Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Dialoguons !

Prologue : Des appels ou initiatives collectives ou individuelles se multiplient. Ils annoncent tous la volonté d’agir en faveur de plus de justice, de démocratie, de respect de l’environnement L’équipe de rédaction de Cerises composée de militant.e.s issus de parcours différents, cherche à agir pour contribuer à ce qu’émergent des éléments d’une nouvelle culture politique permettant de dépasser le capitalisme. Il nous semble que pour l’instant la multiplicité de ces initiatives, qu’il ne s’agit pas d’unifier artificiellement, tend à un émiettement qui les empêche de dépasser une certaine confidentialité. Nous avons donc décidé de prendre une initiative dont le prolongement reste à définir et avons interpellé plusieurs acteurs/actrices de ces appels pour favoriser un débat public et élargir le cercle des participants. Pour illustrer ce dossier, nous avons choisi une série de belles photos de Serge D’Ignazzio que vous pouvez retrouver ICI. Dans le monde des soignants, monte une aspiration à changer de système, pas seulement à répondre aux revendications immédiates.

Interpellation de

La crise gouvernementale  phénoménale et l’absence d’une alternative claire et aisément identifiable rend urgent un large débat public. Il ne s’agit pas de se précipiter pour se mettre d’accord mais de donner à voir qu’un espace d’échanges et d’élaboration collective s’ouvre, largement accessible. Ne pas chercher à unifier artificiellement n’empêche ni le débat ni la controverse amicale et respectueuse et ce, de manière publique de façon à dépasser le cercle actuel des acteurs/actrices. Afin de favoriser l’ouverture de cette démarche, nous  avons proposé à plusieurs signataires d’appel de commencer un dialogue, sans fard. Nous remercions Ludivine Bantigny, Annick Coupé,  Pierre Dardot, Elsa Faucillon, Bernard Friot, Jean Laffont, François Longérinas, Christophe Prudhomme, Murielle Guilbert,  Marie Toussaint, d’avoir accepté de se prêter à l’exercice qui a consisté à répondre à ces 3 questions en quelques signes,  une gageure !

  • En vous lisant, il apparaît une tension entre répondre à l’urgence et affronter le capitalisme comme système. Pour l’équipe de Cerises, cela conduit à s’enfermer dans ce qui seraient des termes qui n’auraient pas la même temporalité, ce qui peut sous-entendre espérer reproduire ce qui était encore possible dans les années soixante du siècle passé. Cela nous semble aujourd’hui vain et nous paraît expliquer beaucoup d’échecs et de désillusions. Selon nous, désormais le seul moyen d’arracher quelque chose de positivement signifiant pour le plus grand nombre se trouve dans la quête d’un post-capitalisme, y compris pour pouvoir dégager des moyens durables aux revendications les plus pressantes mais aussi la manière même de les poser. Qu’en pensez-vous ?
  • Quel est le sujet du verbe agir politiquement ? Ne pensez-vous pas que l’espace clos des forces instituées comme espace représentatif des citoyens est une vision dépassée ? D’abord parce que les faits sont là. L’absence des milieux populaires qui ont pourtant fait la puissance des Gilets Jaunes interpelle la manière de faire et d’être des organisations. Nous notons qu’entre les Gilets Jaunes mais aussi déjà les Nuits Debout, les manifs sur le climat, en faveur de l’égalité pour les femmes ou les migrants, la volonté que le mouvement des intéressés ne soit pas subordonné aux organisations a émergé comme condition de l’existence même de ces mouvements ; cela a, durant le mouvement sur les retraites, parfois atteint le militantisme syndical au regard d’orientations de leur centrale. Phénomène que l’on retrouve dans de nombreux pays. La démarche c’est du fond. Que voulons-nous ? Des forces instituées qui parlent et agissent au nom des intéressés ou des intéressés qui s’organisent pour se constituer eux, en dynamique politique ? La crise de confiance actuelle de l’État et plus largement de toute démarche délégataire ne traduit-elle pas combien les formes politiques dominantes, loin d’être circonstancielles et uniquement liées à Macron, sont le signe de leur profonde obsolescence ?
  • Pour y revenir, ces questions, nous paraissent être décisives quant à notre devenir collectif. Que pensez-vous de sortir chacun de nos périmètres et de nous y confronter publiquement ?

L’équipe de rédaction de Cerises 


Se fédérer

par Ludivine Bantigny

Historienne

Bien sûr qu’il y a une urgence absolue à lutter contre la violence d’État, contre les attaques qui s’abattent sur tous les conquis sociaux, contre le racisme structurel et contre le patriarcat, à défendre nos libertés et nos droits, sans cesse grignotés par un pouvoir aux tendances de plus en plus autoritaires aussi parce qu’il est aux abois.

Il faut s’atteler, d’urgence, à se réapproprier collectivement les questions stratégiques, trop passées sous silence.

