Lundi 22 mai, la Première ministre annonçait un « plan d’action » pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Le lendemain, le ministre chargé des transports présentait, aux fédérations syndicales du secteur ferroviaire, un autre plan d’action organisant la liquidation de la SAS Fret SNCF du groupe public ferroviaire.
Menacé par l’ouverture d’une enquête de la commission européenne pour aides illégales d’Etat, le gouvernement français refuse le bras de fer politique avec Bruxelles. Il se prépare, avec la direction SNCF, à faire disparaitre l’un des opérateurs historiques européens dont le maillage territorial – même très affaibli ces dernières années, notamment à coup de destructions d’infrastructures ferroviaires pourtant pleinement utilisables – reste un atout incontournable dans le cadre de la transition écologique.
Pour satisfaire la Commissaire européenne à la concurrence, le gouvernement français va très loin :
- abandon par la SNCF d’une partie des trafics dédiés d’ici décembre 2023 ;
- bradage au privé de 40 % des actifs immobiliers de Fret SNCF, de la plateforme logistique de Saint-Priest (Rhône) et d’une partie de son matériel roulant ;
- un premier « plan social », avec 10% de suppression d’emplois parmi le personnel de Fret SNCF (environ 500 cheminot·es) de moins
- mise à disposition, sur la base du « volontariat », à des entreprises concurrentes, qui n’ont ni les équipements ni les salarié·es suffisants pour exploiter les trafics abandonnés par la SNCF.
Il y a une vingtaine d’années, le ministre des transports de l’époque, Jean-Claude Gayssot, avait ouvert la voie de la privatisation, anticipant même l’application des directives européennes sur « l’ouverture à la concurrence », pour mieux la contrôler et développer le trafic fret ferroviaire, disait-il. On connait le résultat !
L’attaque contre le fret ferroviaire est un coup porté au corps social cheminot et à l’environnement. Alors que la macronie veut aller très vite, pour ne pas entamer leur campagne pour les élections européenne avec ce scandale d’état, une riposte syndicale, politique et environnementale est lancée par l’interfédérale cheminote. En pleine urgence écologique, ce secteur des transports, le ferroviaire, doit être sorti immédiatement du marché de la concurrence. Rompre avec le marché, renoncer aux sempiternelles menaces autour de « la dette », prendre des mesures en fonction de l’intérêt commun et non des profits d’une minorité : lors de la crise sanitaire, les capitalistes l’ont bien fait (très momentanément, bien sûr !) pour sauver leur système ! Aujourd’hui, renouons concrètement et durablement avec cette utopie, mais pour sauver la planète et le genre humain !
Julien Troccaz
1. Outre les fédérations syndicales CGT, UNSA ferroviaire, SUD-Rail [Solidaires], CFDT et FO, l’appel est notamment signé par les confédérations et unions syndicales CGT, CFE-CGC, UNSA, FSU et Solidaires, les associations Alternatiba, Attac France, Convergence Nationale Rail, Coudes à Coudes, Dernière Rénovation, Fondation Copernic, Greenpeace France, Les Amis de la Terre, Oxfam France, les partis Europe Ecologie Les Verts, Génération S, La France Insoumise, Parti Communiste Français, Parti Ouvrier Indépendant, Parti Socialiste, Nouveau Parti Anticapitaliste.
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