Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Énergies, besoins, sobriété

Des factures qui explosent. Des coupures ? Le col roulé comme seule alternative ? Jets privés pour certains, marche ou crève pour d’autres ?

Crise de l’énergie et crise du capitalisme, les conséquences sont redoutables et génèrent de l’angoisse.

Quelles réponses alternatives construire en s’appuyant sur le déjà-là et en liant abondance des besoins et sobriété des réponses ?

Hommage à Soulages

Le dossier est illustré par des œuvres de Pierre Soulages, le peintre qui faisait surgir la lumière du Noir.


Énergies : abondance de besoins, sobriété des réponses…

Dans la population (et certaines entreprises) l’angoisse est très grande. Encore plus douloureusement qu’aujourd’hui, en novembre factures et peut-être coupures vont apparaître. Nous voulons que ce dossier articule réponses concrètes immédiates, expérimentations, propositions à moyen terme et restructuration de la production énergétique.  A partir des réalités ressenties aujourd’hui. Tout en mettant en synergie les diversités de réponses et leurs différences de niveau.

En partant de la vie concrète, ce dossier est constitué de différentes contributions qui abordent 3 dimensions en tentant d’indiquer quelle(s) alternative(s) sont possibles, souhaitables.

Le rapport entre (crise des) énergies et crise (globale) du capitalisme s’impose indubitablement comme un fil rouge de ces réflexions..

On nous gave de sobriété, nouvelle novlangue qui succède au terrorisme dans la tentative de mise à pas du peuple. Mais comment se pose la question de la consommation et des besoins ?

Posons quelques bases : L’électricité n’est pas un marché, elle ne se stocke pas. L’énergie est un bien de première nécessité.

  • Comment appréhender les types d’énergies, les enjeux publics/privés, la question industrielle ? les coûts des énergies ?
  • Décarboner, qu’est-ce à dire ?
  • L’organisation des industries énergétiques, les questions de nationalisation/étatisation/coopératives, donc la réorganisation de la production y compris à l’échelle mondiale, et du monde énergétique interconnecté : pouvons-nous contourner cette complexe réflexion ?

Le développement de l’énergie au cœur du développement humain, et intrinsèque au capitalisme… mais tout développement de projets industriels (dans l’énergie comme dans d’autres industries), suppose des salarié.e.s. Comment pèsent-ils sur les stratégies industrielles ? L’organisation managériale au sein même de l’entreprise n’est-elle pas une donnée essentielle ?

Quand on a besoin des salarié.e.s d’un secteur, « on » fait l’effort nécessaire : ce point d’appui est indispensable à prendre en compte.

L’alternative est possible parce que la fin du capitalisme n’est pas la fin du monde.

Sans nul doute ce dossier suscitera débats, enrichissements, controverses. Le forum sur le site https://ceriseslacooperative.info/ est ouvert pour poursuivre.

Retrouvez ci-après les liens pour retrouver chaque article du dossier.

La rédaction

Griottine

Les contributions à ce dossier sont très majoritairement rédigées par des hommes ; ce n’est pas un choix de la rédaction. Mais nous devons constater que la plupart des contributrices sollicitées n’ont pu nous répondre positivement. L’énergie fait son genre ?


(1ère partie du DOSSIER ÉNERGIE)

L’énergie, un bien de première nécessité

Vers une société plus durable, plus équitable

par négawatt

L’association NEGAWATT -et nous l’en remercions- nous a autorisés à publier ce texte, extrait d’un document plus complet intitulé ‘scénario 2022’[1] et disponible sur son site. L’association déploie une importante activité pour la transition écologique.

Le scénario négaWatt s’inscrit dans une démarche globale de soutenabilité́. Il vise à̀ répondre aux impératifs énergétiques et climatiques, tout en nous orientant vers une société́ plus durable, plus équitable et plus résiliente, en traitant également les enjeux de biodiversité́, de précarité́, de pollution de l’air, et

[1]          https://negawatt.org/IMG/pdf/synthese-scenario-negawatt-2022.pdf


L’énergie, un commun trop peu maîtrisé

par Michaël Evrard

Si le propos est de mieux comprendre la crise énergétique qui semble en cours et de questionner l’organisation de sa production et de sa distribution en France, il est utile de revenir sur le temps long et d’éclairer un peu le sujet, avant d’émettre quelques pistes d’une politique publique de l’énergie, pensée comme un commun.

Mettons un point de départ à la livraison des « Limites de la croissance » en 1972. Concomitant d’une prise de conscience écologiste minoritaire, antérieur aux chocs pétroliers, causes de politiques anti-gaspi revenues dans l’actualité récente, le rapport dit « du Club de Rome » s’appuyait sur…


Rareté de l’énergie et développement de l’égalité

par Benoît Borrits

Nous savions que notre modèle économique, principalement basé sur les énergies carbonées, n’était aucunement viable sur le moyen terme. La guerre en Ukraine accélère le processus avec, pour effet immédiat, une inflation qui touche la plupart des activités et nous rappelle que l’énergie est présente dans l’ensemble de nos consommations.

Les réponses initiales des États se sont concentrées sur le blocage des prix et des mesures ciblées sur les publics les plus fragiles de type « chèque énergie ». Les premières sont choquantes car elles profitent indifféremment à tout le monde : les budgets publics financent ainsi le chauffage de maisons surdimensionnées ou l’usage intensif des SUV.


Sortir du marché de l’électricité maintenant !

par Anne Debregeas

L’énergie est un bien commun, essentiel et stratégique à court comme à long terme : la crise environnementale nous impose de revoir complètement nos modes de production et de consommation et d’organiser l’accès à une ressource de plus en plus rare. 