Mais le problème des « programmes », « plans », « mesures d’urgence », c’est qu’ils ne nous disent rien des conditions sociales et politiques qui permettraient de les mettre en œuvre. Les luttes, grèves, manifestations, occupations peuvent freiner un certain nombre d’attaques. Mais nous en sommes là : sur la défensive, et depuis trop d’années. C’est pourquoi il faut s’atteler, d’urgence, à se réapproprier collectivement les questions stratégiques, trop passées sous silence. Et combiner le temps immédiat des luttes et le travail patient mais crucial de la lutte frontale contre le capital : le dire, sans cesse, populariser notre anticapitalisme, le rendre de plus en plus légitime est évident. Mais aussi travailler à proposer des espoirs alternatifs, aussi réalistes que concrets. Tout est dit dans votre question, chères et chers camarades de Cerises ! En Normande d’adoption, je dirais : « les deux » – spontanéité et organisation. Nous avons tant besoin de syndicats de terrain qui mènent des batailles essentielles, souvent d’un très grand courage et d’une ténacité remarquable. Je regrette vivement que les organisations du mouvement social/ouvrier ne se soient pas lancées fermement dans la dynamique des gilets jaunes, en prenant la mesure de l’importance qu’a revêtue ce soulèvement populaire incroyable, tout en respectant son autonomie et sa spontanéité. Il me semble que les organisations demeurent utiles, à condition qu’elles sachent être à la hauteur des enjeux en envoyant promener le repli sur soi et en acceptant de se fédérer. La période n’est pas réjouissante, malgré les espoirs soulevés pour un « monde d’après ». La logique du capital, d’autant plus agressive qu’elle est mise en cause, déploie ses bâillonnements.

On n’améliorera pas, on ne verdira pas, on ne réformera pas le capitalisme.

Elle attaque en force. Dès lors le dépassement de nos périmètres politiques s’impose à condition d’être très ferme sur nos bases : on n’améliorera pas, on ne verdira pas, on ne réformera pas le capitalisme. Si donc la période n’est pas réjouissante, elle a au moins cette qualité exceptionnelle de voir le capitalisme de plus en plus critiqué, dénoncé, décortiqué dans ses méfaits et ses ravages. Celles et ceux qui le combattent sont en nombre croissant. Le tout (ou la partie) est de dépasser nos émiettements. C’est pourquoi nous avons lancé l’appel « Se fédérer » : tout sauf une énième tribune, mais la volonté déterminée de se regrouper entre associations, syndicats, collectifs, organisations, imaginer et médiatiser des alternatives au capitalisme, ne plus le faire « par le haut » et par la seule pensée théorique de quelques-unes ou quelques-uns, mais très collectivement, parce que nous avons toutes et tous quelque chose à en dire et à en faire.

Ludivine Bantigny

http://sefederer.mystrikingly.com/



Une véritable souveraineté populaire

par Pierre Dardot

Philosophe

Toute la question est de savoir comment on comprend la sortie du capitalisme.

Il y a, dès le XIXe siècle, une dualité entre programme minimum et programme maximum : d’un côté des revendications immédiates, de l’autre des mesures révolutionnaires visant à établir le socialisme et le communisme. Au XXe la question s’est reposée, quoique en des termes différents. La IIIe Internationale, puis les trotskystes, ont élaboré la notion d’un programme de transition pour surmonter cette dualité. Mais si l’on prend l’exemple d’une revendication transitoire comme l’échelle mobile des salaires, on s’aperçoit qu’elle présuppose l’acceptation du cadre du capitalisme et qu’elle n’est qu’un « pis-aller » ou un « bricolage » (Benoît Borrits).

L’État ne peut être l’instrument de la suppression du capital.

La réalisation du programme maximum présupposait quant à elle la conquête du pouvoir d’État et tout était ordonné à cet objectif. Or c’est cet objectif qu’il faut remettre en question : l’État ne peut être l’instrument de la suppression du capital. En effet, le capitalisme n’est pas réductible à la propriété privée des moyens de production. Il est aussi fait d’un imaginaire de maîtrise illimitée des forces de la nature directement opposé à tout projet d’émancipation. Il s’est formé en assimilant et transformant ce qui était déjà là avant lui. Par exemple, la souveraineté de l’État et la propriété lui ont préexisté. Mais il les a nouées de manière à garantir durablement sa domination. C’est la raison pour laquelle ces deux choses doivent être simultanément remises en question aujourd’hui.

La question du sujet de l’agir politique nous confronte à une difficulté analogue. Il n’y a plus un sujet identifiable une fois pour toutes, mais des sujets qui se constituent dans et par l’agir collectif. C’est l’acteur qui fait le sujet, non l’inverse, et les acteurs sont très divers. Mais on retrouve partout une critique en acte de la représentation politique. Car c’est par la représentation que s’exerce la souveraineté de l’État.

La représentation n’est pas un moyen, mais un obstacle.

A l’opposé, la véritable souveraineté populaire ne consiste pas en la périodicité d’un vote pour tel ou tel représentant, mais en des pratiques de contrôle actif et permanent des gouvernants par les citoyens. Elle fut expérimentée en France en 1792-93, en 1848 et en 1871, et a réémergé avec les gilets jaunes. Ce qui est en cause, c’est le rapport des moyens à la fin : pour servir l’émancipation, les moyens doivent être en eux-mêmes émancipateurs. Ils doivent en quelque manière rendre la fin présente au lieu de la renvoyer à un avenir indéfini. La représentation n’est pas un moyen, mais un obstacle. Ces questions de fond appellent une confrontation publique.

