Cette fin d’année, de septembre à décembre 2024, « le collectif Liévin74 » avait programmé, pour en faire surgir des traces fécondes, différentes manifestations propres à revisiter la catastrophe du 27 décembre 1974, qui avait coûté la vie à 42 mineurs. Les témoignages des habitants y ont évoqué la vie d’autrefois, le travail, les loisirs, et le bilan amer qu’ils en font, en réfléchissant sur leur situation actuelle et sur celle de leurs enfants. Un point de vue critique n’a pas manqué d’être exprimé par des anciens qui ont vu la mine fermer, un métier disparaître, l’argent partir et les maladies rester : le chômage, la silicose, la mort. Au printemps 75 se sera tenu le Tribunal populaire de Liévin, dont l’impact sera notable sur la question de la santé au travail et des CHS et CHSCT (Comités Hygiène Sécurité Conditions de Travail). Plus tard, la justice actera de « La faute inexcusable de l’employeur » (Tribunal de Béthune, janvier 1981). Liévin aura été une des catastrophes minières les plus meurtrières de l’après-guerre… l’une des dernières aussi. Elle marque probablement le début de la fermeture des charbonnages en France.
Le 27 décembre dernier, la cérémonie officielle a rassemblé une foule imposante, où drapeaux, casques, trompes etc. étaient sortis. La culture minière, vivace, s’y est manifesté avec force, devant des officiels, dont le tout nouveau premier ministre et le président de région. L’après-midi, le collectif Liévin 1974 rendait un hommage plus militant, solidement ancré dans les enjeux actuels du mouvement ouvrier. La présence de la Gauche Prolétarienne avait été évoquée à Méricourt. A Lens, le Tribunal Populaire et le rôle des maos du PCR(ml) aura été cité, quand un responsable communiste, ancien maire, a prononcé une intervention autocritique sur la position du PCF à l’époque, d’une grande honnêteté.
La mine est fermée. Ses carreaux sont remplacés par des zones d’activité. Les chevalets continuent de percer le brouillard de ce matin nordique. La culture minière reste l’affirmation d’une « fierté prolétaire ». Celle d’un peuple qui veut savoir d’où il vient.
Patrick Vassallo
Sources
https://linsurgee.fr/42-gars-qui-auraient-surtout-voulu-ne-pas-mourir-50-ans-apres-la-catastrophe-de-lievin-la-memoire-comme-combat/
https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/art-culture-edition/lecrivain-sorj-chalandon-raconte-la-catastrophe-oubliee-de-la-mine-de-lievin-en-1974_2551123.html
https://www.souffrance-et-travail.com/magazine/livres/mort-au-travail
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/par-les-temps-qui-courent/philippe-artieres-historien-7102233
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