Pour la Nature en Ville[1] et ses partenaires, l’eau est source de vie, pas de profit. Pourtant elle fait l’objet de prédations sans précédents. Avec les ventes d’armes et le BTP, c’est un des trois secteurs de corruption en France[2].
Pour éclairer les enjeux du bien commun, quoi de mieux que de partager des contributions locales ?
Il y a 10 ans, le Collectif Eau (devenue ensuite Assemblée Citoyenne de l’eau) a mené une action pour stopper la gestion de l’eau à Rennes par VEOLIA (134 ans). Créée il y a 5 ans par les élus, la CEBR, Collectivité Eau du bassin Rennais, a délégué à une SPL, Société publique locale (statut de SA déposé au Tribunal de commerce) la production de l’eau potable sur le bassin rennais. Notre association siège depuis dans sa commission consultative[3] pour y défendre l’eau comme bien commun, et demande régulièrement le passage en régie publique.
Nous avons ainsi fait dépolluer[4] le site Bougrières Lillion[5] par LAFARGE et découvert une adduction directe de la Vilaine vers les deux zones de captage !
Si des avancées sont constatées, il demeure une marchandisation de l’eau qui ne protège pas assez la ressource. Car c’est bien la CEBR qui s’est engagé vers le Préfet à fournir l’eau pour le projet Bridor-Liffré, via l’AVA…
Malgré le recours de l’association Eau et Rivières de Bretagne, l’Aqueduc Vilaine Atlantique a été construit et relie la retenue d’Arzal située au niveau de l’estuaire de la Vilaine à Rennes. Pourquoi ne pas pomper simplement la Vilaine à Rennes plutôt que de faire remonter l’eau par un gros tuyau ? La logique des tuyaux se développe, sous couvert de solidarité entre les territoires (cf. la Préfecture), mais dans les faits il s’agit de vendre des paquets d’eau, et cela participe de la marchandisation de l’eau en Bretagne. Ainsi, l’eau partie de Ferel (56) devait abonder le feu projet à Liffré (35), après un trajet de 100 Km !
Ce projet Bridor-Liffré[6] était celui de la plus grande usine de surgelés au monde [7] (650T/jour destinées à l’export) implanté sur 21ha de terres agricoles fertiles et une double tête de bassin versant (Le Chevré et l’Illet).
Seule une mobilisation citoyenne forte et exemplaire a permis le retrait de ce projet nuisible du monde d’avant[8].
Cette usine devait consommer 200 000m3/an d’eau potable et rejeter 75 000m3 d’eau non traitée sur 221ha de terres agricoles. Ceci par ferti-irrigation[9] (épandage des eaux usées de production, de nettoyage des machines et des locaux). Ceci sans aucun contrôle des services de l’État, alors qu’il s’agissait de métaux lourds, une chimie impactant les milieux et le vivant. Pour connaître les consommations industrielles, nous avons questionné le syndicat concerné.
Le syndicat Eau des Portes de Bretagne[10] se situe dans la maison de l’Eau à Châteaubourg[11], avec Véolia… Selon les membres locaux du Collectif Stop artificialisation[12] il n’y a peu ou pas de contrôle citoyen. Suite à nos demandes sur les volumes fournis et facturés concrètement par le syndicat Eau des Portes de Bretagne à Bridor Servon et Vandemoortel à Torcé, nous l’avons effectivement vérifié, puisque le secret des affaires nous a été opposé. Nous constatons que la gestion publique de l’eau est pour ce syndicat, prioritaire pour les industries. En effet 40 % de la production d’eau est consommée par des industries gourmandes en eau, qui ont trouvé dans ce territoire un paradis, non pas fiscal mais d’Open bar sur l’eau[13]. C’est ainsi que la SVA (boucherie) a quitté Liffré pour aller à Vitré du fait de la fermeture du captage de Liffré, par le Préfet en 2009 pour causes de pesticides.
Suite à notre saisine CADA, la communication de ce syndicat[14] sans transmission des données à notre association, trouble encore plus la relative confiance dans cette gestion locale de l’eau au doigt mouillé, en petit comité, sans les citoyens/nes, et aux ordres des industries[15].
Le syndicat a en effet consulté les deux entreprises ciblées, avant la communication des consommations dans les médias… Le retour de la Bande à bonne eau ?[16]
En effet, le syndicat rechigne encore à partager les trois dernières années de consommation (il donne des chiffres 2021 à 2023, pas de 2020 à 2022), ou de répondre à nos autres questions portant sur d’éventuels usages de puits artésiens ou de non-respect de restriction pendant les arrêtés sécheresse du Préfet en 2022. Nous envisageons d’ester en justice pour les obtenir.
Notre association a aussi demandé au syndicat de passer en régie publique, pour un accès libre aux informations, doublé d’un contrôle citoyen via le travail des associations. Vu la rareté de l’eau, et les dysfonctionnements cités, il ne serait pas sérieux de laisser le pouvoir aux seuls élus.
Pascal Branchu,
Association La Nature en Ville
La mairie de Montagnac (Hérault) a décidé de vendre pour à peine 30 000 euros une parcelle dotée d’un forage qui plonge à 1 500 mètres sous terre, jusqu’à une masse d’eau gigantesque. L’association Veille Eau Grain, née contre la vente de ce forage, a depuis réuni des informations permettant d’estimer qu’il y a là de quoi fournir de l’eau potable à 20 000 habitants pendant quinze ans ! https://resistons.net/a-la-une/ressources-en-eau-montagnac-veille-eau-grain
[1] La Nature en Ville 1, rue Marcel Ponnavoy 35200 Rennes
lanatureenville@gmail.com
https://www.facebook.com/NatureEnVilleRennes /
https://lanatureenville.eu/
[2] https://www.undp.org/fr/publications/lutte-contre-la-corruption-dans-le-secteur-de-leau
[3] https://www.eaudubassinrennais-collectivite.fr/qui-sommes-nous/commission-consultative /
[4] https://www.facebook.com/NatureEnVilleRennes/posts/5351459868309507/
[5] https://lanatureenville.eu/letang-des-bougrieres-a-rennes-prevalaye-zone-devastee-par-lafarge/
[6] http://colere-liffrecormier.org/
[7] https://lareleveetlapeste.fr/les-bretons-luttent-contre-la-construction-de-la-plus-grande-usine-au-monde-de-patisseries-surgelees/
[8] https://www.eau-et-rivieres.org/usine-bridor-%C3%A0-liffr%C3%A9%C2%A0-un-projet-du-pass%C3%A9-nuisible-pour-lenvironnement
[9] https://www.liffre-cormier.fr/wp-content/uploads/2022/02/BRIDOR_OAP3_EauxUsees-1011.pdf
[10] https://www.eauportesbretagne.fr/
[11] https://eau.selectra.info/delegataire/179
[13] https://www.tourmag.com/Futuroscopie-Eau-la-fin-de-l-open-bar-%F0%9F%94%91_a117987.html
[14] https://www.ouest-france.fr/bretagne/vitre-35500/la-consommation-en-eau-potable-de-deux-usines-agroalimentaires-pres-de-rennes-est-desormais-connue-10ef08ea-4bc2-11ee-afd6-afe3412f1275
[15] https://www.cairn.info/revue-sciences-eaux-et-territoires-2021-1-page-6.htm
[16] http://agleau.fr/wp-content/uploads/2012/09/Le-canard-29-08-2012-539.pdf
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