Contre toutes les dominations

Nous vivons une époque charnière, marquée par deux trajectoires opposées : d’un côté, une fascisation croissante des sociétés, nourrie par l’accélération néolibérale et les peurs identitaires ; de l’autre, une aspiration à l’émancipation sociale et écologique. Le néolibéralisme, en détruisant les cadres sociaux et en marchandisant des secteurs clés comme l’éducation ou la santé, a exacerbé les inégalités, les discriminations et fragilisé les solidarités collectives.

Ce sombre tableau coexiste avec une énergie transformatrice portée par des mouvements sociaux variés : luttes féministes, écologiques, antiracistes ou encore mobilisations populaires comme celles des Gilets Jaunes. Ces initiatives témoignent d’une volonté de rupture avec un système capitaliste destructeur et d’une quête pour construire des communs à défendre. Si l’on se réfère au travail de Vincent Tiberj  “il n’y a pas de droitisation par en bas”.

Les responsabilités immédiates : refonder la démocratie

L’épuisement des institutions de la Ve République, les leçons des échecs sociaux-démocrates comme “révolutionnaires”, engagent d’urgence à repenser la souveraineté populaire, la démocratie. La gauche n’a pas comme seule défaut d’être fragmentée, elle s’inscrit trop dans le jeu institutionnel dépassé, trop peu dans la création d’espace de démocratie, d’intervention populaire, de remise en question du “pourquoi on produit cela?”, “qui décide”.

Une 6ᵉ République ne doit pas être une simple réforme institutionnelle mais une révolution démocratique. Elle doit garantir égaliberté, justice sociale, solidarité écologique et participation/décision citoyenne. Cela implique un travail politique par la pensée et les actes pour une réappropriation collective des raisons pour lesquelles “nous faisons société” au niveau local, national et mondial. Cela passe par des luttes pour réinterroger l’économie localement et nationalement par les salarié-es comme les consommateurs-trices: que doit-ton produire ? Comment le produire ? Bref, s’attaquer aux moyens comme aux modes de production.

L’hypothèse communiste reste pertinente pour répondre aux défis de notre époque, c’est une nécessité pour répondre aux enjeux humains et écologique. Si nous apprenons vraiment de nos échecs pour ouvrir une alternative au capitalisme dans ce XXIe siècle, certainement qu’il nous faut mieux partir des “déjà là” communistes (comme la sécurité sociale), pour les faire grandir et envahir d’autres secteurs comme l’alimentation, le logement, l’entreprise par une prise de pouvoir de collectifs sur les ressources et les décisions.

Certainement, que notre attention pour lutter contre toutes les dominations, en tous lieux et domaines, doit être le fil rouge, toujours exigeant de nos actes et luttes politiques.

Dans la période, notre rôle doit être d’aider le Nouveau Front Populaire à se développer en se démocratisant avec des comités locaux souverains, pluralistes, élargie aux mouvements sociaux et citoyens, et formant circonscription par circonscription. La subsidiarité étant une règle pour un NFP dont le centre ne serait pas la réunion des états-majors des partis.

Face au fascisme qui vient, l’urgence est à la reconstruction du conflit politique en tout lieu,  à recréer des sociabilités politiques de gauche sur le terrain, au rassemblement de la gauche et des écologistes pour faire obstacle et gagner les élections contre le RN.

L’urgence est aussi de ne pas s’enfermer dans des stratégies électorales, dans le calendrier électoral. La “reconstruction” d’une capacité à agir et décider ensemble, à s’inscrire dans des dynamiques sociales existantes, à relier mouvements sociaux, propositions politiques concrètes et expérimentations politiques seraient une stratégie gagnante de long terme. Cela pourrait être le NFP.

Patrice Leclerc, Alternative Communiste

Image : ©alternative-communiste.fr