Dans cette mutation vers un monde décarboné, l’électricité est appelée à prendre une place croissante. Or le dogmatisme libéral européen, accompagné par les gouvernements successifs, a cassé depuis 20 ans le monopole public efficace d’EDF pour le remplacer par un marché dysfonctionnel qui tente d’imposer une concurrence totalement inadaptée à ce secteur.




2ème partie du DOSSIER ÉNERGIE

Que produire ? Comment ?

La construction du prix de marché de l’électricité

par Olivier Frachon

Les illustrations ci-dessous présentent la production d’électricité et le prix spot de l’électricité sur le marché français. On peut constater sur l’illustration de gauche que la production (toujours égale à la consommation) évolue en volume et en composition au cours du temps, en fonction de la consommation et des conditions de production. Chaque moyen de production possède des coûts de production et des fonctionnalités différents : l’électricité produite par l’éolien, le solaire, les barrages sur les fleuves est dite fatale ; si on ne l’utilise pas immédiatement elle est perdue. Les retenues hydrauliques, les centrales, nucléaires, à gaz ou au charbon peuvent être pilotées, c’est-à-dire que leur production peut être ajustée aux pointes et aux creux de la consommation, l’ordre de leur appel étant celui de leurs coûts de production respectifs.

Avec l’introduction de la concurrence un dispositif extrêmement complexe a été mis en place pour déterminer les prix d’achat et de vente de l’électricité, et finalement les prix faits aux consommateurs. Ce dispositif, la bourse de l’électricité, est un lieu où se confrontent producteurs, “grossistes” et commercialisateurs aux particuliers. Les 2 gros acteurs, Engie et EDF (95% de la production), relevant des 3 domaines. La plupart des opérateurs sont essentiellement des traders, leur seule activité résidant dans l’achat/vente d’électricité !


Pour une sobriété de la décarbonation

par Ange Valnet

 La situation d’urgence énergétique que nous traversons cette année s’apparente à un retour vers le futur car en effet dans un futur proche et  certain nous allons être confrontés à une pénurie des énergies fossiles sur lesquelles jusqu’à présent réside toute notre activité industrielle commerciale et alimentaire.

Face à cela la droite libérale n’a pas d’autres solutions que de faire baisser artificiellement le prix des énergies que ce soit au travers de subventions qui ne suffiront pas ou d’appels auprès des raffineurs exploiteurs de ces mêmes énergies à modérer leurs prix.

Le résultat de cette politique de bouche-trou à courte vue tape dur sur un budget qui n’a pas besoin de ça d’autant plus que le Président de la République se refuse obstinément à imposer les grandes richesses et taxer les supers profits.


La place faite au travail, condition de réussite

par Olivier Frachon

Parmi les obstacles rencontrés aujourd’hui dans les projets industriels, l’évolution de l’organisation du travail et des modes de management des salariés, sont à la fois essentiels et la plupart du temps sous-estimés. Et, en particulier en ce qui concerne le secteur de l’énergie, on peut donc s’interroger sur la capacité du secteur à conduire avec succès des projets industriels importants dans le cadre actuel des organisations (filialisation des structures, place de la sous-traitance, multiplication des prestataires,…). Alors que l’actualité nous montre l’urgence à planifier et engager les projets industriels indispensables à la transition et à l’alimentation énergétiques du pays. Différentes études[1] ont été menées pour tenter de trouver les raisons des retards rencontrés sur la mise en service de l’EPR de Flamanville. Un examen particulier  sur le management du projet EPR, à partir de ces études, offre un regard nouveau et particulier sur cet échec. L’expérience de l’EPR démontre que l’entreprise n’a pas su valoriser l’expérience collective qu’a constituée la construction du parc nucléaire historique.


Pour une transition énergétique, d’aujourd’hui à demain

par François Longérinas

Il va de soi, mais ça va mieux en l’écrivant, que les énergies sont des biens communs et ne devraient plus être source de profits à l’intention d’actionnaires.

C’est pourquoi, en parallèle de la mise en œuvre d’une sobriété partagée, un nouveau service public doit être à la manette de l’accès à l’électricité.
Celui-ci devra être pensé par une articulation d’intérêt général entre les acteurs citoyens de production d’électricité ancrés sur les territoires et un système de distribution garantissant l’égalité des territoires.

Les expérimentations citoyennes de l’économie sociale et solidaire permettent de tester concrètement la faisabilité d’un changement radical de la société, que ce soit dans le fonctionnement (démocratique) ou la finalité d’intérêt général de l’activité. Celle d’Enercoop, société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), est à l’évidence l’aventure dont on peut tirer la meilleure expérience d’une alternative concrète face à l’urgence environnementale et sociale. 


Quels acteurs industriels pour réaliser la planification ?

par Olivier Frachon

L’électrification d’une partie des usages de l’énergie est l’une des conditions de la transition énergétique et de la décarbonation de l’économie. Or l’électricité est un système industriel complexe, s’appuyant sur une industrie élaborée et nécessitant des organisations importantes, incluant le développement et l’exploitation des réseaux, l’ingénierie nécessaire à la construction et à l’exploitation des moyens de production, à la maille du pays.


Fuite en avant ou transition sociétale ?

par Alain Lacombe et Pierre Zarka

En annonçant la fin de la soit-disant abondance, Emmanuel Macron a en quelque sorte officialisé la crise globale de la société qui semble dériver tel un bateau ivre tellement il semble que personne ne maîtrise rien et surtout pas le marché.

Pourquoi «  fuite en avant » ? Les multinationales s’éloignent du travail qu’elles jugent « trop coûteux » et réserve de colères populaires ; de plus en plus de femmes et d’hommes refusent les conditions d’exploitation ; certain·es se suicident… Le système cherche à se concentrer sur l’énergie, à la fois pour des raisons de rendement des capitaux  et de domination sur le monde.



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