Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Comment gagner ?

Cette courte contribution s’attache à proposer quelques suites à une petite partie des questions posées. Dans un texte plus long initialement rédigé pour la revue La Révolution prolétarienne, d’autres points sont abordés, sans que cela ne se veuille « recette » ou « directives », seulement quelques réflexions.

Comment gagner ? Il serait fort présomptueux que de prétendre répondre de manière certaine à cette question. Mais quelques points paraissent pouvoir être mis en avant. Aussi énormes soient-elles, les manifestations ne suffiront pas dans le rapport de force qui se joue actuellement. C’est bien « le blocage de l’économie », « le pays à l’arrêt », « la grève généralisée » qui est nécessaire. C’est une des forces de l’intersyndicale nationale que d’avoir mis en place des échanges permettant le respect des différences, y compris dans les mots utilisés, tout en maintenant un front commun sans équivoque quant au but : l’abandon du projet de loi gouvernemental. Certains dénoncent une intersyndicale trop timorée, notamment à cause de la place prise par la CFDT. Tout d’abord, il ne s’agit pas de la place « prise » par la CFDT, mais de sa place réelle de première force syndicale dans le pays. On peut ignorer cette situation pour se simplifier la vie à coup de slogans, ou vouloir la changer par le travail quotidien de renforcement des organisations syndicales aux orientations et pratiques plus combatives. Dans le contexte actuel, il est indéniable que l’existence de l’intersyndicale est une force pour le mouvement ; elle entraîne des masses de personnes qui n’en seraient pas partie prenante sans elle. Et nous savons qu’un mouvement social qui dure a sa propre dynamique et permet des prises de conscience de l’exploitation capitaliste, des oppressions, de la nécessité de s’organiser en tant que classe sociale, etc.

La perspective, donnée près d’un mois avant, autour des 7 et 8 mars permet de construire la grève dans un maximum d’entreprises et services. La dynamique des manifestations depuis le 19 janvier favorise l’ancrage de la grève dans tout le territoire, pas seulement dans les gros établissements des métropoles. Certes, les faiblesses des Unions locales interprofessionnelles ne seront pas compensées en quelques jours. Mais la période actuelle permet aussi de renforcer ces coordinations syndicales permanentes au plus près du terrain, pour l’avenir. Diffusion de tracts aux portes des entreprises ou dedans, réunions, discussions informelles, etc., l’information aux travailleurs et travailleuses d’un maximum de boîtes est primordiale pour réussir la grève le 7 mars et pouvoir organiser sa reconduction à compter du 8.

Le 8 mars est une journée de luttes pour les droits des femmes. Elle doit le rester, dans le cadre du mouvement en cours. Cela ne s’oppose pas, au contraire, à ce que ce soit le premier jour de reconduction de la grève. La lutte féministe a son autonomie mais il y a là l’opportunité de montrer comment féminisme et lutte des classes s’articulent ; de quoi alimenter de fructueuses discussions en assemblée générale, le 8, dans les entreprises. Les AG, justement, sont une des clefs de la réussite. Pour que le maximum de salarié∙es y prennent part et s’y expriment, elles doivent être organisées au plus près des services, là où on se retrouve entre collègues. Les « AG » de villes, les « AG » interprofessionnelles, peuvent être utiles pour consolider la grève … mais il faut déjà organiser celle-ci dans les entreprises avant de vouloir la coordonner. Dernier point de ce trop court panorama : comme le montrent de nombreuses pancartes et banderoles dans les manifestations, la période est propice aux discussions débouchant sur la remise en cause des profits confisqués par une minorité, à partir du travail du plus grand nombre, sur la mise en exergue des besoins de communs donc sur la contestation de la propriété des moyens de production, sur la démocratie qui n’est sans doute pas le théâtre parlementaire, sur la réappropriation de nos retraites, que financent nos seules cotisations, donc en excluant État et patrons de leur gestion…

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