Le Nouveau Front Populaire entend proposer des choix qui s’inscrivent dans une rupture profonde et aujourd’hui nous pouvons questionner ce qui n’a pas été essayé par la Gauche : rompre avec la logique néolibérale à l’inverse de ce que proposent les forces qui composent avec le Capital ou de ce qui a été fait dans le passé, créant désillusions et perte de confiance dans la possibilité de changer le cours des choses. Il est temps qu’à gauche on ose dépasser l’horizon des puissances d’argent.
Le Rassemblement national ne cesse de progresser à toutes les élections et s’enracine durablement dans le paysage politique. Après les élections européennes il devient la première force politique. Le président de la République a donc décidé de dissoudre l’assemblée nationale. Le RN est aux portes du pouvoir ! Et l’on entend souvent les électeurs justifier leur choix pour ce parti néofasciste par : « oui mais on n’a jamais essayé avec eux. ». C’est faux. L’extrême-droite a été au pouvoir entre 1940 et 1944 avec ce cortège d’infamie et de politique d’éviction de la communauté nationale mise en œuvre à l’égard des juifs, des communistes, des syndicalistes, des francs-maçons.
Aujourd’hui nous pourrions reprendre ce terme en déclinant le fait que la Gauche n’a jamais essayé une véritable politique de rupture avec le capitalisme.
En effet sur le plan citoyen la Gauche, depuis 1981 n’a jamais mis en œuvre une véritable politique d’inclusion des populations immigrées, leur donnant une véritable citoyenneté. A la suite de la crise des Gilets jaunes en 2019 une convention citoyenne pour le climat a été mise en place. Les propositions retenues ont vite été mises au placard. On aurait pu essayer de mettre en œuvre les propositions de la CCC !
Sur le plan économique il n’y a encore jamais eu de véritable politique économique et fiscale qui mette à contribution la fraction la plus riche de la société. Bien au contraire ! quand François Hollande déclarait que son ennemi c’est la finance la loi de réforme bancaire en 2013 a été très limitée et en 2017 Macron (ex ministre de Holland) a supprimé l’impôt sur les grandes fortunes. On n’a jamais essayé de taxer réellement les riches.
On n’a jamais essayé de donner un véritable pouvoir dans les entreprises aux travailleurs qui créent les richesses. On n’a jamais essayé la démocratie dans les entreprises, pouvoir agir sur la finalité et les objectifs de la production, sur les façons de le produire, sur l’organisation du travail. On a même considérablement cette capacité, en refusant l’amnistie aux grévistes sanctionnés, en modifiant régulièrement le code du travail, en supprimant les comités d’entreprise, les CHSCT, et les délégués du personnel en 2016 avec la loi El Khomry, en 2019 avec les ordonnances Macron, suivi par une modification importante de l’intervention des fonctionnaires dans les CAP et CTP Au contraire, le libéralisme a ravalé le travail à une prestation qu’on achète et qu’on vend, ignorant la part d’humanité que chacun apporte à son activité, Dans les services publics comme dans le secteur privé la gouvernance par les nombres a été imposée contre la démocratie. Alors que les études montrent que plus l’autoritarisme est grand dans les lieux de travail plus il en découle l’abstention et le vote pour l’extrême droite !.
On n’a pas essayé de donner plus de pouvoir à celles et ceux qui produisent des richesses. Les pouvoirs successifs ont toujours eu peur du peuple et ce, depuis la Révolution Française.
On n’a encore jamais essayé une véritable démocratie dans les entreprises, dans les quartiers, dans les Régions pour que la politique soit des décisions prises souverainement par le peuple. Il est temps d’établir de nouveaux rapports avec les élu·es : on ne peut être citoyen·nes que le temps passé dans un isoloir pour désigner qui seront nos maîtres.
Olivier Frachon ; Daniel Rome ; Pierre Zarka
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