Pierre Dardot


Plus jamais ça !

par Annick Coupé

Attac

Mon parcours militant, dans le syndicalisme de transformation sociale , dans le féminisme, dans l’altermondialisme me conduit depuis longtemps à penser qu’il faut toujours penser les « revendications immédiates » avec un projet de société mais il est sans doute moins facile de penser cette tension aujourd’hui que dans les années 70 où il y avait des projets de société « clef en main » ; et encore plus complexe de penser des projets de société en y intégrant la pluralité des dominations dans le système capitaliste à l’heure de l’anthropocène. Est-ce que penser le post-capitalisme signifie ne pas répondre aux situations immédiates dans lesquelles sont plongées des parties entières de la population ? Ou faut-il plutôt travailler à ce que des mesures qui seraient utiles dès maintenant commencent à changer la donne et permettent une bifurcation en rupture avec les logiques actuelles. Cela suppose du débat avec les personnes concernées pour décider des revendications à porter, de l’expérimentation sociale mais aussi des luttes politiques, donc des rapports de forces globaux, pour modifier les choix politiques qui impactent nos vies quotidiennes.

Travailler à ce que des mesures qui seraient utiles dès maintenant commencent à changer la donne et permettent une bifurcation en rupture avec les logiques actuelles.

En France, Nuit Debout, le mouvement des Gilets Jaunes, les marches climat, les luttes féministes mais aussi le mouvement des retraites a montré la tension avec les organisations classiques, notamment le mouvement syndical mais, de mon point de vue, il n’y a pas une rupture totale et consommée. Ces mouvements, à partir de « revendications immédiates » posent des enjeux de fond, des enjeux de rupture avec le capitalisme et tout ce qui va avec (productivisme, consumérisme, inégalités…). Je ne sais pas si les formes politiques dominantes, les partis, doivent disparaître, mais ce qui est sûr c’est qu’ils n’ont plus le monopole de la transformation sociale et de la rupture avec le capitalisme, surtout quand ils ont abandonné cette idée même !

La question de l’auto-organisation est décisive mais elle doit aussi être travaillée : qui décide au nom de qui ?

Quelle articulation entre des décisions locales, régionales, nationales ? La délégation de pouvoir n’existe pas que dans les organisations constituées… Les questions de sexisme par exemple ne sont pas absentes des mouvements sociaux…

La confrontation publique est indispensable.

Nous voyons bien qu’il y a aujourd’hui une multiplicité d’appels autour des enjeux de cette crise de la COVID 19, de ses conséquences et de ce qu’elle ouvre comme remises en cause. Beaucoup de personnes, voire d’organisations, en ont signé plusieurs ou se déclarent intéressés par cette diversité. Est-ce à dire qu’ils sont de même nature ? Bien évidemment non ! Cela signifie qu’aujourd’hui aucun mouvement n’a les réponses à lui tout seul et qu’il ne suffirait d’ailleurs pas de trouver « un cadre unitaire idéal » pour trouver de chemin d’un autre monde ! Nous sommes dans une période de recherche, de tâtonnements… Ce n’est pas confortable d’autant plus que nous avons des adversaires qui eux sont déjà dans la stratégie du choc décrit par Naomi Klein et qu’il y a urgence à construire un imaginaire politique collectif pour un autre monde.  Mais il n’y a pas de raccourci possible et cela va prendre forcément du temps. Dans cette situation, la confrontation publique est indispensable. Et il est possible de sortir de sa « zone de confort » : qui aurait pu imaginer que Greenpeace et la CGT signent avec 18 autres mouvements un plan de sortie de crise contenant 34 mesures sociales et écologique, répondant aux défis sociaux, écologiques et démocratiques ? 

Annick Coupé

https://france.attac.org/nos-publications/notes-et-rapports/article/plus-jamais-ca-34-mesures-pour-un-plan-de-sortie-de-crise)



Pouvoir décider au quotidien

par Christophe Prudhomme

Syndicaliste CGT, médecin urgentiste

Des problématiques émergent en rupture avec le productivisme, la question écologique se pose de façon criante, hors étiquettages politiques.

On a effectivement au XXIe siècle une époque charnière,  des problématiques émergent en rupture avec le productivisme, la question écologique se pose de façon criante, hors étiquettages politiques. Les crises de ces derniers années montrent bien que, SRAS, COVID, SRAS2, etc., ces virus qui viennent du monde animal se développent parce que les protections naturelles ont été détruites. Hypothèses fort probables : la déforestation, le saccage des ressources de la planète. Il faut donc inventer autre chose. On n’a pas de modèle. Comment on va construire ? On a besoin au moins d’une forte minorité qui milite pour recentrer l’organisation de la société autour du bonheur humain, de la santé, de l’éducation, du travail comme un plaisir.

On aspire à quelque chose de beaucoup plus collectif comme direction, avec des femmes et hommes qui ont des mandats, précis et concrets.

