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A propos des prisonnier.es politiques basques

On parle souvent de “transition démocratique” en évoquant la période qui a suivi la mort de Franco, dictateur régnant sur l’Espagne depuis la contre-révolution 1936-1939 jusqu’à sa mort, en novembre 1975. Le terme est impropre, comme n’ont cessé de l’expliquer celles et ceux qui ont refusé cet arrangement il y a près de 50 ans. Il s’agissait alors de faire en sorte que franquistes, extrême droite, église catholique réactionnaire, militaires et policiers, trouvent leur place dans le royaume d’Espagne “post-franquiste”. Les partis “socialiste” et “communiste” participèrent pleinement à cette démarche ; les confédérations syndicales Commissions ouvrières et UGT aussi ; les Pactes de la Moncloa, cosignés en octobre 1977 par le gouvernement, les partis de droite et de gauche et le patronat et ces deux confédérations scella cet accord. Ces Pactes furent approuvés par les Commissions Ouvrières (CCOO) et l’UGT, dont les secrétaires généraux, qui étaient députés (PC et PSOE), l’approuvèrent au Parlement.

C’est de ces choix politiques que découlent l’insuffisance notoire de reconnaissance des crimes et de la répression du régime de Franco ; c’est aussi ce qui a permis la persistance d’une extrême droite forte dans la société espagnole ; c’est aussi ce qui explique largement la lutte menée contre les peuples réclamant leur indépendance.

Parmi ceux-ci le peuple basque. Treize ans après la fin de la lutte armée, six ans après la dissolution d’ETA, le Pays Basque compte encore 144 prisonniers et prisonnières politiques, 139 en Hegoalde et 5 dans l’État français.

Il n’y a pas si longtemps, les cellules d’isolement des prisonniers basques n’étaient pas l’exception mais la norme ; les familles et ami·es devaient parcourir des centaines de kilomètres pour rendre visite à leurs proches emprisonné·es ; les peines étaient purgées, dans leur intégralité, sans le moindre aménagement, même après des dizaines d’années d’enfermement.

Si, aujourd’hui, certain·es connaissent un régime proche de la semi-liberté (possibilité de sortir de la prison pour aller travailler et retour à la prison le soir pour dormir), ce n’est pas le cas de tous et toutes ; et surtout, la situation des prisonnier·es reste soumise au bon vouloir de l’État espagnol. C’est toujours l’Audience nationale espagnole (tribunal de l’antiterrorisme hérité du franquisme) qui a le dernier mot et qui par exemple continue d’annuler les 3e degrés (qui correspondent à une forme de liberté sur parole) accordés par le Gouvernement basque. Enfin il ne faut pas oublier que si le chiffre a baissé, c’est que certains ont terminé leurs peines.
  • 47 prisonnier·es ont accompli les 3/4 de leur peine et devraient être en liberté conditionnelle si la législation espagnole leur était appliquée comme aux autres prisonnier·es.
  • Plus de 45 prisonnier·es, accomplissent une peine cumulée à celle accompli préalablement en France. Ceci est contraire à la législation européenne qui stipule qu’une condamnation pour un même délit accomplie dans un autre pays de l’UE doit être décomptée de la peine.
  • 60 prisonniers ont toujours l’application de la loi 7/2003. Cette loi, promulguée sous le régime Aznar, est parvenue à augmenter la durée d’une peine jusqu’à 40 ans, contre 20 ans sous Franco. Cette peine revient à une peine à perpétuité.
  • Il y a aussi 17 réfugiés et 3 déportés politiques.
  • Les informations, actualisées, sont disponibles sur le site d’Etxerat.
L’association SARE conclue ainsi son bilan d’activité décennal : ” Vous ne pouvez pas construire un pays en tournant le dos aux droits des peuples, car de cette manière nous clôturerons faussement une époque tragique de notre histoire. Les droits des prisonnier·es devraient nous préoccuper en tant que société, tout comme, en tant que société, nous sommes également préoccupé·es et occuppé·es à la défense des droits visant à aider toutes les victimes de toutes les violences produites dans notre pays. Les victimes et les prisonnier·es ont le droit d’être entendu·es, respecté·es, de voir leurs droits assurés. Cela induit la mise en pratique du trinôme : vérité, justice et réparation. Et à ce stade, nous ne voulons pas oublier la nécessité d’apporter notre soutien au retour aux personnes qui restent encore en exil ou déportées. Pour être complète, la solution ne doit laisser personne de côté. Parce que soit nous le faisons ensemble, soit cela ne se fera pas. Nous avons tous la responsabilité de laisser aux générations futures une société meilleure que celle que nous avons reçue de nos aîné·es.
Informations issues du bulletin d’information Comité de solidarité avec le peuple basque (CSPB)
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