Aveu intéressant de l’Insee : les profits seraient directement responsables de 50% de l’inflation. Mais cela veut-il dire que les autres 50% n’auraient rien à voir avec le système économique dont le moteur est le profit.
Évidemment non.
Les néolibéraux imposent une politique dite de l’offre dont il résulte que les prix ne sont plus fixés essentiellement en fonction des coûts mais des opportunités des marchés où le consumérisme prime sur la prise en compte des besoins.
Le but n’est donc plus de répondre aux besoins mais d’organiser la production pour optimiser la rémunération du capital. Dire cela aujourd’hui relève, pour nous, de la tautologie mais ce qui évolue vite, ce sont les moyens d’optimisation induits par les outils modernes de marketing (base de données, IA etc.).
Ces outils permettent non seulement de bien connaître les marchés mais aussi de les modeler à la convenance des maîtres du marché concurrentiel : les plus forts donc les plus riches.
Pour ces derniers il est essentiel d’optimiser la rémunération du capital d’autant plus qu’avec le développement des fonds d’investissement de pensions etc. où s’entrecroisent, en mouvement constant, les capitaux spéculatifs, il est vital de les retenir car, faute de rendement suffisants, ils passent à la concurrence.
Il leur faut donc impérativement optimiser leurs marges.
Ce système les amène à utiliser les techniques marketings les plus sophistiqués pour définir et modeler l’offre :
- En mesurant l’élasticité entre prix et quantité : produire moins mais plus cher en sélectionnant les marchés les plus solvables pour obtenir les meilleures marges possibles. Tant pis pour les populations les moins solvables.
- Pour obtenir des prix plus rémunérateurs il faut baisser l’offre, instaurer un climat de pénurie : quand la demande semble supérieure à l’offre les prix montent, c’est une règle de base de l’économie de marché.
- Il faut aussi façonner la demande : créer artificiellement le besoin fait augmenter les prix. Dans une interview, une étudiante de HEC se disait « ravie d’apprendre à vendre aux gens des produits dont ils n’ont pas besoin ». C’est dire à quoi nos élites sont formées. L’acte de production est ainsi dévoyé et génère le gaspillage des ressources humaines et de la nature.
La hausse des prix n’est donc pas un phénomène météorologique. Elle résulte du système économique fondé sur la loi du marché dominé par les grandes puissances financières qui disposent des moyens les plus sophistiqués pour servir leurs intérêts, y compris en utilisant les conjonctures géopolitiques et autres pour servir leurs objectifs.
Il est donc urgent d’agir pour sortir d’un système qui fonctionne surtout pour ceux qui ont les moyens au profit de ceux qui en ont le plus.
Et les outils modernes de gestion, au lieu de servir les objectifs d’optimisation du profit pourraient être utilisés pour planifier une économie organisée autour de la satisfaction des besoins réels de tous.
Pour passer de « à chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins ».
Alain Lacombe
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