Le modèle de démocratie représentative, parlementaire est complètement dépassé.  La proximité, le fait de pouvoir décider au quotidien exige des organisations beaucoup plus souples, plutôt que des élections figées pour des années. En France cette nécrose de la démocratie est aggravée par le couplage présidentielle/législatives. Il est clair qu’il y a une volonté d’agir au quotidien, de pouvoir exprimer ses positions, de pouvoir changer du jour au lendemain si ça ne convient pas. On aspire à quelque chose de beaucoup plus collectif comme direction, avec des femmes et hommes qui ont des mandats, précis et concrets. Qu’est-ce qu’un homme politique si ce n’est une responsabilité comme fonction et non pas un métier ? C’est à l’administration d’assurer la technicité, de mettre en œuvre les décisions. Cela suppose de réfléchir entre spontanéité, délégation limitée à ce qui peut être le plus efficace et partagé. .

Sortir chacun de nos périmètres et  nous confronter publiquement, pour l’instant cela reste un vœu pieu. Chacun crée son périmètre; pendant que persistent les organisations traditionnelles. Ceux qui ne sont pas satisfaits créent la leur et demandent qu’on se rallie à leur panache blanc. On ne pourra avancer ainsi.

Christophe Prudhomme


Rupture civilisationnelle

par Marie Toussaint

Députée européenne, EELV

Le capitalisme est une cause majeure de la destruction de la planète.

Disons les choses clairement : le capitalisme est une cause majeure de la destruction de la planète, et le capitalisme ne peut survivre dans un monde qui fait de la protection de la planète sa priorité. Il n’y a donc pas de tension entre l’urgence et l’affrontement du système : faire face à l’urgence et opérer à la révolution nécessaire pour rétablir la solidarité dans l’harmonie avec le vivant revient à mettre fin au capitalisme.

J’aimerais élargir toutefois. Car ce sont les dominations, qui sont nées avant le capitalisme et se sont développées dans d’autres systèmes politiques et économiques, qui nourrissent la destruction du système. Ce qu’il nous faut combattre, pour reprendre les termes de Mireille Delmas-Marty, ce sont les trois dogmes qui définissent nos sociétés : le dogme de la croissance et du productivisme qui, au-delà du capitalisme, détruisent et condamnent ; le dogme de l’anthropocentrisme, qui met l’intérêt humain au cœur de toute chose sans considérer que nous ne sommes qu’une partie du vivant et que nous en dépendons ; enfin le dogme de la souveraineté, conçue uniquement à travers l’état nation, là où nous devrions articuler une approche interscalaire allant des souverainetés locales à une souveraineté mondiale qui nous permettrait de protéger, respecter et chérir les communs planétaires comme le climat, la biodiversité, les océans ou… la santé.

Nous devons opérer à la plus grande rupture civilisationnelle de l’histoire.

Concrètement, si nous voulons préserver la planète, nous devons opérer à la plus grande rupture civilisationnelle de l’histoire ; accepter l’humiliation ultime qu’est la supériorité de la nature sur les desiratas humains et la transformer en opportunité pour garantir le bonheur, le respect des droits humains et sociaux pour toutes et tous. Ce n’est pas rien.

Il y a une vraie aspiration des populations, pas uniquement en France, d’enfin être respectée dans sa dignité, d’enfin participer aux décisions qui nous concernent toutes et tous. La crise de la démocratie représentative est profonde : si nous avons fait des progrès, encore limités, sur la question de la parité, toute la classe politique européenne s’homogénéise par le haut depuis la chute du mur de Berlin. Cela veut dire que de moins en moins de catégories sociales participent à la gouvernance, et c’est curieux, les inégalités et la destruction des communs ne font qu’augmenter !

Un monde qui s’appuie enfin sur celles et ceux qui ont été construit.e.s comme des subalternes, dont le vivant.

Nous publions demain un ouvrage avec Priscillia Ludosky, « Ensemble, nous demandons justice ». Ce que nous tentons de faire avec cet ouvrage, c’est de donner la parole à des populations trop peu écoutées : des gilets jaunes, des ultra-marin.e.s, des gens du voyage, des ouvrier.e.s… On se rend bien compte que quand on écoute ces populations-là, quand on construit avec elles, alors on protège la planète. Le monde d’après que nous devons inventer, c’est un monde qui s’appuie enfin sur celles et ceux qui ont été construit.e.s comme des subalternes, dont le vivant.

S’il y a bien une chose que nous devons faire aujourd’hui, c’est sortir de nos certitudes, et nous mettre enfin à nous écouter les un.e.s les autres. J’ai la conviction qu’en faisant ainsi, en reconstruisant du commun, nous trouverons les réponses aux questions qui se posent aujourd’hui à notre monde.

Marie Toussaint



Commencer par les fins

par Bernard Friot

Sociologue

Le communisme est une réalité empirique qui se constate dans la lutte de classes, pas un idéal qui se poursuit.

Que le communisme soit le seul chemin du communisme, je m’en suis convaincu petit à petit dans ma pratique militante, devant les échecs répétés de mobilisations pour un aujourd’hui démocratique dans l’attente d’un demain socialiste et d’un après-demain communiste, avec cette phrase si souvent répétée de camarades : ce pour quoi je me bats, je ne le verrai pas, mais je le fais pour les générations futures. S’il n’y a pas un « déjà-là » du communisme, il n’y a pas d’avenir du communisme. Le communisme est une réalité empirique qui se constate dans la lutte de classes, pas un idéal qui se poursuit.

