Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers précise d’emblée que, pour les sociologues, la mixité sociale « est plutôt une bombe idéologique qu’un objectif… et il constate que c’est un mythe. On a commencé à parler de mixité sociale dans les quartiers quand les noirs et les arabes ont commencé à y habiter…avant ça ne gênait personne… ». On travaille à 2 humiliations : la première sociologique à l’égard des couches populaires, à qui on dit : « si ça va mal, c’est à cause de vous… l’affirmation d’être fiers des milieux populaire a disparu des couches politiques ». La 2ème humiliation : « après le racisme, c’est l’islamophobie » et il évoque les difficultés dues au contrôle au faciès et les multiples vexations envers notamment les jeunes des quartiers. « Cette notion de mixité sociale est un élément de domination idéologique sur les couches populaires…qu’il faut absolument repousser… Ce que veut notre ville, c’est être une ville populaire, et le meilleur moyen de lutter contre la gentrification, c’est le logement social ».
Diangou Traoré raconte l’histoire du projet de rénovation urbaine du quartier des Francs-Moisins à Saint Denis dont le but affiché est la mixité sociale :« Il fallait juste nous dire : on ne veut plus de vous, rentrez chez vous, on va vous mettre derrière la montagne… Nous avons construit et fait de ce quartier ce qu’il est aujourd’hui, ça a été une bataille … ». Le conseil citoyen qui s’est formé a organisé un référendum : les habitants ont voté pour que les bâtiments restent tels quels. Elle poursuit « tout le monde était heureux d’habiter un HLM à l’époque des 30 glorieuses… et aujourd’hui, on se rend compte qu’il faut traiter ça de discrimination, de violence dans les quartiers. Le taux de chômage, tous les maux de la France, c’est la faute de ce symbole que sont les grands ensembles. La mixité sociale, je la vois comme un tracteur qui laboure tout sur son passage, je la vois comme un rouleau compresseur… Elle agit sur la santé mentale des habitants, sur leur stress ».
Pour Alexandre Grondeau les géographes préfèrent parler d’accessibilité plutôt que de mixité sociale : « La ville c’est la forme la plus productive en même temps de richesses et de pauvreté ». Pour lui, la mixité sociale est un mythe, « la ville a toujours été inégale, la non mixité sociale est fondatrice de la ville et, par ailleurs, la ville a toujours réussi à produire des richesses ; le problème est comment limiter la pauvreté et faire en sorte que les richesses produites profitent de manière plus large… l’injonction à une mixité rêvée, idéalisée, est un présupposé négatif. » Il ajoute : « le problème avec la ville c’est qu’elle est ce qu’en font les citoyens. La ville est un objet politique qui devient ce qu’en font les citoyens ».
Laurence Boffet, vice-présidente du grand Lyon a dépassé la question de la mixité sociale en évoquant ses expériences d’association des habitants aux projets de rénovation urbaine.
En fait, pour tous la solution est dans les quartiers comme le dit Patrice Leclerc, « on est fier d’être issu d’un milieu populaire, on va travailler à reconstruire et développer ce qui fait notre force ; la solidarité et la générosité…refaire une diversification sociale dans nos cages d’escalier sur une base volontaire d’habitat parce qu’on a envie de vivre ensemble et de faire du commun ».
Deux commentaires:
/ Un souvenir Jean Daniel Simon, cinéaste, qui habitait l’Ile St Denis, Quai de la Marine (côté St Denis) me racontait que le Consul Général du Cap Vert ( lui-même très noir) lui rendant visite (années 95) lui avait demandé ” Comment pouvez vous supporter qu’il y ait autant de noirs parmi vous ?” (!!!SIC) Cette remarque m’avait beaucoup choqué, puis je l’ai rapprochée d’une remarque quasi identique que m’avait faite (1984)un employé, malien des entrepôts du Printemps, à qui je vendais l’Huma’ Dimanche régulièrement. Il m’avait dit ” Il faut cesser de loger autant de noirs ” . comme je lui faisait remarquer que nous l’avions logé, lui, pourquoi pas les autres ? Réponse (en 1985) ” Nous, , nous sommes ici depuis longtemps. Une sorte de Droit du sol en somme.
/ le 1% patronal qui avait droit, comme financeur du logement social à un quota de logements neufs. Les attributions était du ressort exclusif, de l’Assistante Sociale de l’entreprise , laquelle était dans la main de son employeur.
Conclusion ? Il ne fallait pas construire ? Si. Mais AVEC la population.. Or les élus, même accompagnés par les Amicales de Locataires présentes dans les commissions d’attributions, “géraient”. Je ne me souviens pas avoir débattu de ces questions dans les réunions publiques de l’époque. Le FN l’a fait et nos réponses ne furent , et restent, défensives. On ne compte pas le nombre de MINISTRES, de droite ‘évidemment, qui habitent le 8ème Ardsmt de Paris et élus de ce secteur après avoir été logés, leur arrivée en France, dans des Ville à, direction communistes. Le consul cap-verdien et l’employé malien auraient être mieux entendus….