Trump battu, le « trumpisme » s’est manifesté pendant les derniers jours de sa présidence. La « horde sauvage » qui a pris d’assaut le Capitole était le résultat d’une coalition de réseaux ultra réactionnaires, complotistes et d’extrême droite comme QAnon, de suprématistes blancs, racistes, conspirationnistes, de partisans du port d’armes et d’une partie du prolétariat « blanc » craignant pour son déclassement et du patronat surtout de petites entreprises.
Trump et les « trumpistes » restent largement majoritaires dans l’électorat du Parti Républicain et ne songent qu’à prendre leur revanche. Ils vont mener bataille lors des futures élections locales et ne manqueront pas de profiter des conséquences sociales d’une crise économique qui n’en est qu’à ses débuts. Les dirigeants du Parti Républicain finiront-ils par crainte de nouvelles défaites électorales de choisir de rompre avec Trump ?
Pour se prononcer sur les premières mesures annoncées par Biden, rappelons que son choix a été largement souhaité et favorisé par l’appareil du Parti Démocrate en raison de ses positions néolibérales et modérées et donc jugé plus susceptible de l’emporter que Sanders.
Des mesures annoncées sont positives et certaines vont plus loin que ce qu’on pouvait prévoir : réintégration de l’accord de Paris sur le climat, efforts pour la protection des populations contre la covid (masques, vaccins), arrêt de la construction du mur avec le Mexique, régularisation de 11 millions de sans-papiers, renforcement de la lutte contre le racisme systémique, mesures en faveur des femmes et des homosexuel.les, arrêt du projet d’oléoduc Keystone : résultat des luttes des féministes de « me-too » ou des antiracistes après l’assassinat de Georges Floyd. Sur le plan social existent les propositions avancées par Sanders en faveur d’une généralisation du salaire minimum horaire à 15 dollars. Sont prévues l’augmentation de l’aide alimentaire aux 30 millions d’américains qui ont des difficultés à se nourrir et une prolongation du moratoire sur les expulsions locatives. Bien sur encore faudra-il que ces annonces soient mises en œuvre !
Par contre dans le domaine militaire rien ne devrait changer. En politique étrangère peu de choses ont été annoncées en dehors du retour au multilatéralisme. On ignore s’il y aura des changements pour Cuba, le Venezuela ou l’Iran. Le transfert de l’ambassade états-unienne à Jérusalem-Est ne sera pas remis en cause. Enfin la volonté de la Chine d’affirmer son influence en particulier dans ses zones géographiques proches et de rentrer en concurrence avec l’hégémonisme des USA est une source potentielle de conflits.
Le gouvernement de Biden est celui de l’establishment du Parti démocrate, habitué à servir l’élite du pouvoir financier et des entreprises. Certes la gauche démocrate et les Socialistes démocrates d’Amérique (DSA) feront pression pour aller plus loin dans les réformes et s’opposeront aux renoncements prévisibles. Mais l’enjeu à venir est le suivant : la profondeur de la crise économique combinée à la pression de la gauche et des mouvements citoyens et sociaux, poussera-t-elle Biden – comme Franklin D. Roosevelt l’a été dans les années 1930 à adopter des politiques économiques et sociales progressistes ou bien reviendra-t-on à une gestion plus traditionnelle ?
Henri Mermé
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