Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Un mouvement social d’ampleur et prometteur !

« La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. » Paul Valéry

Le dernier trimestre 2022 a été marqué par des grèves importantes dans différents secteurs pour une augmentation conséquente des salaires alors que l’inflation avoisinait les 7% et que les dividendes des actionnaires du CAC 40 connaissaient une explosion sans commune mesure. 

Le début de l’année 2023 est marqué par un mouvement social de grande ampleur qui traverse tout le pays et l’ensemble des catégories sociales (salariés et retraités). A plusieurs reprises, plus de 2 millions de personnes se sont retrouvées dans les rues et un grand nombre ont fait grève pour exprimer leur rejet de la pseudo réforme des retraites. Les enquêtes d’opinion montrent que près de 80% de la population ne veut pas d’une réforme qui va réduire considérablement leur pension de retraite en repoussant l’âge de départ. 

Une remarque : il est très dommageable que les syndicats – et particulièrement la CGT – aient abandonné depuis longtemps le combat pour empêcher l’étatisation de la Sécu. Dès le vote de la loi Croizat, la droite, le patronat et le milieux financiers et souvent avec l’appui de la social-démocratie n’ont eu de cesse de remettre en cause cette avancée majeure pour le monde du travail et pour le bien-être collectif. Il est temps de faire renaître l’idée que la Sécu doit appuyer ses ressources sur les cotisations sociales et qu’elle soit gérée par les travailleurs et non par l’État et qu’il faut en finir avec les « allègements de charge » qui sont contre-productifs.

Ce qui nous semble aussi intéressant est que ce mouvement social cristallise, au-delà des questions économiques qui apparaissent accessoires, une remise en cause de la logique néolibérale autour du travail, du sens du travail, des conditions de travail et des méthodes managériales mortifères. Ce mouvement pointe aussi la durée du travail tout au long de la vie, la santé au travail, et aussi la question de notre temps libre qui n’appartient pas aux capitalistes. Ce mouvement pose avec force la redéfinition de la protection sociale. 

Pour l’instant c’est encore confus dans les têtes, car le pilonnage médiatique et politique est très fort. Cependant ici et là commence à surgir la remise en cause du travail subordonné qui ancre dans les tables de la loi le pouvoir tout puissant des forces d’argent contre celles et ceux qui produisent les richesses. L’idée grandit dans la population que nous voulons prendre notre destin en main, définir ce qui doit être produit et dans quelles conditions, relier production, protection de l’environnement et avenir de la planète. Dans les manifestations s’est exprimé un rejet plus ou moins explicite des actionnaires qui apparaissent pour ce qu’ils sont : des prédateurs. Nous constatons au travers des différents mouvements sociaux à travers le monde un rejet du modèle néolibéral et nous retrouvons partout le même schéma à l’œuvre : affirmation d’une soi-disant légitimité démocratique quand plus de 50% de la population ne participe plus aux scrutins, remise en cause des libertés publiques, passage en force pour faire voter les lois et renforcement des forces répressives. 

Ce mouvement est un bras de fer avec les forces du capital et leurs alliés. La difficulté est de construire avec l’ensemble de la population un projet politique alternatif. Les moments comme ceux que nous vivons sont propices aux échanges, à la confrontation d’idées pour penser l’alternative, à la condition que les partis de gauche repensent leur logiciel stratégique et commencent à admettre la souveraineté du peuple dans des assemblées délibératives. 

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Horizons d'émancipation

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