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La police et la justice des corps et des bouts de tissu !

Le ministre de l’éducation ne s’embarrasse pas de fioritures lexicales : « J’ai décidé qu’on ne pourrait plus porter l’abaya à l’école ». Il y a quelques années, le buzz raciste de l’été avait été créé autour du burkini. Cette fois, c’est cette longue robe couvrant le corps, des épaules au pied, qui est prétexte au « J’ai décidé » ministériel. Entre cette interdiction proclamée et les sanctions au prétexte de « tenues indécentes » (comprendre une jupe qui serait trop courte, un tee-shirt trop décolleté), il y a une constante : tenter d’imposer aux jeunes filles, aux jeunes femmes, le nombre précis de centimètres carrés de tissu dont elles doivent se couvrir ; ni trop ni pas assez, cela aux yeux d’hommes en situation de pouvoir !

Autre fait récent : à Aurillac, une femme a été condamnée en justice pour être sortie dans la rue « seins nus » (torse nu, dit-on pour les hommes, tandis qu’on sexualise l’expression lorsqu’il s’agit de femmes). Il faisait très chaud et elle a fait comme nombre d’hommes, s’est-elle défendue. Car oui, il lui a fallu « se défendre » de s’être promener en ville dans la tenue qu’elle souhaitait et sans la moindre connotation de provocation sexuelle. Encore une discrimination sexiste.

Parfois, la police et la justice des corps et des bouts de tissu dépassent le sexisme. Il en est ainsi des arrêtés pris par nombre de maires de stations balnéaires, qui interdisent de marcher dans la rue torse nu. Dans les années 1960/70, j’ai passé mes étés d’enfance et jeunesse à Palavas-les-Flots : comme dans bien d’autres lieux de vacances, jusqu’au début de soirée la tenue de ville était le maillot de bain, cela dans une ambiance familial et populaire ! Depuis plusieurs années, c’est interdit.

Les trois exemples ici cités ne sont pas similaires. Le racisme d’État est à l’origine du premier, le sexisme patriarcal est au cœur du deuxième. Mais les trois montrent comment « l’ordre moral réactionnaire » gagne du terrain. D’ailleurs, comment peut-on parler d’ordre moral, quand ses tenants sont ceux qui organisent le désordre capitaliste dont l’immoralité est notoire !

Notre corps nous appartient est un vieux slogan féministe. Il est toujours d’actualité : comme slogan, comme exigence, comme motif de lutte, pas comme réalité. Pour les hommes et pour les femmes. Pour les femmes bien plus que pour les hommes.

Non à la police et la justice des corps et des bouts de tissu !

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1 réflexion sur “La police et la justice des corps et des bouts de tissu !”

  1. La “Police ces moeurs” fait partie intégrante ET de l’autoritarisme du moment ( époque victorienne = Hypocrisie de la reine elle-même), ou bien , en France, où cohabitèrent bordels ( = marché aux femmes) et bien-pensance ( Collette et Willi) puis aujourd”‘hui où le complet-veston le haut, large, couvre le thorax, partie visible et et enserre très étroitement, le dessous de la ceinture. Hypocrise oblige; Mme macron qui s’affiche en robes d’autant plus courte que la dominante, (” abaya aidant”) masque tout. Mêmes remarques concernant les longs cheveux de Madeleine que lui reprochèrent les hypocrisie des philistins. Au contemporain, plus que jamais : Police des moeurs =Hypocrisie= Etat= Etat policier

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