Edito.

L’Humeur de la rédaction.

Point de bascule ? 

La Seine Saint-Denis. Février 2024. 

25 ans après le mouvement qui avait arraché 3000 postes – Un plan d’urgence pour le 9… 3 – les collèges et lycées sont à nouveau dans une lutte qui s’inscrit dans la durée. Un mouvement qui fait tache d’huile et s’étend à d’autres académies et expérimente des formes novatrices. 

Plus question de simplement cesser le travail. Grèves tournantes, occupations d’établissement, réunions publiques, vidéos virales. Le manque d’infirmières scolaires, l’état délabré de certains établissement émergent sur les réseaux sociaux. Mais aussi opération « collèges déserts », signe que le mouvement dépasse les revendications des profs. Si les familles s’engagent, c’est toute la société qui est confrontée aux politiques de tri social, aux mesures idéologiques, et c’est un mouvement qui se dresse contre un gouvernement persuadé que céder serait ouvrir une brèche dans le système en crise.  C’est le signe d’une profonde aspiration à l’égalité.

Ils ne peuvent le nier : leur « choc des savoirs » n’est qu’une compilation d’idées d’extrême droite (Reconquête/RN). S’agissant des groupes de niveaux, il s’agit de morceler, briser le collectif, séparer les futures élites et les classes moyennes, désigner les subalternes.  On éclatera le groupe classe comme on éclate les collectifs de travail. Les lycéen·nes en font déjà l’amère expérience. 

Et puis il faut mettre les profs au pas. Contrôler leurs pratiques pédagogiques. Uniformiser les pensées comme les corps. Caporaliser l’éducation pour former de bons petits soldats à l’instar du Service National Universel. 

Ou les flatter … salaire au mérite.

Ou les menacer… sanctions pour celles et ceux qui relèvent la tête. 

Vive l’école de la défiance…

Mais les mouvements précédents au nombre desquels la lutte pour les retraites, n’auront pas été vains. La chape de plomb de l’échec est en passe d’être remise en question. 

Chanter « NON » ne suffit pas et tout le monde le sait. 

Alors partout, on décentralise la lutte. De petites brèches libertaires éclosent qui n’attendent ni mot d’ordre, ni consignes syndicales. 

A chaque rond-point, dans chaque petite ville, dans chaque quartier, mais dans une dynamique commune, parents et personnels mutualisent leurs colères et créent des outils pour déraciner les idées réactionnaires et fascisantes. 

L’école ne marchera pas au pas. 

Alexandra Pichardie et Sylvie Larue 

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1 réflexion sur “Point de bascule ? ”

  1. Différences avec 1995: Peu d’élus PCF car moins nombreux. Les autres se faisant plus discrets . En 95 il me semble même que ce fut la seule et unique fois où la ministre en place vint sur le terrain. Ce qui paraît très positif c’est la mobilisation des (grands) élèves de Terminale, la plupart sont majeurs. V. Pécresse a pu le constater à Paul Eluard à St Denis. Cette mobilisation touche l’hexagone et au-delà, de façon durable y compris dans des secteurs géographiques plus conservateurs, ou pire. Quelle sera la traduction politique de cette prise en mains de la question ? That is the question car la colère est mauvaise conseillère.

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