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BOULEVERSEMENTS POLITIQUES AU SAHEL

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RUPTURES AVEC LE DÉSORDRE INSTITUTIONNEL ET L’ÉTAT DE NON-DROIT : Togo, Cameroun, Gabon, RDC, Tchad, Congo… Qui peut rêver pour son pays de « l’ordre constitutionnel » tel que l’illustrent ces contre-exemples ? Quelle administration d’un pays de la CEDEAO peut-elle se donner en exemple de l’État de droit ? Depuis les indépendances, les institutions publiques des anciennes colonies devenues « États souverains » ont quasiment recopié celles nées de l’histoire européenne (URSS comprise). Ces uniformes cousus pour d’autres entravent partout la marche des peuples. On n’y croit pas. On ne les respecte pas. Quand on en a la possibilité, on les soumet à ses appétits individuels. Partout des hommes, des femmes de haute valeur morale ont été dans la situation de conduire ces institutions – il y en a plus qu’on ne croit et j’en compte plusieurs parmi mes amis –. Partout, ils se sont heurtés à l’inadaptation structurelle de leurs systèmes administratifs sensés gérer l’intérêt collectif, mais pratiquement vécus comme des proies. Aujourd’hui, ce système craque de partout. Ces craquements prennent des formes souvent chaotiques et contradictoires, parfois menaçantes : coups d’États militaires, jihadisme, panafricanisme, prédications kémitistes, etc.… Mais ils sont vécus comme des ruptures avec l’ordre ancien, et c’est de là que naît leur force de conviction, notamment dans la jeunesse. Que cette période de rupture porte en elle-même un lourd potentiel de désordres politiques, sociaux, culturels, éthiques, guerriers, c’est une évidence. Mais le retour au désordre ancien est une illusion stérile.
Je vis depuis 50 ans entre France et Mali, deux patries que j’aime filialement non pas du fait d’une supériorité supposée qui en ferait des modèles, mais tout simplement parce qu’elles m’ont fait et que je m’y sens chez moi. Arrivé à l’âge de la vieillesse, je crois avoir en moi les deux logiciels. Sans négliger les périls qui accompagnent toute grande rupture historique, je m’inscris parmi ceux qui voient dans ces craquements l’opportunité de solder enfin la guerre de 500 ans par laquelle une poignée de pouvoirs européens ont assujetti la quasi-totalité de l’Afrique. Le rééquilibrage Occident-Afrique est, comme le rééquilibrage écologique, un chantier titanesque d’une urgence vitale. Puisse le XXIe siècle le mener à bout.
Déséquilibre colonial et post-colonial > rupture désordonnée > reconstruction d’un équilibre nouveau, pensé à l’avantage et dans le respect de tous, du Nord comme du Sud ? Face à ces défis, les menaces d’opérations militaires nés de gouvernements militant pour leur désordre constitutionnel et leurs États de non-droit sont dérisoires. D’ailleurs, combien de jeunes Togolais, Sénégalais, Gambiens, Bissau-Guinéens et autres sont prêts à mourir pour Bazoum ?

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