La vie d’après Covid, tu la voyais comme ça ? Une orgueilleuse mondialisation contrainte de siffler l’arrêt général du fait d’un méchant coronavirus, et qui repart, boitant bas, par la guerre et l’inflation …
« Inflation » ? Le nom d’une sanction qui vient du cœur d’un système sans cœur. Ayant subis l’assignation collective à résidence, nous voilà condamnés à ne pas acheter. Une sentence maximale, dans nos sociétés où l’achat, le pouvoir d’acheter, l’activité d’échanger des marchandises contre de la monnaie – elle-même marchandise – est l’acte cardinal, quasi sacré.
Le phénomène économique glacé, de courbes et de pourcentages, tourne à l’angoisse mêlée aux angoisses précédentes, pour la majeure partie d’entre nous. Ô, pas les beaux quartiers, bien sûr. Non, là, en bas, dans ce que les commentateurs ne prennent pas la peine de nommer, les « quartiers », les « banlieues », les « zones populaires », le « 9-3 », les quartiers Nord … en tout cas pas à l’Ouest et le Bel Air.
Et puis la sourde peur s’étend aux ainsi nommées couches moyennes. Le travail ne paie pas, vivre en travaillant ne permet plus de vivre. La honte ! La représentation sociale – t’as vu ce que je consomme ? – tourne court devant le désert qui peuple le caddie après un tour dans les rayons dissuasifs des marchés plus super du tout. Double peine.
Pas que les courses devenues pauvres, non, l’essentiel est touché : gaz-électricité, santé – quelle idée d’avoir des dents -, logement … Et ça dure, ça dure. Naît, grandit, enfle, le sentiment de culpabilité. « Si tu n’y arrives pas, c’est que tu ne sais pas t’y prendre, ton économie ménagère est mal tenue, tu épargnes mal et n’investis dans rien, tu ne travailles pas assez, tu ignores les merveilles du numérique, telles que louer ta baignoire, partager ton auto, vendre tes frusques usagées » …
La mère des vérités premières
La mère des vérités premières nous est livrée du fond des âges du capitalisme triomphant, par l’inspirateur du maître Malthus, un théologien du libre-échange, Joseph Townsend :
« L’obligation légale du travail donne trop de peine, exige trop de violence et fait trop de bruit ; elle suscite de la mauvaise volonté, et ne conduit jamais à rendre un service de qualité. La faim, au contraire, exerce une pression paisible, silencieuse et incessante ; mais comme est le mobile le plus naturel du travail, elle engendre les efforts les plus puissants (…)
« Quand la faim est ressentie ou même redoutée, le désir d’obtenir son pain disposera tranquillement l’esprit à subir les plus grandes épreuves, et adoucira les travaux les plus pénibles. » (Joseph Townsend, A dissertation on the Poor Laws, cité par Michel Husson in « Portrait du pauvre en habit de vaurien ».
Vive donc la vie chère contre la vie ouvrière. L’inflation cultive à la fois l’art d’ignorer les pauvres et la méthode de les tenir en respect. Comme les chômeurs doivent travailler gratis en échange du RSA, les salariés devront entretenir au fond de leur inquiétude l’appréhension permanente de plonger dans ces zones terribles qui rapprochent de la faim.
« … Et gare à la revanche, quand tous les pauvres s’y mettront » (Vieille chanson de l’après Commune).
Jean Gersin
Récession
La masse monétaire est une mesure de la quantité de monnaie dans un pays ou une zone économique. Il s’agit de l’ensemble des valeurs susceptibles d’être converties en liquidités, ainsi que l’agrégat de la monnaie fiduciaire (billets et pièces), des dépôts bancaires et des titres de créances négociables, tous susceptibles d’être immédiatement utilisables comme moyen de paiement. Elle est suivie par les banques centrales et publiée, offrant aux acteurs économiques une précieuse indication sur la possible évolution des prix selon la théorie quantitative de la monnaie.
Stagflation
Terme résultant de la contraction des mots « stagnation » et « inflation », la stagflation décrit une situation économique très particulière marquée par un double phénomène : un ralentissement de la croissance économique (associée à un taux de chômage élevé) et une forte hausse globale des prix dans le même temps.
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