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Le grand soir et les petits pas

Photo Serge D’Ignazio

Dans un interview au Nouvel Obs, François Ruffin affirme : « Je suis social démocrate », et observe que le programme des 650 propositions de la FI et de la Nupes ne sont pas des propositions aussi radicales que celles du programme commun. Pour que les gens relèvent la tête, qu’ils cessent de se résigner, il fait l’hypothèse qu’il ne faut pas leur proposer le grand soir car cela peut paraître inatteignable.

Outre le fait qu’il y a de très nombreuses personnes qui relèvent la tête et s’engagent, on peut s’interroger si le fait de revendiquer des petits pas suffit à établir le rapport de force nécessaire pour gagner.

Prenons le mouvement féministe : est-ce qu’il revendique moins d’inégalités, moins de féminicides ? Non, il revendique l’égalité tout de suite et dénonce ce qui fait obstacle à cet objectif, le patriarcat et le capitalisme. Le processus de conscientisation est enclenché, les actrices de ce mouvement en sont principalement les premières concernées qui ont déclenché un mouvement de masse planétaire et c’est cela qui fait bouger les lignes.

Prenons le chômage : est-ce qu’on revendique moins de chômage ? Non, on veut l’éradication du chômage ce qui n’est pas synonyme de tout le monde dans l’emploi quelque soit l’emploi. Cela signifie que toutes et tous bénéficient de l’allocation chômage. Pourquoi ce n’est pas possible aujourd’hui ? Parce que le système capitaliste détermine la valeur des entreprises par les dividendes versés aux actionnaires, et organise les investissements en fonction de la valeur des actions. Et les dividendes ne cotisent pas à la sécurité sociale.

Si on ne dit pas où prendre l’argent, on ne construit pas les alternatives. Est-ce que ça veut dire que du jour au lendemain on va se débarrasser des actionnaires et que ce sera a

Est-ce qu’on veut des patrons moins violents ou est-ce qu’on veut maîtriser notre travail, les choix de production et les conditions dans lesquelles ces productions s’organisent et pas de patrons du tout ? L’appropriation sociale des moyens de production n’est pas une chimère, elle se met en scène dans le film de Gilles Perret Reprise en main. Allez le voir, on y gagne des forces pour militer !

Est-ce qu’on est contre la vie chère ( qui renvoie au pouvoir d’acheter et de consommer) ou est-ce qu’on veut des salaires pour vivre bien, et une échelle de salaire de 1 à 5 ? Sinon, on crée des alliances avec Michel Edouard Leclerc, lui aussi est contre la vie chère…

Intéressons-nous à ce qui monte dans la société pour dépasser une vision étriquée de la politique qui serait du domaine réservé des partis politiques. On passe plus de temps à s’intéresser à ce qui se passe dans les organisations qui forment la NUPES plutôt qu’à ce qui se passe dans la société. Au lieu d’être à 80 % sur les rapports entre organisations et 20 % sur les mouvements de la société, inversons les rapports. Il y a bien plus de personnes qui font de la politique que de militant·es organisé·es dans les partis. Et le niveau de l’abstention à chaque élection nous rappelle que les partis politiques et le système représentatif sont en crise.

Sylvie Larue

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