Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Comment investir le champ des solutions ?

Joëlle pose les pierres fondamentales de la construction d’une alternative éclairant ce qu’il faut dépasser, suggérant ce qu’il faut construire
« Il y a des prises de conscience mais demeure la fatalité quant à un changement global. Faire pression sur le pouvoir, qu’il ait peur et pour cela il faut qu’il y ait un projet politique alternatif, c’est-à-dire un projet non seulement fédérant tous les mécontentements mais les mettant en cohérence, […] ni juxtaposition de revendications et de mécontentements mais  tisser des liens entre tout ça… Mais l’ordre du jour c’est la construction d’un projet politique global, comment détruire le capitalisme ? »

Gérard
« On peut décrire tout le mal qu’on nous fait, il faut qu’il y ait un programme, ou plutôt une idée politique qui joigne tout le monde. »

Evoquant les formes d’action des Soulèvements de la Terre, Laurie lance des pistes de militance  et de pluralité de l’action construisant de l’unité  tout en conservant la richesse de la diversité : 
Les comités des Soulèvements de la Terre à Rennes, c’est beaucoup de jeunes, de 20-25 ans. Il n’y a pas ce côté on arrive, on sait mieux que les autres. Non, on se met en lien avec des gens qui sont déjà sur le terrain, qui sont déjà sur ces problématiques. Ça fait longtemps que je n’avais pas vu un fonctionnement qui me convenait autant. Dans la façon de mener les AG, il  y a une vraie réflexion sur l’horizontalité, sur la façon de mener les débats, une vraie prise en compte des autres..  

Pierre   : « à qui profite le crime » :
Perdu pour tout le monde ? On retombe sur la notion de système. Et si on retombe sur la notion de système, ne peut-on trouver des convergences, des points communs. Ni tout fait, ni descendant d’en haut, mais recoupant les intérêts des agriculteurs, des ouvriers, des enseignants, des soignants … Ce que Laurie a décrit n’est-ce pas le début d’une autre définition de « qui fait de la politique » ?

Pierre :  la bataille des retraites … ce qui a manqué ? 
La  protestation n’a pas manqué, l’intervention publique n’a pas manqué. Les seuls qui ont porté des idées précises quant aux financements des retraites sont ceux qui voulaient casser le système des retraites et qui n’ont jamais évoqué par exemple que 147 milliards d’€ étaient à ce moment distribués en dividendes a ceux qui ne cotisent à rien et ne payent pas d’impôts.

Personne ne s’est saisi de ça,  aucun syndicat, aucun parti de gauche !

Additionnant les 2 remarques, notion de citoyenneté et ce qu’il manque à beaucoup de luttes, n’interrogerions-nous pas ce qui est une redéfinition du mot politique de manière concrète ? Pas dans un discours général mais dans quelque chose qui peut être, au fur et à mesure, pas du jour au lendemain, mais à portée de main d’une partie importante de la population.

Sami : je ne suis pas à tout à fait d’accord sur le fait que la question de l’argent n’a pas été évoquée, j’ai l’impression que là-dessus cela a percé le mur, les milliards qui sont disponibles et il n’y a plus beaucoup de personnes à défendre le fait qu’il faille nourrir les multinationales. Par contre une fois qu’on a dit ça, cela ne bouge pas, parce qu’il faut bloquer leurs intérêts pour qu’ils bougent. Ils ont perdu tout le consentement, comme le montrent les votes au Conseil supérieur de l’éducation, les multiples 49-3, donc il faut imposer nos choix. Il faut faire notre autocritique syndicale sur le mouvement des retraites, on ne s’est pas posé pour se dire ce qu’on fait depuis des années, cela ne marche pas qu’est-ce qu’on peut faire d’autre et je suis assez sceptique sur le fait que cette réflexion vienne du niveau national. Je pense plutôt que c’est les différentes actions locales et les différentes interactions qui vont se faire avec les syndicats, les associations, les soulèvements de la terre et autre qui vont pousser au niveau national à acter qu’il faut aller vers certaines autres actions.

Joëlle : le changement à espérer n’est pas celui des puissants mais celui des combattants 
Pas simple on a des décennies de dressage à la délégation de pouvoir, que ce soit la délégation de pouvoir avec la démocratie représentative, ou que ce soit vis-à-vis des responsables syndicaux ou des responsables associatifs etc.

