Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

C’est quoi une monnaie locale citoyenne Madame Toulemonde, ça sert à quoi ? 

Ça existe encore ça ? C’est bien légal dites-moi ? En Île-de-France, ça s’appelait la Pêche… Et pourquoi pas la Cerise alors ?

En voilà des bonnes questions ! Ben oui, ça existe encore. Il en existe environ 80 en France et beaucoup plus encore dans le monde. Elles viennent surtout de l’écologie et de l’altermondialisme. Les plus connues sont le Chiemgauer en Allemagne, le WIR en Suisse, le Palmas au Brésil, l’Eusko au pays basque .

Des pêches petites mais costaudes

En Île-de-France, une monnaie locale citoyenne a été créée en 2014. Partie de Montreuil en Seine-Saint-Denis, elle s’appelle la Pêche (pourquoi ? En référence aux murs à pêches de Montreuil et parce qu’à Montreuil, on a la pêche !). Elle s’est étendue sur Paris, le Val-de-Marne et le Val d’Oise. Avec assez peu d’adhérents, la pêche a montré qu’en plus de développer des circuits d’échange locaux plus solidaires et plus écologiques il était aussi possible de d’échapper à la spéculation et aux paradis fiscaux (ils n’acceptent pas les monnaies locales) …

Comment ça marche ?

Au départ, c’est tout simple, 1 pêche = 1 euro (obligation liée à la loi ESS de 2014). J’adhère à la pêche puis j’achète des pêches avec des euros (si je n’ai pas d’euros, je peux demander une enveloppe de pêches solidaires) et je dépense mes pêches chez les professionnels du réseau (Médecins, imprimeurs, libraires, boulangers, biocoop… On a confiance, on les a choisis et ils ont signé une charte éthique, écologique et solidaire et certains ont même accepté de faire comptoir d’échange euros/pêches.

Ben ça sert à quoi si la pêche est couplée avec l’euro ?

La loi ESS nous oblige à coupler les monnaies locales avec l’euro mais, les Montreuillois.e.s étant très futé.e.s, ils et elles ont échappé autant que possible au système capitaliste spéculatif mondialisé avec la Pêche. Ah ah, comment ? C’est que la pêche a permis de créer un double fonds de circulation monétaire : les pêches achetées en euros par les adhérent.e.s sont utilisées pour payer des services et consommer local, souvent bio, tandis que le fonds de garantie correspondant, autrement dit les euros confiés par nos adhérent.e.s contre des pêches sont placés à la NEF, la banque éthique de France qui ne prête que ce qu’elle a, à des taux très faibles, et uniquement pour des initiatives écologiques ou solidaires.

Pour résumer, voilà des euros qui échappent à la spéculation, aux paradis fiscaux et qui servent à développer des initiatives sympa. Ce n’est pas beau ça madame Toulemonde ?

Et vous croyez que ça suffit pour changer le monde ?

Évidemment, l’idéal serait que tout le monde puisse vivre, se loger, se nourrir… en échappant totalement à l’argent spéculatif mais les monnaies locales montrent le chemin avec leurs doubles circuits d’échange, en extirpant des euros du système et en les gérant démocratiquement avec des citoyen.nes comme vous et moi et une banque éthique, la NEF.

Mais l’Économie Sociale et Solidaire a souffert de la période COVID. La belle Pêche s’est endormie pendant les périodes de confinement et elle est toujours en sommeil.. Un autre projet de monnaie locale citoyenne est en cours de réflexion et les monnaies locales travaillent toutes à se renouveler, à s’adapter à l’évolution du contexte social et écologique.

On pourrait récapituler l’intérêt de la monnaie locale citoyenne ?

  • C’est un objet d’éducation populaire qui permet à chacun de donner du sens à ses échanges et de prendre conscience de leurs effets sur la société et l’environnement.
  • Les critères de sélection des prestataires des monnaies locales permettent  de développer un écosystème d’échanges locaux plus vertueux, des circuits courts et des pratiques écologiques et des liens entre les habitants.
  • Elle participe à un réseau d’entraide et d’initiatives bénéfiques, à une échelle plus humaine. Pour ce qui est de la pêche par exemple, ATD Quart Monde l’a aidée à créer les pêches solidaires pour ceux qui ne pouvaient pas en acheter et les Gilets Jaunes étaient aussi très intéressés par les monnaies locales, ce qui a occasionné de nombreuses réunions d’échange.

Mais c’est quoi les idées politiques derrière tout ça ?

Derrière les projets de monnaies locales citoyennes, il y a bien sûr l’urgence de la transition économique, sociale et écologique. Il y a la nécessité de passer du culte de l’argent à la monnaie utile, la volonté de montrer qu’on peut sortir de l’argent roi, avec le dollar au centre. Il nous faut dénoncer ce système qui asservit les populations et détruit notre environnement jusqu’à mettre en danger l’humanité pour assouvir l’appétit de multinationales constamment à la recherche de profits…   (Selon un rapport de l’ONG internationale Carbon Disclosure Project, plus de 70 % des émissions de gaz à effet de serre émaneraient de seulement 100 entreprises).

Rien de tel qu’une démonstration de ce type pour se questionner, pour rêver d’une société où la monnaie serait un moyen de créer du lien et de lutter contre la spéculation mondialisée.

Plus largement, rêvons d’une société où les services publics seraient élargis et les besoins de base accessibles à tous sans discrimination, une société où la justice, la paix, la liberté de circuler et de s’exprimer serait enfin une réalité pour tous.

Brigitte Abel

En acte ! Lu dans le Journal de Saône-et-Loire du 14 octobre.

E. Valette, maire …est un homme en colère. La facture EDF du groupe  scolaire est passée de 10.000 à 40.000 € ce qui met en péril les actions pédagogiques. Il refuse de payer.

 Après avoir fait appel : « EDF a mandaté Engie pour vérifier la ligne… aucune anomalie n’a été détectée… Nous avons même moins consommé d’électricité que l’an dernier… J’ai demandé au Trésor public de ne pas payer cette facture tant que nous n’aurons pas une solution pour la réduire. Je ne financerai pas la spéculation ».

Qu’est-ce qu’EDF répond ? « Rien ou pas grand-chose : que c’est l’inflation. Mais rien ne la justifie ! Nous ne paierons pas et nous n’avons pas à nous plier à ça, même si on est petit »

Cet article fait partie du dossier :

euro, money, inflation
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