Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


Un monde sans contact ?

« Est-ce un monde qui nait ou l’avenir qui meurt ? »

Aragon

Plus de quatre milliards d’individus sont confinés depuis plus de deux mois. L’économie mondiale tourne au ralenti.  Des centaines de milliers de voix disent qu’il faut tirer les leçons de ce qui nous arrive mettant clairement en cause le néolibéralisme. Le confinement généralisé a, et aura des conséquences sur nos modes de vie, nos relations, nos amours, nos désirs, notre travail, nos déplacements. Une des conséquences immédiate aura été la quasi généralisation du télétravail pour stopper les déplacements pour une multitude de secteurs du tertiaire. Les autres salariés qui ne pouvaient pas travailler ont subi le chômage partiel voire le licenciement. Les avis sont très partagés concernant le télétravail. Nous n’entrerons pas dans un débat sans fin pour ou contre. Disons-le tout net, nous considérons que ce sont aux travailleurs de décider comment produire et que dans certains cas, une part de télétravail peut être un avantage pour les travailleurs et pour l’économie. Cependant, nous devons réfléchir aux conséquences anthropologiques et économiques de la digitalisation du travail. Le télétravail supprime les barrières entre vie privée et vie professionnelle et c’est flagrant pour les enseignants. D’après plusieurs études il accroit l’intensité du travail, il questionne la santé physique et mentale des travailleurs qui y sont soumis et il soumet les personnes concernées à l’isolement social. Une étude a montré que depuis les ordonnances Macron, quand il était ministre des finances,  65% des salariés en télétravail souffrent de cet isolement. Cela signifie qu’il faut encadrer très sévèrement ces dispositifs. Autre question : Est-ce que le logement permet le télétravail ? Le télétravail ne permet-il pas de mieux contrôler les travailleurs, d’accroître la productivité ? La digitalisation est un outil redoutable de contrôle des individus et d’asservissement. N’est-on pas en train de créer un imaginaire dystopique digne du roman de Georges Orwell « 1984 » ? La digitalisation du travail s’est développée bien avant la pandémie avec la création d’un capitalisme de plateformes comme Uber, Airbnb ou E booking. La digitalisation du travail et du commerce construit une société déshumanisée où ce qui compte c’est vendre et contrôler sans se soucier ni du bien-être du travailleur, ni de l’intérêt du consommateur. « Ne laissons pas s’installer un monde sans contact » comme le proclamait récemment la revue Terrestre. Cette pandémie a violemment montré l’utilité ou l’inutilité de certains emplois et nous a amené à nous interroger individuellement et collectivement sur le sens de notre vie, notre rapport aux autres, notre rapport à la culture mais aussi le sens de notre travail et donc son utilité sociale et ses conséquences sur l’activité économique et sur notre environnement. Travailler au jour d’après c’est penser la fin du capitalisme. Son obsolescence est à l’œuvre. Alors maintenant que le train repart doucement faisons en sorte qu’il n’aille pas s’écraser contre un mur. Soyons des millions à rêver et à construire le monde d’après.

Daniel Rome

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