Pour mettre des mots sur ce que je sentais confusément, la lecture de Marx et de la tradition marxiste que propose Lucien Sève a été décisive. En 1999, son « Commencer par les fins, la nouvelle question communiste » m’a aidé à sortir, comme chercheur, de l’aveuglement sur le déjà-là, tellement cohérent avec une analyse du capitalisme comme système de domination générant des victimes avec lesquelles être solidaire. Un aveuglement qui postule qu’il n’y a pas réellement de lutte de classes, parce qu’il n’y a qu’une classe pour soi, consciente de ses intérêts et en mesure de les faire valoir, la bourgeoisie capitaliste. Ce qui permet au chercheur d’écrire ce récit dont la bourgeoisie a besoin tout en étant du bon côté, celui des victimes ! J’ai repris à nouveau frais mon travail sur la sécurité sociale pour m’apercevoir que 1945 est une date fantasmée dont l’omniprésence dans l’histoire académique de l’institution sert à noyer 1946 et la subversion qu’opèrent les communistes avec le régime général construit et géré de haute lutte par les travailleurs contre le patronat et contre l’État.

Ôter à la bourgeoisie son monopole économique et étatique sur le travail, la production, la valeur…

tel est l’enjeu du régime général en 1946, tel est l’enjeu de l’aujourd’hui du déconfinement. Par exemple, la santé au travail s’obtient-elle d’un bon État protecteur contre un ennemi imprévisible, ce qui est l’essence d’un gouvernement autoritaire, le covid ayant la même fonction que le terrorisme ? S’obtient-elle d’institutions d’entreprise ou de branches négociées avec des directions au service d’actionnaires et de prêteurs qui n’ont rien à négocier ? Il n’est plus possible de se faire d’illusion de ces deux côtés. La santé au travail repose sur les décisions en matière d’investissement, de type de production, de constitution et de gestion des collectifs, de marchés internationaux. Ces décisions, ce sont aux travailleurs, et à eux seuls de les prendre, comme producteurs et comme citoyens (les deux sont parfois en conflit). La santé au travail repose sur l’ici et maintenant de la conquête de l’auto-organisation contre les directions, dans les services publics comme dans les entreprises.

Bernard Friot


Passerelles entre immédiateté et visée

par Elsa Faucillon

Députée PCF

Une rupture profonde avec le capitalisme

Je vous concède que sans penser une rupture profonde avec le capitalisme il est effectivement impossible de répondre aux défis qui se posent devant nous. Ses manifestations brutales sous la forme néolibérale comme la menace de destruction de l’écosystème ne peuvent pas fonder une société qui offre à chacun les moyens de son libre développement, en harmonie avec son semblable et le vivant. Les dernières décennies ont offert une clarification du champ politique. En même temps que se sont effondrés les logiques du compromis de classe sous l’effet des assauts du capital, a disparu la possibilité d’options de conciliation. L’échec de la social-démocratie en atteste.

Cependant, la nécessaire articulation entre quête d’un post capitalisme et recherches de réponses aux revendications pressantes n’a pas disparu. L’idée que des ruptures fortes sont indispensables grandit. Nous le voyons dans la jeunesse qui se mobilise pour le climat, elle établit un lien fort entre les ravages sur le climat et le capitalisme.  Mais force est de constater que si l’idée s’installe, elle a besoin de perspectives solides, d’incarnation.

Lorsque des employées de ménage en grève font reculer des compagnies comme Onet, ou quand l’on organise une grosse bataille contre la réforme des retraites, ce sont des passages obligées pour organiser la conscience post-capitaliste de ce que nous appelons à construire. En leur absence, nous pourrions tomber dans une proclamation qui ne serait pas issue du réel. Je reconnais que l’équilibre n’est pas simple à trouver mais ce travers pourrait s’avérer aussi dangereux que l’illusion réformiste. Et puis il y a des luttes qui portent dans leurs pratiques comme dans leur objet une sorte de passerelle entre immédiateté et visée, je pense par exemple à NDDL. Ce n’est donc pas impossible !

Le combat émancipateur ne peut plus être incarné par un sujet unique comme la classe ouvrière.

 Une des leçons à tirer du XXe siècle, c’est que le combat émancipateur ne peut plus être incarné par un sujet unique comme la classe ouvrière. Il y a des sujets qui occupent de multiples positions, de classe, de genre, de “races” et qu’ “agir” se conjuguent nécessairement au pluriel en ce sens. Et puis, il existe une crise de la médiation politique. Les milieux populaires sont effectivement absents des instances représentatives. Pourtant, ils ne sont pas sous-représentés dans les suffrages qui se portent sur la gauche même s’ils le sont plus faiblement que dans le passé.

Sur le plan institutionnel, il faut évidement une intervention plus directe et réelle des citoyennes et des citoyens et plus largement de celles et ceux qui vivent sur le territoire. Mais le problème est sans doute plus profond encore. Dans sa construction, la démocratie libérale a circonscrit la politique à un domaine restreint. Elle autorise et organise ainsi une relative autonomie de certains domaines comme l’économie ou la gestion des ressources et des besoins. Pour sortir de cette hémiplégie démocratique, il faut penser un déploiement plus large de l’intervention politique de toutes et tous qui investissent d’un pouvoir de décider de l’organisation de nos vies. Cette demande est commune à tous les mouvements que vous avez cités.

