Le multiculturalisme fait coexister des expressions et modes culturels différents au sein d’une même société ; c’est un danger pour l’extrême droite ou la droite extrême car les acteurs et actrices culturels (artistes et passeurs) contribuent par la diversité culturelle de leurs œuvres ou de leur travail à tisser des liens permettant un sentiment d’appartenance, une identité collective riche et inclusive, loin de la préférence nationale.
Censure et baisses drastiques de financements publics sont souvent le bras armé des politiques extrémistes de droite. Pour étayer ces propos, quelques exemples en Provence, région dans laquelle je vis et où j’ai exercé pendant quelques décennies des responsabilités dans la gestion et l’organisation d’événements culturels.
Pour se redire qu’il n’y a rien de bien nouveau sous le « soleil » du FN /RN, rappelons-nous que dans les années 1990, une des premières actions de la municipalité de Toulon, tombée aux mains du FN, fut d’interdire lors du festival du livre, la venue de Marek Halter, écrivain naturalisé français, d’origine polonais, juif, à l’origine des premières rencontres entre Israéliens et Palestiniens. Les livre, auteurs et autrices sont des cibles privilégiées, ainsi à Orange, la gestion de la bibliothèque municipale par des élus d’extrême droite a conduit à une politique dite de « rééquilibrage » des acquisitions visant à compenser les ouvrages jugés de gauche par l’achat d’ouvrages de droite. Sans doute n’est-ce pas le seul exemple de ces visions étroites du pluralisme…
Dans la ville d’Aubagne où s’est déroulée ma carrière, l’une des premières mesures prises dès 2014, par le maire LR et son élu à la culture fut de censurer le festival d’Art singulier, événement majeur dans le domaine des arts plastiques, en demandant à Danielle Jacqui, peintre reconnue internationalement et directrice artistique, de retirer certaines œuvres choisies pour faire partie des expositions ; ce qui a bien évidemment signé l’arrêt de mort de la manifestation.
Que dire encore des 30 années de travail, dans cette même ville, pour promouvoir les arts de la rue, en lien avec le centre national de création Lieux Publics de Marseille ? Tout cela balayé d’un revers de main, par peur sans doute de voir l’espace public envahi par des artistes pouvant attirer des foules et susciter des interactions spontanées incontrôlables ! Les valeurs du vivre ensemble, la réappropriation par tous de l’espace public ne font pas bon ménage avec les idées de l’extrême droite et des droites extrêmes.
Laurette Authouard
autrice, ancienne directrice de la culture d’une collectivité
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