Délicieux.

Articles courts à déguster à tout moment.

Avec Valerio Varesi, la littérature engagée se glisse avec brio dans le polar. 

Le fleuve des brumes

Le personnage principal est le Pô en crue. Les mariniers commentent la puissance du fleuve. Ils savent de quoi ils parlent. Cette puissance a fait leur vie. Un jour de crue et de brouillard, une péniche dérive alors que tous savent le batelier expérimenté. Où est-il ? N’y a -t-il personne à bord ? Le commissaire vient – comme un cheveu sur la soupe – enquêter dans un monde qui n’est pas le sien. Comme un cheveu sur la soupe : il remue les décombres d’un passé encore douloureux où chemises noires fascistes et communistes s’affrontaient. Pour Varesi, ce passé n’est dépassé que par l’évaporation d’un PCI qui n’a pas su évoluer alors que l’extrême-droite sait s’habiller.

Les mains vides

Un gigolo est assassiné. L’enquête est traversée par l’amertume du commissaire et de l’auteur devant ce que devient la société : engloutie par la domination des affairistes sans scrupules auprès desquels les gangster font figure d’amateurs. On pense à l’Opéra de Quat sous de Brecht où Mackie le surineur dit avoir pillé une banque mais que ce n’est rien à côté d’en créer une. Varesi dit l’incapacité des politiques à affronter les vrais coupables : ce système qui pourrit tout. Rien n’offre l’espoir que le peuple l’affrontera. Peuple omniprésent par sa résignation. Reste dit-il des explosions de colère sans lendemain pâles copies des luttes. Ce dernier point pourrait faire discussion avec l’auteur.

Pierre Zarka

Le fleuve des brumes, Valério Varesi, Éditions Points, Mai 2017, 288 pages, 7.80 €
Les mains vides,Valério Varesi, Éditions Points, Mars 2020, 264 pages, 6.90 €

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