Mon expérience de militante politique comme de députée est un engagement sincère et dans lequel je crois. Cependant, je ne suis pas partisane du “chacun dans son couloir”. Dans l’espace du Big Bang que j’anime avec ma collègue Clémentine Autain, mais aussi avec Guillaume Balas, Alain Coulombel et des personnalités syndicales, associatives… une de nos premières préoccupations est d’ailleurs de le penser comme un carrefour où peuvent se retrouver des militants politiques et du mouvement syndical, la diversité des engagements associatifs comme le monde de la culture et des intellectuels et enfin tout un chacun.

Sortir de nos périmètres n’est pas une idée saugrenue, elle est absolument nécessaire.

Elsa Faucillon

https://lefildescommuns.fr/

https://www.liberation.fr/debats/2020/04/20/federer-au-sein-des-gauches-et-des-ecologistes-le-temps-nous-oblige-vite_1785804



Créons la coopérative sociale, démocratique et écologiste.

par François Longérinas

FI, militant de l’ESS
De la résistance à l’alternative.

La crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus accélère l’amplification des crises sociale et démocratique. Au sein même du domaine de la santé, elle révèle non seulement la casse su service public, mais elle met à jour les limites des appareils bureaucratiques du secteur. Non seulement ceux-ci ont été inféodés à la loi du marché, mais les usagers, comme les salariés, n’ont pas leur mot à dire. 

Et ce sont, à travers l’ensemble de la planète, les plus démunis qui en font les frais.
D’un autre côté, force est de constater que des milliers d’initiatives citoyennes solidaires de terrain se sont déployées dans les quartiers populaires : distributions alimentaires et de vêtements, fabriques de masques, soutien scolaire… Même si ces actions sont le plus souvent réalisées avec le soutien des réseaux historiques, j’ai pu observer, en particulier dans le 9-3, que les collectifs qui se sont développés pendant le confinement ont non seulement la préoccupation de répondre aux urgences, mais également de pérenniser ces actions et de les inscrire dans une démarche horizontale de partage et d’échanges. Et non strictement caritatives dans le modèle « on aide les pauvres » mais dans « l’entr’aide ». Voici un signe de l’après qui s’appuie sur du concret.

Agir politiquement.

Les outils sont sur l’établi. Vouloir faire de la politique autrement, ce n’est pas nouveau. Comment y parvenir ?
L’expérience des Municipales est à ce jour une expérience inédite avec l’émergence de listes citoyennes portées par des collectifs engagés dans des mobilisations sur les territoires.
Si les résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances, ils révèlent une véritable dynamique, souvent inspirée par une démarche communaliste. Quelle ne fut pas ma surprise de constater que lors des échanges entre ces réseaux citoyens et les organisations politiques instituées (de gauche et écologistes), ces dernières ont le plus souvent voulu reprendre la main, au nom de leur expérience et de leur légitimité « historique ». Le plus souvent sous la houlette d’un leader charismatique. De la manière qu’elles entendent se battre pour prendre le pouvoir d’État, elles promettent aux citoyens un « avenir meilleur », lorsqu’elles auront gagné les élections et se mettront alors au service du peuple …

Construire une fédération populaire implique impérativement que les organisations politiques et syndicales sans négliger les échéances électorales et institutionnelles, s’engagent à donner le pouvoir au peuple. Pas demain mais chaque jour.

Coopérer pour construire une alternative. 


La démarche coopérative est un outil précieux pour ce faire, à la condition que la parole de chacun, comme celle des collectifs, soit respectée, dans les actions comme dans les décisions.
Et c’est vrai aussi dans les mouvements sociaux et dans les entreprises : une lutte peut dessiner une alternative si dans son fonctionnement même, la démocratie réelle est à l’œuvre.

Créons la coopérative sociale, démocratique et écologiste avec toutes et tous ceux, individus et organisations, qui entendent construire une alternative. Répondre aux urgences ne doit pas faire l’économie du « travailler ensemble », ici et maintenant.
La construction d’une alternative écologique et populaire doit se construire dans une démarche autogestionnaire, à défaut de reproduire les mécanismes d’arrangements d’appareils.

François Longérinas


Ne pas se substituer à celles et ceux qui luttent

par Murielle Guilbert

Secrétaire nationale de l’Union Syndicale Solidaires

Pour Solidaires, l’idée de combattre le système capitaliste n’est pas apparue avec la crise du coronavirus…

Le lien incontournable entre défense des travailleur-euses et la transformation sociale est dans les gênes du syndicalisme que nous portons, renvoyant à la « double besogne ». Une fois posé cela, il est évident que la tension entre les attentes immédiates et le changement global peut donner l’impression de naviguer entre des solutions et revendications classiques (services publics, hausse des salaires, logement social, protection sociale etc…) et des revendications qui peuvent être  vues comme incantatoires quant au changement de système.

