Esprit de suite et d'exploration.

Quand les articles du journal font réagir.

Mouvement social, et maintenant ?

On va gagner !!

A chacun son récit. 

Macron nous récite le sien : on vit plus longtemps, on doit travailler plus longtemps, la foule n’est pas légitime, seuls les élus issus du suffrage universel sont légitimes (tellement légitimes qu’il les contournent via l’article 49-3…), il est responsable même s’il doit être impopulaire, il n’y a pas d’alternative, c’est dur, il faut faire des efforts mais c’est à ce prix qu’on va sauver le régime par répartition, la violence n’est pas acceptable, on va continuer à travailler, rédiger une nouvelle loi travail (au secours !), circulez il n’y a rien à voir ! 

Et nous : on est déjà fatigué, le travail use, les cadences, la souffrance, la santé abîmée, on a du mal à boucler les fins de mois avec nos petites retraites, et nos petits salaires, c’est toujours aux mêmes qu’on demande des efforts, d’autres s’en mettent plein les poches en même temps, les dividendes explosent et les milliardaires sont de plus en plus riches, c’est nous qui sommes légitimes, le refus de la réforme est majoritaire, et même ultra majoritaire chez les salarié·e·s, cela fait des semaines qu’on le dit, et on ne lâche rien, le mouvement est soutenu même quand les gens galèrent dans les transports ou dans les rues jonchées de poubelles, les violences sont clairement de la responsabilité du gouvernement (incroyable retournement de l’opinion à ce sujet!), l’unité syndicale est totale, et c’est Macron et son gouvernement qui sont illégitimes, les solutions existent pour financer les retraites mais les milieux financiers (dixit Borne) n’en veulent pas. 

La surdité de Macron est épuisante. Construire un tel rapport de force inédit et ne pas gagner là maintenant, ça produit de la colère, ça marque les corps et les esprits. 

Nous n’avons pas enclenché de grève reconductible dans mon collège. La grève reconductible est un objet politique non identifié ! Nous voguons au grès des annonces de l’intersyndicale. Chaque semaine il faut se remotiver pour l’action à venir, tenir tant bien que mal des AG sur le temps du midi alors qu’on continue de travailler entre deux jours de grève, que les réunions ou les activités du midi se poursuivent (Association sportive, devoirs faits, activités du FSE, commission permanente, rendez-vous avec les élèves pour préparer l’oral du DNB, réunions diverses pour suivre les projets interdisciplinaires…). Nous n’avons qu’une heure par mois de temps syndical dégagé pour toutes et tous, autant dire que cela ne permet pas de suivre le rythme actuel du mouvement. Nous n’avons pas de temps commun avec l’ensemble du personnel en particulier avec les agents. Ou alors il faudrait rester en soirée et comme on a déjà fait pas mal de soirées en conseil de classe, réunion parents profs… franchement c’est clair, la grève reconductible ce serait plus facile… Mais nous ne sommes pas encore venus à bout des pratiques délégataires. 

Et pourtant nous tenons. 

Sur les 80 salarié·e·s de l’établissement (hors personnels de direction), on peut évaluer à une quinzaine le nombre de celles et ceux qui n’ont jamais fait grève depuis le 19 janvier. Dans les temps forts, nous sommes plus de 40 grévistes comme jeudi 23 mars (sachant que tout le monde ne travaille pas tous les jours), et la présence en manifestation est plutôt bien suivie, parfois même avec les enfants des collègues en poussette ! 

C’est l’acte 2 du mouvement social. Le texte adopté, la mobilisation se poursuit et c’est un nouvel acquis du mouvement, conforté par la discussion en AG vendredi dernier. Conforté aussi par la possibilité du Référendum d’Initiative Partagé, qui n’éteint pas la mobilisation mais a l’avantage de dire maintenant c’est au peuple de trancher, chacun·e étant bien conscient·e que la mobilisation devra se poursuivre pour l’obtenir. Et c’est notre récit qui va l’emporter. 

Sylvie Larue 

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