Reflets

Le nouvel opus de Grand Malade ne s’intitule pas « Reflets » par hasard. Dans sa veine habituelle -on attendrait parfois un peu de nouveauté – GCM cultive le sillon de ses clins d’œil sur nos réalités. Plus que les précédents, notre quadragénaire nous offre des regards sur sa vie, ses proches, plusieurs titres ont un caractère autobiographique évident. 

Douze titres presque tous mis en musique par Mosimann, DJ franco-suisse déjà compositeur de Mesdames en 2020, connu pour des engagements (le mariage pour tous) et possédant une certaine notoriété internationale. 

GCM nous fait voyager de la rue Lafayette à Deauville, d’une gamine de 9 ans à ses vingt ans de carrière, on retrouve le slameur ancré dans son temps, dans la ville et dans les tourments de ce siècle. On retrouve son engagement humaniste et son sens des Autres. Reflets nous interroge, au fond, sur notre propre rapport au monde, ce que nous en vivons, ce que nous y voyons. Pas de leçon, pas d’avis péremptoires, un beau partage où chacun.e pourra trouver son fil.  

On pourra disputer si « c’était mieux avant » relève de la sagesse ou d’être vieux. Si les texto vocaux, le numérique partout ça empêche l’enfance de s’amuser. On pourra disputer si faire « aujourd’hui que ça se passe » est mieux que se plaindre ou rêver. Mais est-ce incompatible ? GCM tape là dans des immédiatetés de notre époque. 

Une édition limitée a été proposée sur vinyle recyclé. Une innovation. 

Mais peut-être est-ce avec 2083 qu’il empoigne notre entendement. Quand un môme dans 60 ans s’adresse à son grand-père : qu’avons-nous à répondre ???? « le combat n’est pas perdu, la terre n’est pas encore morte » . Un texte magnifique  

Patrick Vassallo

Reflets, Grand Corps Malade, label Anouche Records, octobre 2023, CD 15,99€, vinyle 21,99€