Pour Solidaires, il nous semble qu’imposer un autre système passe non seulement par les luttes contre toute réforme régressive, mais aussi et surtout par la construction d’ alternatives, avec comme prisme incontournable, trois éléments fondamentaux, liés et interdépendants: la justice sociale, la justice environnementale, et le combat contre toutes les formes de domination, d’où nos combats féministes, LGBT, antiracistes, antifascistes.  Les revendications « classiques » n’en sont pas moins intégrées dans ce changement de système fondamental.

L’auto-organisation des travailleur-euses

L’auto-organisation des travailleur-euses et au-delà de toutes celles et ceux qui luttent est essentielle pour Solidaires. Penser le syndicat comme un outil ( matériel, militant, de réflexion) au service de ceux et celles qui ont justement bousculé les systèmes de représentation est quelque chose de fondamental.

Quelle nature peut prendre le changement de système après la fin du capitalisme, comment le construire et y parvenir ?

Parce qu’à ce moment là, il ne se substitue pas à celles et ceux qui luttent, et qu’il participe au contraire à une démarche émancipatrice élément clef d’un changement de système à venir. Ce qui signifie aussi que Solidaires n’est pas une fin en soi. La réappropriation la plus large possible de ce que notre syndicalisme porte en terme de revendications et de valeurs, passe par justement l’appropriation de celles-ci par le plus grand nombre, dans un mouvement d’enrichissement mutuel, qui remet aussi les revendications syndicales en adéquation avec la réalité et les besoins concrets. Notre outil syndical, de par son histoire est aussi pour un moyen pour ceux et celles qui se sont organisés de pouvoir structurer et penser les débouchés et les victoires de leurs luttes.

Quelle nature peut prendre le changement de système après la fin du capitalisme, comment le construire et y parvenir ? La question de l’autogestion, de ses limites, la question de l’élargissement des luttes, sont des questionnements qui traversent notre organisation syndicale.

Concrètement, notre implication au collectif Urgence sociale et climatique participe déjà d’une démarche où des acteur-trices différents du mouvement social se sont confrontés pour sortir un plan de sortie de crise comprenant 34 mesures qui ne sont qu’un début.

Solidaires est évidemment ouvert aux débats au sein du mouvement social, dans la mesure de ses moyens !

Murielle Guilbert



Une révolution culturelle

par Jean Laffont

PEPS, Pour une écologie populaire et sociale

L’humanité est confrontée aujourd’hui à une situation inédite : celle d’une planète finie, qui réagit aux agressions de notre société industrielle, et que nous ne maîtrisons plus. Nous ne vivrons plus comme avant.  Il est vain de croire que le capitalisme pourrait résoudre les problèmes dont il est à l’origine. C’est oublier sa nature productiviste, sa course permanente au profit, qui transforme les sociétés en un vaste marché.

Nous devons faire notre révolution culturelle :

– dans le regard sur la nature, que nous considérions comme une ressource exploitable à merci. Ce n’est plus tenable, pas seulement pour des raisons éthiques, mais  parce que l’espèce humaine ne survivra pas sur une planète où la vie aura disparu.

– dans les relations entre humains. Le capitalisme est fondé sur la domination et la concurrence entre humains, qu’il a transposées dans ses rapports avec la nature, allant à l’encontre des mécanismes du vivant, fondés sur la coopération et la symbiose. En appliquant ces principes dans ses sociétés, l’être humain réintègre les écosystèmes.

Un nouvel imaginaire, fondé sur ces bases, se construira à partir des pratiques. On peut imaginer quelques traits :  fin de toutes les formes de domination, à commencer par le patriarcat, retour à une sobriété volontaire, à une société plus lente, autogérée et solidaire, où le travail ne sera plus la valeur centrale. Cette société sera ouverte, le principe du commun gouvernera la sphère socio-économique comme la sphère politique.

Cette utopie commence à avoir un visage, dans des luttes écologistes et sociales et des alternatives qui tentent de construire une société post-capitaliste dans les interstices laissés par le capital.

Prendre le pouvoir ?

La lutte se fait sur deux fronts liés : 1) local, en fédérant les alternatives et les luttes  et en leur donnant un sens émancipateur, sous l’égide d’assemblées décisionnelles appliquant la démocratie directe ; 2) national et international,  dans la résistance au capital, en reliant le local et le global.

Les partis politiques ont pour rôle de soutenir les mouvements, de proposer des analyses et des orientations que les masses peuvent s’approprier, aider à leur auto-émancipation, sans prétendre à un rôle dirigeant.

La voie des élections ne mènera jamais au pouvoir, l’électoralisme a conduit bien des partis à s’intégrer au système. Je conçois l’« État » de demain à l’opposé de l’État-nation centralisé, comme une construction par en-bas, par  fédération et confédération, à l’instar du municipalisme libertaire.

Jean Laffont


Les appels en Mai 2020

Une étonnante profusion d ‘appels émerge en ce temps de confinement invitant les signataires à réfléchir « au monde d’après » sous différentes formes… nous en avons recensé une bonne trentaine et, sauf erreur ou omission de notre part aucun ne vient de la droite de l’échiquier politique et syndical.

