La construction de la sécurité sociale, initiée par la création de caisses de solidarité en un temps record illustre parfaitement cette citation. La sécurité sociale est évidemment l’un des piliers majeurs du fonctionnement de notre société, qui représente la volonté de ceux et celles qui l’ont développé de permettre à toutes et tous, d’être protégé.es de l’incertitude, de la misère du monde par un fonctionnement solidaire de cotisations. La sécurité sociale représente plus qu’une simple réforme structurelle. Elle porte en elle un idéal de société et le fait vivre. La société ouvrière s’auto-organise. Elle est l’aboutissement de dizaines d’années de résistance de pauvres, de sans noms, de forces politiques humanistes qui cherchaient à inverser le rapport de force dans le monde du travail. Toute transformation de société résulte d’un rapport de force entre deux, ou plusieurs acteurs qui portent en eux un idéal de société, un imaginaire.
Cette grande victoire sociétale face aux monde du capital est depuis lors, une véritable cible pour les capitalistes et néolibéraux, Les puissants, (gouvernement libéraux, patronat…) coudes à coudes s’allient de gré pour détruire méthodiquement un maximum d’avancées sociales. Ils visent leur imaginaire : celui d’un monde ou l’humain n’est que marchandise, où faune et flore de notre monde ne sont que capital, échangeables, vendables dans une économie de marché mondialisée, où le monstre capitalisme cherche sans cesse à conquérir de nouvelles sphères pour continuer à grandir, dans un monde en revanche, limité. Un capitalisme néolibéral qui est sur la pente descendante, à bout de souffle et qui devient alors agressif pour tenter de survivre malgré tout.
L’avènement du libertarianisme, porté par un ensemble d’oligarques américains est évidemment alarmant. Le capitalisme ouvre la porte à l’ultra libéralisme fasciste et raciste. (Le populisme puant a de beaux jours devant lui), En France, le pouvoir s’accroche à son siège et dévoie toutes les règles démocratiques pour que rien ne change.
Dans notre champ syndical, on peut observer certaines conséquences de cette évolution mortifère : la fatigue et la résignation gagnent du terrain chez nos collègues. Face à la guerre sociale qui nous est faite par ces gouvernants sociopathes, nos réactions ponctuelles de résistance et de colère semblent vouées à rester inopérantes. Aussi, il apparaît crucial de prendre du recul afin d’élaborer plus lucidement une stratégie de moyen terme. Nous pensons qu’il faut redonner l’envie d’avoir envie (comme dirait l’autre) par la mise en pratique de notre imaginaire et l’espoir d’avancer vers du meilleur. Un monde social, solidaire et écologique ne se crée pas uniquement à coup de votes et de réformes. Il s’incarne. Beaucoup œuvrent par leurs actes partout dans le monde pour transformer celui-ci. Probablement qu’il nous faut oser aller vers plus d’inventivité collective, où nous poserons des actes concrets de solidarité et d’action autogérées. Le Snep s’y emploie notamment via la formation continue[1] des enseignant.es d’EPS, mais cela doit se penser plus largement, sur une temporalité plus longue et avec une stratégie clairement établie.
Nous avons encore le pouvoir de changer les choses, et si la fatigue est présente, la détermination l’est encore plus. Face au vieux monde qui se meurt, posons lucidement nos bases afin de repartir mieux préparé.es. Rien n’est perdu tant que les âmes résistent et c’est pour cela qu’à la fin, c’est nous qu’on va gagner.
Snep-FSU 35
[1] La formation continue a été saccagée depuis plusieurs années, soit inexistante, soit destinée à faire passer des réformes contestées. Le Snep-Fsu a décidé de s’en emparer et d’utiliser les possibilités des stages syndicaux pour auto-organiser la FPC.
Image : ©AnaisEnjalbert
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