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Bas les pattes devant Manouchian 

Sous le visage rayonnant de Mélinée Manouchian (1913-1989).

La dépouille de Marat entre au panthéon quand les sections des sans-culottes et les clubs pèsent de toute leur détermination sur la Convention jacobine. Puis il en sort au seuil de la réaction thermidorienne, accusé alors de haute trahison. C’est dire que la désignation des « grands hommes », ayant « droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie » (1) est déterminée par les besoins de la classe qui dirige la société. Entre révolution et contre-révolution…

La Vème République et ses panthéonisations !

Il est facile de faire parler les morts, les présidents de la Vème République ne s’en sont pas privés : De Gaulle a fait rentrer Jean Moulin au panthéon en 1964 parce qu’il avait besoin de l’Union Nationale, de présenter l’image de la résistance de tout un peuple rallié au gaullisme en confortant les nouvelles institutions du pays. Car en 1963, la résistance ouvrière contre le régime grondait… Précédant le referendum de Maastricht, Mitterand a fait entrer les précurseurs de l’Europe néo-libérale, René Cassin et Jean Monnet en 1987 et 1988. Chirac dans la continuité du gaullisme historique y accompagna André Malraux. Par contre Sarkozy s’essuya un échec en proposant Albert Camus en novembre 2009 : les enfants de l’écrivain, particulièrement sa fille Catherine qui depuis a fait éditer les textes libertaires ainsi que les prises de position de militants anarcho-syndicalistes, ouvriers du livres, sur l’œuvre et l’action politique de son père, ont refusé catégoriquement la panthéonisation… Refus de la manipulation !

Après avoir imposé au pays une réforme combattue par l’écrasante majorité de la population et qui a vu des manifestations de rue comptant des millions de travailleurs, jeunes, chômeurs, Macron annonce la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian. Il aurait tort de se gêner : il a en face de lui une gauche dans toutes ses composantes, qui campe dans les institutions de la Vème République, qui n’en remet pas en cause la légitimité, car elles ont permis à Macron en s’appuyant sur les articles de la constitution, 49-3 et autres, de s’asseoir avec morgue sur la volonté populaire. Au moment où il prépare une loi contre l’immigration qui va encore durcir les conditions de vie de la fraction la plus pauvre et démunie en droit du prolétariat, il joue la carte de l’Union Nationale à travers cette panthéonisation « obscène ».

Nous renvoyons nos lecteurs à un précédent article de Robert Duguet pour Cerises. C’était dans le dossier Aragon en décembre 2022.

La rédaction

(1)Victor Hugo, Hymne, extrait gravé sur une des façades du panthéon.

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