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Megabassines : enfin un mouvement pour l’eau ?

Ce week-end des 25 et 26 mars, des dizaines de milliers de personnes se sont mobilisées à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) contre la création de méga bassines. La mobilisation, en plein mouvement social, a confirmé la « radicalisation » d’une partie des opposants/es à la politique macronienne, lassés/es de la superbe et du mépris du pouvoir. Lequel a visiblement choisi de durcir la violence pour espérer sortir gagnant du front social qui se constitue : 200 blessés/es (selon les organisateurs), dont une quarantaine (selon la police), et quelques cas très graves dont l’urgence vitale est engagée, voilà qui indique la violence de l’affrontement. 

Mais peut-on résumer cette affaire aux seules violences ? Paysans de la Confédération paysanne et « écolos des villes » constituent à travers l’hexagone, un nouveau front social. Les méga bassines sont des réserves, artificielles, qui pompent l’eau de la nappe phréatique pour la mettre à disposition … de l’agro-industrie. Alors même que dans bien des bassins, le rechargement de la nappe phréatique atteint péniblement les 50%. Au sortir de l’hiver, menace une sécheresse, qu’en sera-t-il cet été ???

Cette aberration écologique indique sans ambages le choix des pays développés : confisquer l’eau pour le capitalisme agro-industriel, l’agriculture intensive et la productivité. Ou engager une transition radicale vers une agriculture raisonnée et raisonnable, priorisant les investissements non sur des stabulations high-techs mais sur la prévention des épidémies. Favorisant le plein air contre les hormones, le grain et l’herbe contre les farines animales. C’est bien un choix de société qui est donc posé. D’autant que si l’avenir des trusts type Monsanto se joue en Bourse, celui d’une irrigation respectueuse des sols, factrice de biodiversité et économe des ressources suppose coopérations et solidarités entre paysans comme entre ville et ruralité. 

La violence avec laquelle le pouvoir macronien répond à ces mobilisations montre qu’il n’entend pas céder ; les déclarations militaires « il n’y aura pas de ZAD ici » cachent mal la soumission de l’État aux trust américains et son mépris total de la situation écologique comme des conditions de vie et de travail des agricultrices et agriculteurs. 

Nous avons besoin d’une autre agriculture, alimentant des circuits de distribution et un modèle alimentaire renouvelé. Il vaudrait mieux s’en prendre aux piscines lucratives ou individuelles ou au gâchis d’eau qu’aux opposants/es aux mégabassines. Comme il vaudrait mieux s’en prendre aux paradis fiscaux qu’aux allocataires du RSA. Choix de classe ! Choix d’avenir de la planète aussi, quand on sait que deux-tiers des guerres dans le monde ont aujourd’hui l’eau comme (une des) cause(s).

Patrick Vassallo

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