Modèle allemand : rien ne va plus !

A chaque tour de vis, on nous renvoie au modèle allemand. C’est sans doute ce qui explique l’étrange silence qui enveloppe ce qui se passe actuellement chez nos voisins.

Commençons par les agriculteurs angoissés et en colère qui ont investi les rues de Berlin, bloquant la ville. Les prix à l’achat de leurs productions, très en-dessous des prix de revente par les intermédiaires menacent leur existence. C’est dans ce cadre que l’État annonce supprimer les subventions. En même temps, les salariés métallurgistes de Rhénanie multiplient grèves et manifestations face au refus du patronat d’augmenter les salaires de…8% (!) et de baisser la durée du temps de travail. Les salariés des transports de même. Autant de mouvements qui font évènement et bousculent la vie politique allemande.

Suffisant pour inquiéter le gouvernement.

Mais comme partout, quand les forces qui devraient promouvoir des changements démocratiques ne sont pas au rendez-vous, on trouve l’extrême-droite (AfD). Stimulée par les impasses gouvernementales et du SPD, elle prône notamment une « remigration » de deux millions de personnes vers l’Afrique du Nord, incluant s’il le faut les allemands qui protesteraient et remettant en cause leur droit de vote.  Ces idées de « déportation » d’une partie du peuple allemand émergent d’une réunion à laquelle participaient des dirigeants de l’AFD, des membres du patronat et des anciens de la CDU ou des proches. Cette rencontre avait lieu près du lac de Wansee (un symbole : c’est là où avait été décidée « la solution finale » pour les juifs). La violence des propos en dit long sur la place que pense occuper l’extrême-droite et sur la banalisation de l’AfD et de ses intentions. C’est 10 mois avant des élections dans plusieurs länder.

Ici, il ne s’agit pas de faire peur mais de dire qu’entre rupture avec le capitalisme et aller vers la barbarie, il n’y a guère de ligne médiane. Quel terme de cette alternative sera le plus rapidement ouvert ?

Pierre Zarka