Oui, ce qui a bougé par rapport au projet initial du gouvernement et du patronat, pour quelques catégories de salarié.es, est à mettre à l’actif des grévistes. Mais notre titre est provocateur : en vérité, rien n’est résolu sur le fond, loin de là.
Pourtant, des acquis, consolidés avec ce conflit, il y en a, mais ils sont autres. A la RATP notamment, c’est la redécouverte par toute une profession de la lutte reconductible de masse, des assemblées générales, des piquets de grève, de l’unité syndicale, de la solidarité interprofessionnelle locale. Côté SNCF, si la grève sans AG de 2018 a fait reculer l’auto-organisation et la démocratie ouvrière qu’avait relancée durant des dizaines d’années la grève de 1986/87, le mouvement actuel n’en est pas moins exceptionnel ; par sa durée et par ce qu’il révèle d’un corps social encore bien vivant, malgré des dizaines d’années d’attaques frontales contre « la famille cheminote ». Au-delà de la RATP et de la SNCF, la lutte en cours depuis le 5 décembre rappelle, dans la suite des Gilets jaunes, que c’est l’action directe des exploité.es de ce système qui ouvre la perspective d’une rupture avec celui-ci. Ce sont les grévistes qui font la politique depuis le 5 décembre ! Et le meilleur moyen de « les soutenir » est de dépasser cette notion et de prendre part à la grève. Dire cela ne dispense pas d’être lucide quant aux difficultés liées à la faiblesse syndical dans trop d’entreprises.
Julien Troccaz, secrétaire fédéral SUD-Rail
Alexis Louvet, Solidaires Groupe RATP
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