Tous appellent à réfléchir au monde d’après et aux transformations nécessaires de la société avec des composantes écologiques et économiques, tous en appellent aux citoyens mais avec des différences, bien sûr. Et nous avons entrepris de les classer par thème en fonction de trois entrées :

  • 1° Quels sont les signataires et à qui font-ils appel ?
  • 2° A qui s’adressent-ils ?
  • 3° Quels sont leurs registres de revendication ?

1° Presque tous partent de réseaux associatifs auxquels s’ajoutent pour quelques-uns des syndicats, des membres de partis politiques et/ou des personnalités du monde culturel. Des noms de personnalités connues dans un champ ou dans un autre semblent permettre d’accréditer l’appel.

2°Plusieurs s’adressent ou aux gouvernants, ou (presque tous) aux citoyens.

3° Ils en appellent tous à plus de démocratie et de participation citoyenne, à l’écologie, et à une économie plus sociale, mais avec des dominantes et des variantes.

Les plus politiques revendiquent un changement de système

« Nous les premiers » cet appel s’adresse directement à E. Macron, et il est signé par plus de 100 personnes réparties entre élus, « personnalités publiques », associatifs et citoyens et s’appuie pour se crédibiliser sur le soutien de la commission nationale du débat public. Il est très axé sur les conditions environnementales et les changements climatiques nécessaires et en appelle à des nouvelles institutions plus démocratiques plus ou moins à l’image de l’assemblée citoyenne pour le climat : un conseil national de la transition et une association citoyenne comportant des citoyens tirés au sort

La tribune parue dans Libération Sauver le capitalisme ou changer l’économie se rapprocherait du précédent :  composé d’intellectuels, de syndicalistes, et de membres de partis politiques de gauche dont des personnalités connues là aussi, défendent une économie anti capitaliste, et une transition écologique par une réflexion globale et citent plus particulièrement les transports, les pollutions, et les productions inutiles.

 Plus jamais ça  18 responsables syndicalistes et associatifs : écologistes féministes et social dont notamment la CGT, Greenpeace et Attac en appellent à réorienter le système de production par une politique plus sociale et écologique de la BCE. Ils proposent 34 mesures pour sortir de la crise.

Pour nourrir les contenus d’une alternative, la tribune Ensemble tout est possible, soyons responsables , reprend nombre de thématiques altermondialistes. 

Les jours heureux prenant E. Macron aux mots une quinzaine de personnalités intellectuelles hors partis et syndicats proposent de réfléchir à l’instauration d’un nouveau CNNR avec un programme politique, économique, et social pour l’après.

Des appels plutôt centrés sur l’écologie, pour une transition écologique :

Les citoyens pas les pollueurs face aux deux crises économique et climatique proposent à la BCE un « new deal vert » comme alternative au « new deal » en vigueur.

 L’appel commun à la reconstruction face aux vulnérabilités climatiques ils proposent une reconstruction écologique et sociale appuyée sur la convention citoyenne pour le climat

Pour une reconstruction économique plus équitable :

Le mouvement français pour un revenu de base : des associations de luttes sociales AC contre le chômage ou les Amis de la terre ou Justice droit immigration plaident pour un revenu de base comme moyen d’assurer plus de solidarité de service public et de protection sociale

Peps après l’épidémie  44 personnalités politiques intellectuelles et associatives plaident pour « redémarrer autrement » contre le libéralisme et relancer la COP antisociale, anti-écologique et liberticide

Des appels ont des problématiques plus ciblées :  Bas les masques pour la défense de l’hôpital, ou les appels pour la culture.

Enfin l’appel  Se fédérer auquel Cerises la coopérative se joint, commence ainsi : « Nous sommes nombreuses, nous sommes nombreux : nous sommes tant et tant à penser et éprouver que ce système a fait son temps. Mais nos voix sont dispersées, nos appels cloisonnés, nos pratiques émiettées. »

Benoit Borrits, Bénédicte Goussault, Daniel Rome

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1 réflexion sur “Dialoguons !”

  1. la réticence des orga. politiques de gauche, notemment PCF et CGT, vis à,vis ndes G.J. était par l’orientation première appuyée par le vocabulaire de la plupart des participants affirmés aux Rds-points: “les petits”, ” l’Elite”, le refus de la fiscalité en général (silence sur l’ISF), etc…Orientation qui connaît un coup d’arrêt qu’exprime M. Le Pen lorsqu’elle demande , fin Décembre 18, “d’arrêter le mouvement” (comme si elle le dirigeait, ce qui s’avère faux, ce qu’elle a bien compris.). CE que macron & Co comprend à son tour et fait donner la cannonade policière. L’important est que ces mêmes orgas le 1er Mai suivant l’ait compris. Observons que, de façon plus préoccupante, le piège électoral macroniste ” c’est moi ou Le Pen! ” reste béant, face un Capital de + en + inquiet, même américain, face à l’agitaion sociale. Il est urgent de prendre conscience que ce iège est déjouable, si l’on admet aucun mouvement révolutionnaire en France, sans une large diversité politique, (arrivistes inclus; Sieyes, Talleyrand,Guizot, Lamartine, Clémenceau, de Gaulle et même Macron). Les Orgas sont indispensables mais ne doivent PAS être seules à la manoeuvre: c’est le plus difficile; C’est la raison d’être des GJ.

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