Invasion violente du centre d’entraînement de l’OM, limogeage de l’entraîneur, rumeurs de cession du club, stade mis en vente par le maire,…. La situation de crise délétère de l’Olympique de Marseille est révélatrice des ornières où s’enlise le foot professionnel. Et par conséquence où se délitent les clubs amateurs.
La colère de centaines de supporters, à la « gilets jaunes », a certes pour cause des résultats sportifs forts inégaux, décevants, mais plonge essentiellement ses racines dans une série de ruptures qui ont abîmé le tissage ancien qui fait rhizome entre le club de foot et Marseille, sa ville, sa région, ses humeurs. L’OM n’est pas seulement un club sportif, c’est toute une série de relations qui irriguent la région, suscitent rencontres et apéritifs, nourrissent des liens au village, au quartier, sur le port ou au Panier. Au-delà du pénalty c’est l’honneur d’un pays marseillais qui s’affirme.
La marchandisation du sport, la financiarisation des clubs, la course à l’échalote sur les droits télé qui ressemblent fort à un effet de cavalerie comptable, préemptent l’avenir des clubs et – stades vides aidants- éteignent le spectacle et ses buvettes.
Les scandaleuses rémunérations des stars du ballon rond cachent mal une économie aux pieds d’argile, de plus en plus déconnectée de l’économie locale. Des clubs, tout aussi populaires et ancrés dans leur territoire, comme Nantes, le RC Lens, Metz ou l’AS Saint-Etienne subissent de similaires désintégrations.
La perspective d’un super championnat européen, que ses supporters justifient par plus et mieux de spectacle… ne ferait qu’aggraver ces dissociations. La violence resterait la dernière manière d’exprimer des rancœurs que les ruptures de lien social et la crise économique et sociale cristallisent.
Et le petit match du samedi, l’entraînement du mercredi dans le club amateur du coin, cela fait de longs mois que nos minots en sont privés. Le ruissellement des magnats du foot se moque bien du « petit peuple ».
Patrick Vassallo
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