Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


400 auteur·e·s de BD appellent au boycott du festival d’Angoulême

L’appel de 400 auteur·e·s à boycotter le festival d’Angoulême a été publié par l’Humanité à l’initiative du syndicat STAA et de MeetooBD.

La création du festival d’Angoulême avait consacré la BD comme un art, une affaire sérieuse, et reconnue. Plus d’un demi siècle après, les démons de l’époque y frappent à leur tour. L’association organisatrice, l’ADBDA s’apprête à fusionner avec la société 9eArt. Les réponses données aux auteur·e·s ont été assez évasives pour ne rassurer personne. Sauf celles et ceux qui ne voient dans la BD qu’un objet de succès et le sujet d’une rentabilisation sans foi ni loi ; car si l’impertinence des débuts a laissé un (trop) la place à de l’esthétique soignée et des propos plus policés, la gestion du festival ne fait guère consensus. Le licenciement d’une salariée qui avait dénoncé un viol avait mis un coup de projecteur sur les revers de la médaille. Le recours à nombre de précaires, une banalité certes !, a pu émouvoir. En s’emparant de la question MeetoBD entend ne laisser aucune omerta cacher l’ignoble. Le 7e Art n’échappe pas au mouvement, à la révolution féministe, qui « fait le ménage » contre la domination masculine et le « tout est permis ».

Aujourd’hui c’est la marchandisation de cet évènement qui est contestée. A juste titre le STAA rappelle que » en plus de 50 ans d’existence, le festival d’Angoulême est devenu un événement incontournable de la BD, c’est grâce aux acteur.ice·s qui le font vivre et qui l’animent : travailleur.euse·s de la BD, auteur.ices, éditeur.ice·s, traducteur.ices, journalistes et critiques… et bien entendu les lecteur.ices, par leur fidélité à cet événement ».

Le Festival d’Angoulême est confronté à des choix décisifs compte tenu de son succès et face aux tentatives de marchandiser toute l’activité culturelle. Comme bien d’autres ici il ne pourra échapper à interroger son fonctionnement. L’exclusion des actrices et acteurs du secteur, artistes comme technicien·ne·s pourra-t-elle durer ?

Les grands festivals ne peuvent se contenter de devenir de grandes foires, vitrines d’un secteur culturel, en se contentant du buzz de l’évènement sans en faire une vraie reconnaissance, une fête de toutes celles et ceux qui concourent à sa production, sa diffusion et son succès.

Patrick Vassallo

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