Nous partîmes cinq-cents… En vérité, à ce regroupement citoyen presqu’improvisé, lancé le vendredi pour le lundi sur les réseaux sociaux, nous partîmes trois. Et, au goutte-à-goutte, nous nous vîmes trente devant la mairie de Liffré.
Et c’était bien, déjà.
Car l’an dernier, contre la réforme des retraites, nous étions déjà là, à refaire le monde, debout sous la pluie. Mais moins nombreux. Lundi 17 Juin, nous avons participé à ce « soulèvement spontané » dont on entend parler dans les médias.
Je suis venue comme beaucoup – par antifascisme primaire. Pour ne pas donner raison aux trolls du RN qui ont conspué sur la toile l’annonce de ce rassemblement. Pour accompagner Sylvie, aussi, dont j’admire l’optimisme, et qui se bat pour gagner quand je me bats en personnage tragique, sans croire à l’Espoir – « le sale Espoir » disait Antigone.
Ce soulèvement populaire spontané, qui semble transcender les divergences, il me parle. Un mouvement citoyen contre la barbarie, sans bannières ni étiquettes, dont la Marche des Fiertés de Rennes, samedi 15 Juin, a été un symbole fort : alors que depuis des années les mouvements militants semblaient concentrer leurs forces dans une unique revendication – les manifestations se multipliant sans se toucher, et perdant de vue que toutes les injustices sont inacceptables – cette fois, nous étions réunis. 20 000 personnes, LGBTQI+ A pour Antifas, bannières arc-en-ciel côtoyant les drapeaux palestiniens, féministes, syndicaux. Une France Multicolore. Humaine.
Mais voilà… debout sous nos grands parapluies, lundi dernier, petite pointe de déception. Difficile de se détacher de l’impression que les représentants attitrés du pouvoir, ceux qui ont l’habitude des tractages et de la hiérarchie politique, se sentaient en charge, tentaient de mener la danse, de s’imposer. De nous faire entrer dans le rang, nous, électrons libres. « Inscrivez-vous pour tracter. Ne faîtes rien seuls, prenez avec vous un militant expérimenté. Ne soyez pas contre-productifs… » Bref, ne nous gênez pas… Et discuter des programmes ? Proposer des idées ? Construire ensemble sur les ruines de Bardella ?
Le Nouveau Front Populaire ne devrait pas oublier une chose : nous qui refusons les partis en temps normal, nous ne sommes ni indifférents, ni incultes. Nous trouvons simplement que ce système hiérarchisé et sans concertation est un naufrage.
Dans le contexte actuel, nous voulons donner un coup de main. Pas être des petites mains. Et nous attendons un souffle politique nouveau.
Car nous sommes aussi Citoyens. Et Militants.
Alexandra Pichardie
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