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Gaza et le Liban soumis à l’hubris des dirigeants israéliens

Le document ci-dessus est extrait du quotidien Le Monde

L’épouvantable massacre du 7 octobre – des Juifs pour l’immense majorité – perpétré sous l’impulsion du Hamas, a ouvert la porte à une abominable revanche israélienne écrasant Gaza sous les bombes (plus de 50% du bâti détruit et même 75% pour la ville de Gaza) – soit autant de tonnes de bombes que du fait des 363 raids alliés sur la ville de Berlin durant la 2nde Guerre mondiale. Ne faisant pas de distinction entre civils et militaires, cette stratégie dite de la « Dahiya » a été expérimentée en 2006 à Beyrouth, dans le quartier de Dahieh Janoubyé (Beyrouth sud). Énoncée par le général israélien Eisenkot cette doctrine de la revendiquée « riposte disproportionnée » qui considère qu’il n’y a pas à faire de différence entre civils et militaires, transgresse les limites du droit international. « Ce qui est arrivé au quartier Dahiya de Beyrouth en 2006 arrivera à tous les villages qui servent de base à des tirs contre Israël. […]. S’en prendre à la population est le seul moyen de retenir Nasrallah ».  La suite montrera qu’il n’en a rien été ! Dans le cas de Gaza cela prend de plus en plus, surtout que les entraves à l’aide humanitaire sont de plus en plus claires (médicaments et vivres), et de plus en plus lourdes de conséquences, l’allure d’une évidente guerre génocidaire (plus de 40 000 Palestiniens tués, dont de nombreux·ses femmes et enfants et plus de 100 000 blessés. La mort de Yahia Sinouar (16 octobre) est-elle susceptible d’amener Netanyahou à la raison ? On en doute !

Et voilà que Le Liban subit un déluge de bombes qui, dans une certaine mesure, s’apparente à celui dont ont été gratifiés les Gazaouis. Les attaques du Hezbollah en solidarité avec Gaza contre les villages de la Haute Galilée, responsables d’une évacuation de 70 000 Israéliens, sont à l’origine, depuis le 30 septembre, d’une offensive aéroterrestre israélienne de grande envergure dont le résultat immédiat est de provoquer un exode (plus de 1 million de déplacés dans un pays de 5 millions d’habitants) dont les objectifs paraissent désormais dépasser l’assassinat des dirigeants (Nasrallah le 27 septembre), la mise hors service de son système de communication (bippers et smartphones) et la destruction des infrastructures du Hezbollah (dépôts d’armes, tunnels et autres infrastructures). Quant à la déclaration de Netanyahou appelant les Libanais, à « libérer (leur) pays du Hezbollah pour que cette guerre puisse se terminer »,un appel ouvert à la Guerre civile, elle fait froid dans le dos !

Tous ces faits appellent questions. Jusqu’où ira Israël sous la férule du gouvernement sans scrupules de suprématistes et de fascistes ? La société israélienne est-elle susceptible de se libérer de leur emprise ? Quelles sont les limites qui finiront par s’imposer à des politiciens qui n’en ont pas ? Israël s’est construit sur l’idée illusoire que sa sécurité ne pouvait que reposer sur la force. Jusqu’à quand ? Avec quels risques au plan international compte tenu de l’implication de l’Iran ? Mais d’un autre côté, comme en miroir, tant le Hamas que le Hezbollah, qui se sont constitués de véritables armées, n’agissent-ils pas comme s’ils étaient convaincus qu’il est possible de vaincre Israël militairement ? Une telle perspective peut-elle se substituer à une résistance populaire ? L’intifada n’avait-elle pas réussi à obtenir des avancées (Oslo), même si partielles et éphémères ? Ne sont-ce pas les peuples, palestinien et libanais, pris en otages, qui font les frais de cette approche erronée ? Et d’un autre côté, est-ce raisonnable de revendiquer comme le font l’un est l’autre de ces mouvements, la destruction de l’État d’Israël ? Et de nier le fait national israélien ?

Si dans l’immédiat un cessez-le-feu doit être imposé, rien ne sera réglé tant qu’il ne sera pas mis fin à la tragédie que vivent les Palestiniens depuis 1948. Réfugiés hors de leur terre natale ou opprimés par un occupant dans leur propre pays. Il revient à la communauté internationale de peser pour qu’advienne une solution reconnaissant le droit des Palestiniens à disposer d’eux-mêmes et de décider de la forme à donner à cette souveraineté.

Jean-Paul Bruckert, 25 octobre 2024

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