Délicieux.

Articles courts à déguster à tout moment.

Le temps des féminismes

Michelle Perrot, historienne et féministe répond aux questions d’un de ses étudiants, Eduardo Castillo chilien et féministe. L’écriture est simple, directe, synthétique et très accessible. Elle retrace à la fois sa propre « ego histoire » et l’histoire du féminisme tout en insistant sur la distinction essentielle entre l’historienne qui témoigne, et la féministe qui agit. Comme beaucoup de femmes de sa génération, c’est Simone de Beauvoir qui l’a fait devenir femme et féministe. On perçoit comment l’histoire permet de comprendre le présent, le temps, les évolutions et la société. 

Les femmes ont-elles une histoire ? Elle est encore à écrire et à sortir de l’ombre parce qu’elles n’ont longtemps pas eu la parole, ni l’écriture, ni la visibilité. Leur histoire est en effet celle d’un système de domination. Si les anthropologues le considèrent comme un invariant, les historiens s’intéressent au changement à la conquête.

Michèle Perrot note judicieusement comment le féminisme se loge dans les brèches et les failles du pouvoir et notamment dans les révolutions.

Toutes les grandes questions sont abordées : le corps, l’avortement et la contraception, le privé et le public, le politique et le religieux, le voile. Il faut, dit l’historienne, admettre la différence et laisser du temps au temps.  Elle analyse que le mouvement est passé de l’individuel au collectif, et que l’universalisme fait débat.

Elle tient, enfin à définir le féminisme comme un mouvement politique et de pensée critique plutôt que de revendication.

Bénédicte Goussault

Le temps des féminismes, Michelle Perrot, Éditions Grasset, Janvier 2023, 208 pages, 20 euros 

Partager sur :         
Retour en haut