Daniel se reconnaît dans le propos de Joëlle 
Il faut créer des réponses nous-mêmes, sans attendre qu’elles viennent d’en haut. Ne soulève-t-on pas là alors la question du peuple souverain, et du peuple législateur ?

Pierre après Joëlle, « nous devons nous changer nous-mêmes, ne pas attendre des réponses, mais les créer
Les forces démocratiques doivent dire non, alors que les forces réactionnaires proposent. Celui qui n’a que le « non » pour combattre, certes n’a pas perdu d’avance, mais il est mal barré. Pourquoi le « non » ne changerait pas de camp ? Pourquoi ne serait-ce pas un peu au tour des forces démocratiques, de commencer à proposer quelque-chose, et au tour des forces réactionnaires  de dire non ?

Retraites, 147 milliards (distribués en dividendes durant la bataille des retraites), on disait que 13 milliards les paieraient, j’aurais souhaité du plaisir à la force qui aurait dû dire « non, non, il faut laisser les 147 milliards intacts et rallonger l’âge de la retraite ! »

Inventer, créer se changer soi même

Laurie  à propos des groupes de niveaux
Pour beaucoup de parents cela permet de prendre en compte les difficultés de chacun chacune. Pour montrer à tout le monde que ce n’est pas l’objectif réel il va falloir sortir de l’école, si on fait une réunion dans les murs, on aura toujours les mêmes parents très en connivence avec le fonctionnement de l’école, et du système scolaire. La première des démarches c’est que ce soit nous qui sortions de l’école et que ce soit nous qui allions rencontrer ces familles 

Sylvie : repérer les avancées  
Toutes les organisations n’ont pas réagi sur le même mode face aux luttes des gilets jaunes. A la CGT les choses seraient différentes aujourd’hui si le mouvement des gilets jaunes émergeait maintenant.  Ainsi la  CGT a posé récemment : il faut créer des ponts  avec les paysans qui sont en lutte avec toutes les contradictions qu’il pouvait y avoir avec la FNSEA . L’idée est la suivante il y a mouvement, il y a lutte, il y a des revendications qui sont justes et il faut créer des ponts.

Pierre… Inventer, en renonçant à ce que le mouvement social sait faire depuis un siècle, les derniers acquis via ce type de méthode remontent à 1968… !

Les Nuits debout… après elles plus rien, puis interviennent les gilets jaunes mais bénéficiant déjà de l’expérience des Nuits Debout ! Elles s’étaient passées de l’autorisation des syndicats et des partis politiques pour se mobiliser. Puis arrêt dans les conditions qu’on connaît… Vient alors le mouvement de la SNCF, on a évoqué une « giletjaunisation » à la SNCF, se passant des syndicats pour transmettre leur préavis de grève. Nouvel arrêt ! Émerge le mouvement des retraites et à présent le mouvement des agriculteurs qui s’est un peu inspiré au-delà des positions des organisations syndicales, du moment gilets jaunes… On peut s’interroger : les partis ne sont-ils pas enfermés dans des logiques institutionnelles, dans le microcosme de l’État, dans la course au pouvoir d’État. Il nous faut réfléchir : comment les mouvements produisent-ils du politique ?

Répression, une pratique en développement …
Laurie : Quand les mouvements sont forts il y a recul, il n’y a pas eu de dissolution des soulèvements de la terre, c’est lié à l’énorme adhésion populaire. Mais il y a beaucoup d’inculpations individuelles, des militants se retrouvent très isolés, mais les soulèvements s’organisent sur comment réagir quand il y a répression. 

Sami: Est-on efficace ? Dissous ou violentés, c’est quasi un critère d’efficacité, nous mettons [mettre] leur système en danger, ils nous le font payer ! Comment se protèger ? Quelle protection  juridique, être plus armés. Comment s’organiser pour des actions un peu directes, impactantes : la répression sera très forte ! C’est un impensé du monde syndical …

Cet article fait partie du dossier :

Horizons d'émancipation

De la lutte à la politique ?

La situation politique actuelle nourrit un sentiment de blocage tel qu’il amène la rédaction de Cerises à approfondir nos réflexions et travaux sur la politique ...
Partager sur :         
Retour en haut