Notes d'actu.

Notre récit d’un monde en mouvement.

Entre rupture et compromission

La crise démocratique que l’on connaît est aussi la crise de la gauche. La droite se contorsionne pour trouver un habillage politique à une politique rejetée par la majorité du peuple. Le NFP comme un bon élève ne cesse de chercher un compromis en éludant la question des moyens financiers et de l’intervention populaire au lieu d’en faire le principal levier pour bousculer le jeu politicien.  Ce faisant, sans le vouloir, il fait la démonstration qu’il n’y a plus d’espace entre rupture avec le fonctionnement actuel de la société et ce qui devient de la compromission. La gauche a fait à de multiples reprises la démonstration que si on ne s’en prend pas frontalement à la domination du capital on est condamné à poursuivre la politique en cours. Au fait, Macron n’a-t-il pas été ministre d’un certain François Hollande ? Quand on sait que le capitalisme ne peut fonctionner que comme une sangsue, il n’y a pas de presque. Qu’arriverait-il à un avion qui traverserait PRESQUE tout l’Atlantique ?

Alors, tout est perdu ? Que non. Comme souvent dans l’Histoire, quand rien ne vient des institutions, la sagesse vient du peuple. Ce qui se passe chez Décathlon est un évènement. Un vrai. Ses salarié/es qui font face à une menace de licenciement, mettent le projecteur sur le milliard d’euros de dividende que le groupe Mulliez dont ils font partie, est en train d’empocher. Nous vérifions qu’il n’y a pas d’espace pour faire presque bien : nous sommes bien face à la nécessité de rompre avec les logiques dominantes. Ou l’argent va à l’emploi et aux salaires ou il va dans les poches des actionnaires. Il n’ira pas dans les deux endroits à la fois. Cela échappe aux médias- comme c’est bizarre. Les états d’âme de Bayrou seraient plus intéressants. Mais ce silence gêné est assourdissant. De simples salarié/es seraient-ils en train de brandir ce qui est la solution à la crise économique et sociale que nous connaissons et à celle du budget de l’État ? Que de « simples » salarié/es se permettent de penser les solutions cela ne fraye-t-il pas la voie pour une solution à la crise institutionnelle que nous connaissons ? Qui peut dire que son sort n’est pas lié à cela ? Souvent on entend dire « s’en prendre aux capitalistes ce serait génial mais on n’aura pas la force ». Les Décathlon investissent l’espace de la politique. Les Décathlon osent. Que risquent-il ? Que la direction les vire ? C’est déjà contre cela qu’ils se battent. Et il est déjà prévu que l’argent aille ailleurs.

Et si nous osions toutes et tous, partout, devenir des Décathlon ? Que deviendrait l’ambiance dans le pays ? Ne serait-ce pas un tournant vers un exercice plus réel de la démocratie ? Autrement dit faire en sorte que cette dernière ne reste pas entre les mains de ceux « d’en-haut » mais qu’elle devienne progressivement exercice de pouvoir-faire par le peuple. Les Décathlon nous disent que ça ne nous sera pas donné mais que ça ne peut venir que de nous-mêmes.

Pierre Zarka

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