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AEMO en danger

Le secteur de l’Assistance Éducative en Milieu Ouvert (AEMO) traverse une crise profonde, marquée par des difficultés de recrutement de plus en plus récurrentes. Cette situation alarmante s’explique par une combinaison de facteurs structurels et conjoncturels qui rendent le métier peu attractif malgré son rôle essentiel dans la protection de l’enfance.

 

D’abord, les conditions de travail se sont considérablement dégradées. Les éducateurs spécialisés doivent faire face à une charge de travail excessive, avec un nombre croissant de suivis à assurer, limitant ainsi le temps consacré à chaque famille. À cette pression quantitative s’ajoute la complexité des situations familiales : précarité, violences intrafamiliales, addictions, troubles psychiques… Autant de problématiques qui exigent une implication émotionnelle intense, menant fréquemment à l’épuisement professionnel. Cette réalité est aggravée par une pression institutionnelle constante, les travailleurs sociaux devant répondre aux injonctions des magistrats dans des délais parfois irréalistes.

 

Ensuite, le manque de reconnaissance pèse lourdement sur l’attractivité du métier. Malgré la responsabilité immense qu’ils portent, les professionnels de l’AEMO restent faiblement rémunérés, avec peu de perspectives d’évolution. La précarité des contrats et les financements fluctuants des structures associatives renforcent ce sentiment d’instabilité. La bureaucratisation du secteur, imposant un nombre considérable de tâches administratives, éloigne encore davantage les éducateurs du terrain et alourdit leur quotidien.

 

Enfin, la formation nécessaire pour exercer en AEMO, bien que essentielle, constitue un frein au recrutement. Le Diplôme d’État d’Éducateur Spécialisé (DEES) ou une licence en travail social demandent un engagement important, alors que les débouchés offrent peu d’avantages en comparaison avec d’autres secteurs. De plus, l’image du travail social souffre d’une dévalorisation progressive, perçue comme une profession difficile et mal rémunérée, où l’épuisement est devenu la norme.

 

Face à cette crise, il devient impératif de repenser l’attractivité du secteur : revalorisation des salaires, allègement des charges administratives, augmentation des effectifs pour mieux accompagner les familles, et surtout, une reconnaissance à la hauteur des enjeux. Sans ces mesures, le recrutement en AEMO continuera de s’effondrer, avec des conséquences dramatiques pour les enfants et les familles qui ont besoin de cet accompagnement essentiel.

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