La réforme des retraites est une réforme politique qui s’appuie sur des choix de société qui n’ont pas été débattus et encore moins validés par la population.
Notre système par répartition est budgétairement solide et assuré à 78% par les cotisations sociales. 16,9 millions de retraités/es perçoivent un droit direct et le taux de pauvreté des seniors à la retraite est de 7% contre 14% pour la population. 2021 et 2022 sont 2 années ou le système des retraites a été excédentaire.
En revanche ce sont 332 milliards d’euros qui échappent au capital. Voilà certainement une des grandes préoccupations du gouvernement : récupérer cette somme pour les tenants des grandes richesses.
De plus, les projections du COR (Conseil d’Orientation des Retraites), qui prévoient l’éventuel futur déficit, se basent sur la continuité des politiques austéritaires :
- Baisse des ressources de cotisations dans la fonction publique ;
- Stagnation du taux d’emploi des femmes ;
- Stabilité du partage de la richesse produite entre le capital et le travail ;
- Politique salariale identique à celle menée depuis des décennies….
Cette réforme s’appuie bien sur un choix de société et est donc une question politique et citoyenne.
Le gouvernement ne peut pas refuser les débats en se cachant derrière une présupposée légitimité par rapport aux dernières élections présidentielles. Les questions de fond n’ont pas été débattues. Par exemple, à la CGT nous pensons qu’il faut s’affranchir de l’hypothèse systématique d’une stabilité du partage de la richesse produite et des gains entre le capital et le travail.
Le sujet de la répartition de la richesse est bien un débat politique et citoyen qui mérite qu’on y consacre une attention particulière. Quelle part consacrer à la protection sociale ? Débat automatiquement évacué par le gouvernement.
Ensuite, sujet très important aussi est celui de s’entendre sur ce que doit être le temps de retraite. Est-ce un temps de vie en bonne santé ou seulement l’antichambre de la mort ou celles et ceux qui pourraient y prétendre seraient celles et ceux qui n’auraient plus les capacités de travailler ? Serions-nous condamnés/es à être réduits seulement à des forces de travail exploitables au bénéfice d’un système capitaliste toujours en quête de toujours plus de profits ?
Il est temps d’exiger du progrès et de la justice sociale et de ne plus subir les diktats de nos gouvernants. Seules les mobilisations, les grèves massives et reconductibles auront raison des régressions sociales.
Il nous appartient aujourd’hui de contrer cette réforme et d’imposer d’autres choix comme le plein emploi, des services publics de qualité, une réindustrialisation programmée pour répondre aux différents besoins sociaux et aux exigences environnementales, une autre répartition des richesses et une fiscalité juste mettant à contribution toutes les richesses.
La réduction du temps de travail a caractérisé historiquement le progrès social. Une retraite à 60 ans voire plus tôt pour celles et ceux qui exercent des métiers pénibles, des pensions élevées, le maintien des régimes pionniers dits « spéciaux », sont possibles et finançables.
A nous de construire le rapport de forces à même d’inverser les choix politiques qui doivent être guidés par l’intérêt général et non par une infime minorité des tenants du pouvoir et du capital.
Céline Verzeletti, CGT
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