut néanmoins qu’examiner avec attention comment la puissance métropolitaine peut, au mieux et au plus vite, créer les meilleures conditions d’un retour (?) à la normale, disons à une vie décente, dans l’île.
Aux Antilles, une nouvelle fois la vie chère et les difficultés quotidiennes provoquent émeutes et un mouvement social qui n’en finit pas de ressurgir.
En Kanaky, effrayé par des mesures qui font avancer vers une réelle autonomie, le parti macroniste local quitte l’exécutif et provoque une crise politique. Pour faire la démonstration que les indépendantistes sont incapables de gouverner durablement ?
La question post coloniale reste un angle mort de la gauche française. Culturellement d’abord, avec en fond d’idée “heureusement que la « métro » est là, ça évite le pire”. Ou que les forces locales (endogènes) ne peuvent porter une durabilité économique et sociale de leur territoire. On peut défendre le point de vue inverse. Les colonies françaises, toutes, ont financé le développement économique de la France et les surprofits ont permis de payer une partie du modèle social. La décolonisation s’est accompagnée de tentatives diverses de maintenir des liens de subordination entre ces territoires et la métropole, favorisant au passage la mondialisation du capitalisme français. Plutôt que de se demander, derrière nos gaulois bureaux, s’ « ils » peuvent se développer, ne pourrait-on partir de leurs ressources et savoir-faire pour inventer des partenariats équitables, articulés à des solidarités régionales justes et efficaces pour les populations ? Ne peut-on considérer que la réparation du colonialisme peut tout à fait s’imaginer ?
Certes une telle ambition, un peu d’imagination au pouvoir ! supposerait qu’on revisite l’altermondialisme et l’internationalisme, et qu’on « s’occupe » du bonheur des peuples plutôt que de la préservation des intérêts capitalistes et des avantages des expatrié·e·s occidentaux.
Rêveries ?????
La gauche française a -globalement- depuis longtemps bégayé son anticolonialisme, la scission du PSA/PSU contre la majorité de la SFIO, la scission du mouvement communiste international dans les années 60 n’a visiblement servi d’aucune leçon.
A Mayotte, aux Antilles, en Kanaky, l’heure n’est pas à de « nouveaux » compromis boiteux, mais à partir des aspirations des populations locales pour qu’elles prennent les moyens de répondre à LEURS besoins, sociaux, économiques , culturels … Il faudra pour y arriver dépasser des contradictions lourdes au sein de ces populations, notamment entre endogènes, « migrant·e·s illégaux » et expatrié·e·s de toutes métropoles. Ce sera difficile ? Oui mais humainement, profondément juste.
Patrick Vassallo
A lire également
Inconnu au bataillon
Obsolescence du capitalisme, immédiateté de la visée, rapport de force
Que nous disent les luttes…?