Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Est Ensemble, une régie publique et … citoyenne !

Depuis plus de cinquante ans en Île-de-France, les services publics de l’eau, de l’assainissement, des déchets et d’autres encore, ont été captés par les multinationales, Veolia et Suez en tête, avec la complicité d’élus, souvent de gauche malheureusement. Le Syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF) est lié depuis sa création, il y a cent ans, à la Générale des eaux devenue Veolia. Dans ces conditions recouvrer la maîtrise publique de l’eau en Île-de-France est un long et difficile chemin mais le mouvement dans ce sens semble irrésistible, notamment depuis la création de la régie publique Eau de Paris en 2010.

La question de la gestion publique de l’eau s’est posée dès la création d’Est Ensemble ; la communauté d’agglomération, prit alors en charge la compétence de la gestion de l’eau, facultative à l’époque pour les intercommunalités. Mais dans une grande confusion et division, une courte majorité décida de retourner au SEDIF à rebours des attentes citoyennes !  Il a fallu un nouveau changement de compétences pour qu’Est Ensemble se retrouve à nouveau hors du SEDIF en 2018 et attendre encore quatre ans pour parvenir à la décision politique unanime de créer la régie publique en février 2022. Douze ans donc pour s’informer, débattre et décider.

Ce résultat doit beaucoup aux citoyennes et aux citoyens et à leurs initiatives. Des citoyennes et des citoyens de notre territoire, des associations, sont parvenus.es au fil des années à faire passer leurs idées sur la gestion de l’eau et à se faire entendre des élus.es de toutes les tendances politiques. Les citoyens et citoyennes et leurs organisations ont ainsi gagné une place importante dans la nouvelle régie publique d’Est Ensemble.

Ainsi au conseil d’administration de la régie siègent trois citoyens citoyennes  issus.es de la convention territoriale pour le climat, trois représentants.es associatifs et deux personnes qualifiées : c’est un premier acquis. Il est d’ailleurs partagé dans la plupart des régies publiques qui se sont créées ces dernières années : de Paris à Lyon en passant par Montpellier et Bordeaux. La légitimité des citoyens et citoyennes à participer au gouvernement de l’eau repose sur leur engagement massif pour obtenir la gestion publique mais aussi sur une réalité économique : ce sont les usagers domestiques, quasiment seuls, qui financent via leurs factures les services publics de l’eau et de l’assainissement, ils doivent donc être associés à la bonne marche de ces services.

La régie a engagé une remise à plat des tarifs. Les tarifs du SEDIF sont injustes et il s’agit, à juste titre, d’un sujet de mécontentement pour les usagers. Le passage en régie offre de nouvelles marges de manœuvre financières et toute la question est de savoir qui va en bénéficier. C’est l’enjeu de l’élaboration de la nouvelle tarification.

D’ores et déjà, une bifurcation sensible entre les tarifs d’Est Ensemble et ceux du SEDIF, s’est produite le 1er janvier 2023. Le SEDIF a augmenté ses tarifs de 21,5% le 1er janvier 2023 et VEDIF de 5,5%. La hausse de la part SEDIF ne s’est pas appliquée à Est Ensemble, celle du VEDIF, oui (car Est Ensemble termine le contrat avec VEDIF le 31 décembre 2023).  Au total, sur la part eau de la facture, les usagers du SEDIF ont subi une hausse de 10,5% et ceux d’Est Ensemble de seulement 3,8%. Le choix de la gestion publique porte donc ses premiers fruits. Dans un cas, une hausse près de deux fois supérieure à l’inflation ; dans l’autre, une protection des usagers avec une hausse nettement inférieure à l’inflation.

Jean-Claude Oliva, Directeur de la Coordination EAU IDF  

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