Alors que, de 2002 à 2021, l’inflation n’a pas dépassé 2 % en rythme annuel, elle a atteint 6,8 % entre juillet 2021 et juillet 2022. Malgré un léger tassement récent, elle atteignait tout de même 4,6 % entre août 2022 et août 2023. Certains biens ont augmenté plus fortement. Il en va ainsi des produits alimentaires, qui ont connu une hausse dépassant 15 % entre mars 2022 et mars 2023 ou encore des prix de l’énergie qui ont bondi entre 2021 et 2022 de 25 % pour le gaz naturel et de 64 % pour le fioul domestique.
La banque centrale européenne et les gouvernements ont d’abord estimé que l’inflation serait passagère puis ont pris des mesures désespérément néolibérales : la hausse des taux d’intérêt et l’appel à l’austérité budgétaire. Ces mesures font le lit d’une future récession, synonyme de désastre social, économique et environnemental puisque les États se trouveront dans l’incapacité de financer la bifurcation sociale et écologique pourtant si nécessaire.
L’inflation ne provient pas de la hausse des salaires, ces derniers peinant à suivre l’inflation. La guerre en Ukraine l’a révélé : l’une de ses causes réside dans notre dépendance aux énergies fossiles et aux importations d’un grand nombre de matières première (blé, huile…). Ces prix ont fortement augmenté, entraînant une hausse des coûts des produits de consommation quotidienne (nourriture, chauffage, transports etc.). Enfin, les taux de marge importants des grandes entreprises ont boosté les superprofits, que les clients paient dans les prix de leurs achats.
Identifier les causes de l’inflation nous permet de dire que mieux répartir les richesses est nécessaire. Pour ce faire, plusieurs mesures s’imposent.
Entre les années 1970 et 2021, les salaires ont perdu 4 à 5 points de valeur ajoutée. Cette dégradation est liée à la mondialisation néolibérale, à la financiarisation et aux reculs sociaux. Priorité est donnée de longue date à la valeur pour les actionnaires par rapport aux investissements, aux salaires et à l’emploi. Mieux répartir la valeur ajoutée est donc indispensable. Cela passe par une hausse du SMIC et des salaires mais aussi par une réduction des inégalités de revenus. Il faut également mettre en place un pouvoir de contrôle et de décision des travailleur.ses dans les entreprises et mobiliser les politiques publiques.
Réformer le système fiscal est évidemment indispensable. Prioritairement, il faut renforcer la progressivité fiscale, notamment dans l’imposition des revenus et des patrimoines (avec par exemple un impôt sur la fortune au niveau européen), imposer les superprofits et instaurer une taxation unitaire pour que les multinationales paient leur juste part d’impôt. Outre la réduction des inégalités que cette réforme permettrait, les recettes dégagées financeraient correctement les services publics et la protection sociale ainsi que des investissements publics en faveur de la bifurcation sociale et écologique. Une priorité vitale en somme.
Ophélie Gath, Solidaires
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