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Les listes citoyennes qui émergent partout en France sont-elles le syndrome d’une repolitisation du local dans l’impasse écologique, sociale et démocratique dans laquelle nous a laissé l’ultralibéralisme conjugué des Etats et de la sphère internationale ?
Elles seraient plus de 500 selon le CEVIPOF. Le site Action commune qui accompagne les listes participatives en recense près de 342 dans tout le territoire, sur la base d’une auto-évaluation des listes proposée par La Belle Démocratie. Charte éthique, intelligence collective pour établir les programmes, désignation des candidats de façon collective et transparente, autonomie vis-à-vis des partis politiques… mais bien au delà d’une vision uniquement formaliste, ou de l’apanage des partis en panne de prestige qui se sont saisis de l’appellation liste citoyenne, il y a autant de listes citoyennes qu’il y a de territoires.
Ces derniers temps, on voit s’esquisser en France une différence d’approche entre les communalistes, de tendance anarchiste, représentés par le mouvement des Assemblées des assemblées et la Commune des communes de Commercy, et les citoyennistes, ainsi appelés par les premiers. La perspective communaliste décrite par l’écologiste social Murray Bookchin, vise à l’autogouvernement local, à partir d’assemblées populaires en démocratie directe, qui se confédèrent ensuite pour destituer l’Etat – nation. A cette fin, les élections municipales sont une modalité pour destituer le pouvoir et le restituer aux assemblées, en transformant l’institution, pour mettre en place un programme de relocalisation de l’économie basée sur l’écologie sociale. Les communalistes pensent qu’il ne faut pas coopérer avec les partis politiques ou les professionnels de la politique.
D’un autre côté, celles et ceux qualifiés de citoyennistes, auraient tendance à s’accommoder plus du jeu institutionnel et des partis, invités à les soutenir à partir des priorités fixées par les citoyens en assemblée, pour mettre en oeuvre ensuite des mesures de démocratie directe et une autre façon de faire de la politique.
Au delà des débats entre réforme et révolution, les listes citoyennes agitent les pratiques et les stratégies politiques, dans un contexte de crise de la démocratie mais aussi de l’intermédiation.
Le mouvement des gilets jaunes, puis celui des marches pour le climat ou encore du mouvement de grève ont créé un nouvel espace public de contestation pour les mouvements sociaux, donnant lieu à des confluences locales.
Souvent, les listes citoyennes émergent de collectifs qui refusent la corruption des édiles locaux et leur accointance avec les intérêts privés dans la gestion de la ville. Les listes naissent en réaction à des grands projets inutiles, comme l’implantation de grandes surfaces, les projets de rénovation urbaine ou l’implantation d’une activité qui va encore grignoter des zones naturelles avec des promesses d’emplois précaires. C’est ainsi le cas à Roanne, dans la Loire où le collectif 88% s’est constitué en 2017 pour dénoncer le vote en conseil d’agglomération de l’augmentation de 88% de l’indemnité du maire LR, Yves Nicolin.
Ces listes se distinguent par la participation de personnes n’ayant encore jamais exercé de mandat électif. Elles sont souvent constituées de jeunes militant.e.s précarisé.e.s et de figures plus anciennes qui y trouvent une régénerescence politique. Elles sont souvent soutenues par les partis comme EELV, la FI ou le PC, mais sur la base d’une charte pré-établie, pour ne pas se laisser fagocyter par les logiques d’appareil et refaire de l’espace politique, un espace de décision où chaque personne a une voie.
A Amiens, le collectif «Pas sans les Amiénois» a décidé de ne pas conforter les divisions de la gauche et de pouvoir constituer une assemblée citoyenne de vigilance permanente.
Elles portent l’espoir d’une auto-légitimation collective à agir, face à la dépossession du pouvoir. Elles sont sans doute aussi le syndrome de ce qu’un appel lancé le 27 février sur le site Reporterre, nomme “la politique de la rencontre”, désignée comme une “alternative aux précarités du monde”.
Les élections municipales permettront de voir si ces listes sauront mobiliser un électorat populaire abstentionniste à 30%. Pour celles qui passeront le premier tour dans un système électoral qui favorise le fait majoritaire, choisiront-elles de s’accointer avec les partis pour composer des majorités où comme on l’a tant vu, les professionnels de la politique reprendront le dessus ? Et en cas de victoire, l’institution communale peut-elle sortir de la logique gestionnaire pour permettre d’expérimenter concrètement des transformations sociales ?
Magali Fricaudet
A l’Ile St Denis (93450) une liste conduite par une femme et regroupant des gens très différents se regroupe sur une base que d’aucuns dirait “citoyenne” ce qu st de toutes façon, un pléonasme. Cette liste est confrontée à 3 autres (tête de liste mâle se présentant SEUL colistier(e)s relégués en bas de l’affiche officielle, alors que l’affiche de cette liste affirmée féministe, présente les 6 premiers , faute de place et d’argent, sur une petite affiche. Des Symbolique(s) forte(s)